Trois nouvelles plaintes pour viol et tentative de viol visent le réalisateur Jacques Doillon
Au départ des grandes affaires de violences sexuelles, il y a souvent une victime qui ouvre la voie. Une première plaignante, dont la prise de risque judiciaire et médiatique rassure les autres femmes et leur permet de dire : » Moi aussi. » L’actrice Judith Godrèche, en déposant plainte contre Jacques Doillon le 6 février, a non seulement déclenché l’ouverture d’une enquête préliminaire à la brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire parisienne, mais a également permis l’émergence de nombreux témoignages, qui Le monde recueillies au cours des derniers mois. Trois d’entre elles ont donné lieu à des plaintes, qui ont conduit à la garde à vue du directeur pendant quarante-huit heures, laquelle a été levée « des raisons médicales » le soir du mardi 2 juillet, puis la transmission de la procédure au parquet de Paris, « cette journée pour évaluer la portée et les modalités des suites à donner »a annoncé mercredi une source judiciaire.
Les récits des victimes, couvrant des événements s’étalant des années 1980 à 2012, présentent des récurrences significatives. Ils proviennent de femmes qui ont croisé le chemin du cinéaste alors qu’elles étaient jeunes et aspiraient à entrer dans le monde du cinéma. De leurs histoires personnelles, disent-elles, cet homme d’autorité et de prestige a nourri ses projets artistiques et, de leurs corps, il a fait son territoire.
Contacté par Le mondeL’avocate de Jacques Doillon, Marie Dosé, n’a pas souhaité faire de commentaire : « Au vu des questions que vous me posez, je constate que je suis moins bien informé que vous sur les éléments de cette enquête après quarante-huit heures de garde à vue. Je ne peux donc décemment vous répondre. » Le réalisateur de 80 ans, qui a réalisé une trentaine de films, a remporté plusieurs César pour deux de ses longs métrages, La fille drôle (1979) et Le petit criminel (1990). « Je n’ai jamais promis un rôle à personne ni profité de ma position de réalisateur pour obtenir des faveurs sexuelles.il avait répondu en Le Parisien10 avril. Si j’étais l’homme horrible que Judith Godrèche dit que je suis, son appel à témoins aurait dû générer beaucoup plus de témoignages.
Joe Rohanne, qui a été en couple avec la cinéaste de quarante-trois ans son aînée pendant trois ans et a eu une fille avec lui, est la seule plainte qui ne semble pas couverte par la prescription. Au moment des faits, Joe, qui revendique trois viols, des coups et blessures et des violences psychologiques, portait un autre nom. Cette personne, une personne trans non binaire socialisée à l’époque comme une jeune femme, a demandé que son histoire soit racontée en écriture inclusive dans cet article, en utilisant pour elle le pronom « iel ».
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