S’agit-il d’une stratégie électorale mûrement réfléchie ou de propos lâchés lors de divagations au prompteur ? Ces derniers jours, Donald Trump multiplie les vulgarités impensables pour des millions d’Américains.
Le milliardaire populiste n’a jamais été timide, surtout en privé, mais cette succession de vulgarités prononcées en public, en pleine campagne pour la Maison Blanche, surprend ou consterne.
Samedi soir, il était présent à une réunion à Latrobe, en Pennsylvanie. Son avion arborant « TRUMP » en lettres dorées géantes stationné sur le tarmac de l’aéroport régional où étaient rassemblés des milliers de ses partisans.
Le républicain de 78 ans a ouvert son discours par une surprenante digression sur la star locale Arnold Palmer (1929-2016), légende du golf américain, expliquant à quel point les autres golfeurs professionnels étaient impressionnés par les parties génitales du champion.
« Quand il prenait une douche avec les autres pros, ils disaient : ‘Oh mon Dieu, c’est incroyable' », a déclaré M. Trump.
« Il fallait que je le mentionne », a ajouté le candidat, qui s’est exprimé devant un public composé en grande partie de membres de la classe ouvrière blanche, qui constitue sa base électorale.
Lors de ce même meeting, le républicain a adressé une salve d’insultes à sa rivale démocrate, Kamala Harris.
« Tu es un vice-président merdique, le pire, tu es viré, sors d’ici », a-t-il dit.
Sous la ceinture
Dans un podcast diffusé la veille, Donald Trump confiait son étonnement que l’ancien magnat d’Hollywood Harvey Weinstein, reconnu coupable et incarcéré pour viol et agression sexuelle, ait été « foutu ».
Il a utilisé le mot « schlonged », un terme obscène désignant le pénis, qui a stupéfié les observateurs.
Kamala Harris est une « ratée qui a moins d’énergie qu’un lapin », avait-il aussi déclaré la semaine dernière.
Et, avant même, il avait qualifié le vice-président des États-Unis de « fou », de « bâclé », voire de « vraie racaille ».
Pour exploiter le filon de la bassesse, l’ancien magnat des affaires utilise plusieurs tactiques : il publie parfois des messages choquants ou racistes sur son réseau social.
Il fait de même lors des réunions, faisant écho aux insultes lancées contre le public. Ou bien il prétend de toute façon ne pas cautionner les offenses prononcées par les personnes qu’il cite.
À plusieurs reprises, il a clairement laissé entendre que Kamala Harris avait bénéficié d’un essor de carrière grâce à sa relation intime de l’époque avec l’ancien maire de San Francisco, Willie Brown.
Il a même republié une vidéo suggérant que la démocrate avait passé une partie de sa vie à genoux, à pratiquer du sexe oral.
« Gros cochon de mari »
Donald Trump n’a jamais hésité à utiliser un langage inapproprié. Dans une vieille vidéo, exhumée un mois avant l’élection présidentielle de 2016, il se vantait d’utiliser sa célébrité pour « attraper (les femmes) par la chatte ».
Et il a toujours aimé donner à ses adversaires des surnoms dégradants, de « Hillary-the-Scum » pour Hillary Clinton à « Horse Face » pour Stormy Daniels, l’ex-actrice pornographique à l’origine de sa condamnation pénale à New York, en passant par le mot « racaille » adressé à l’ancien patron du FBI, James Comey.
Mais Donald Trump s’est généralement abstenu d’utiliser un langage dur en tant que président ou même candidat. Cette modération semble terminée, illustrant peut-être sa nervosité dans une course ultra serrée.
Voici la demande qu’il a faite vendredi aux militants venus l’écouter à Détroit : « Dis à ton gros cochon de mari de se lever du canapé et d’aller voter pour Trump. »
Dans l’entourage du républicain, certains craignent qu’avec ces nouveaux excès, il s’aliène les électeurs les plus modérés du parti, alors que chaque voix comptera pour l’élection présidentielle du 5 novembre.
Kamala Harris l’a bien compris. Ce lundi, elle est rejointe sur sa plateforme de campagne par la républicaine Liz Cheney, figure de la droite anti-Trump.
Cette femme, devenue la bête noire du septuagénaire, a récemment appelé les électeurs à rejeter « la cruauté dépravée » de Donald Trump.
Liz Cheney est « bête comme un balai », a répondu l’ancien président lundi sur son réseau social.
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