trois usines fermées, des dizaines de milliers d’emplois supprimés et des salaires baissés – Libération
Volkswagen change complètement. Le géant européen de l’automobile a dévoilé, ce lundi 28 octobre, les mesures drastiques de son plan social, abrogeant de fait l’accord de garantie de l’emploi en vigueur depuis trente ans (et valable jusqu’en 2029) pour les salariés allemands. La rumeur circulait depuis plusieurs semaines, elle est désormais admise : pour la première fois de son histoire, la marque allemande va fermer des usines – « au moins trois » pour l’instant – dans son pays d’origine. Le comité d’entreprise du constructeur, qui dénonce un plan social « historique » visant à faire « égorger » Les sites du constructeur ont également annoncé que la direction envisageait la suppression de dizaines de milliers d’emplois en Allemagne.
Gel des salaires
Dans son ambition de réaliser 4 milliards d’euros d’économies, Volkswagen ne s’arrête pas là. Le plan prévoit la réduction de tous les salaires de 10% et leur gel en 2025 et 2026, est-il indiqué dans un communiqué. La direction parle également de transferts à l’étranger de nombreuses activités et départements du groupe, actuellement basés en Allemagne. La présidente du comité d’entreprise, Daniela Cavallo, a également révélé aux salariés que le conseil d’administration envisageait de « réduire toutes les usines restantes », c’est-à-dire réduire la quantité de véhicules produits, la taille des équipes, etc. Des chaînes de montage entières sont menacées. « Aucun n’est en sécurité » proclame-t-elle.
Malgré un bénéfice net de 17,9 milliards d’euros en 2023, en hausse grâce à un rebond des ventes de voitures, le groupe avait justifié ce plan social par la chute des achats depuis la pandémie de Covid-19, et la concurrence chinoise sur le marché de l’automobile électrique. Mais ce sont surtout les coûts salariaux élevés, supérieurs à la moyenne du secteur, qui gênent le constructeur.
D’autres mesures sont évoquées dans la presse allemande : le quotidien économique Journal du Handelsblatt évoque une réduction des primes réservées aux plus hauts salaires et une autre sur les primes liées à l’ancienneté. Selon le journal, la direction de Volkswagen espère réaliser des économies de 4 milliards d’euros à l’issue de son plan. Mais les salariés ne comptent pas se laisser faire : leurs représentants, qui ont le pouvoir de décision sur la stratégie du groupe, vont entamer les négociations. « La prochaine réunion pour discuter des salaires est fixée à mercredi et c’est un fait que Volkswagen se trouve à un moment charnière de son histoire, la situation est grave et la responsabilité des partenaires sociaux est énorme », a-t-il ajouté. assure un porte-parole des salariés.
« Chômage de masse »
A Berlin, le chancelier Olaf Scholz, par l’intermédiaire d’un de ses porte-parole, a mis en garde contre une vague de licenciements. Le gouvernement veut attendre que la direction de Volkswagen se décide mais «la position de la chancelière est claire, à savoir que les salariés ne doivent pas subir l’impact d’éventuelles mauvaises décisions prises par la direction (de Volkswagen) dans le passé et que la priorité doit désormais être de préserver l’emploi», » a déclaré Wolfgang Büchner. Les projets de Volkswagen interviennent alors que l’économie allemande est en proie à une récession et à une hausse du chômage, contribuant à la forte impopularité du gouvernement.
Daniela Cavallo a tenu à prévenir la direction : « Ne plaisantez pas avec nous, (…) vous êtes tout près de grimper !. Elle s’est également indignée du « ferme intention » de Volkswagen pour provoquer une « chômage de masse » au sein de la marque qui emploie 120 000 salariés en Allemagne.
« Si (Volkswagen) confirme mercredi sa trajectoire dystopique, le conseil d’administration devra s’attendre à des conséquences », a également prévenu le puissant syndicat allemand IG Metall, qui plaide de son côté pour une augmentation des salaires de 7% sur un an et une meilleure rémunération des apprentis, des revendications qui restent très éloignées des vues de la direction. Les grèves seront possibles après la période de dialogue social obligatoire, soit à partir de décembre.