Trois mois après le début de la crise, quel suivi pour les patients dialysés en Nouvelle-Calédonie ?
Les temps et rythmes de dialyse rétablis. Trois mois après le début de la crise sur le territoire, l’association de prévention et de traitement de l’insuffisance rénale (ATIR) a repris ses activités, malgré la perte de la moitié de son personnel médical. Si les routes sont désormais plus praticables, une préoccupation persiste : le manque de personnel.
C’est l’un des sujets évoqués dès les premiers jours d’émeutes sur le territoire : la prise en charge des patients, notamment ceux sous dialyse. Routes bloquées, routes impraticables… Les trois centres de dialyse du Grand Nouméa ont dû fermer leurs portes un temps.
Le centre de dialyse de Dumbéa-sur-mer a été pillé. Une vingtaine de machines de dialyse sur trente-six ont été détruites. Elles ont depuis été réparées.
L’activité a pu reprendre au fil du temps. «Nous avons pu revenir à des horaires et des rythmes de dialyse normaux. Nos infirmières peuvent à nouveau travailler douze heures par jour, ce qui signifie que les choses vont mieux. Nous pouvons nous déplacer librement presque partout dans le pays. Cela nous permet d’approvisionner toutes les unités et tous les patients à domicile.« , explique Nicolas Darsaut, directeur de l’association pour la prévention et le traitement de l’insuffisance rénale (ATIR).
Ses membres prennent en charge 420 patients dialysés dans douze unités, réparties sur tout le territoire. Et si l’activité a repris presque normalement, des difficultés persistent.Notamment à certains endroits comme l’unité Thio, qui n’est pas accessible. Il faudrait réapprovisionner cette unité en matériel de dialyse et ce sont des volumes importants, mais les camions ne passent pas« , poursuit Nicolas Darsaut. Une présence permanente est assurée sur place, mais aucun patient ne peut être accueilli dans cette unité.
Autre difficulté : la perte de personnel. On est passé de six médecins avant la crise à trois.Nous avons perdu la moitié de notre personnel médical, donc il y a des choses que nous ne pouvons plus faire ou que nous faisons différemment. Nous avions l’habitude d’envoyer des médecins faire des consultations sur tout le territoire et les îles, pour assurer le suivi des patients non dialysés, qui ont des maladies rénales. Mais nous ne nous déplaçons plus, nous n’avons pas les moyens. Cela représente des centaines de personnes. Mais nous n’avons plus le temps médical pour le fairee”, révèle le directeur de l’ATIR.
« Des points de focalisation sont lancés, en lien avec les néphrologues du CHT, pour trouver des solutions afin que ces patients puissent continuer à être suivis, comme ils l’étaient auparavant. Les membres de l’association sont également en contact avec les médecins des Centres Médicaux Sociaux, afin qu’ils puissent servir de relais sur le terrain.Ce que nous craignons actuellement, c’est le manque de personnel soignant. Pour l’instant, nous avons du personnel soignant qui nous permet de fonctionner normalement dans la prise en charge des patients, mais demain et dans les prochaines semaines, les prochains mois, nous n’avons aucune visibilité sur cette capacité.», regrette le président de l’ATIR.
Une crainte partagée au sein du centre hospitalier territorial Gaston-Bourret, qui a déjà perdu un quart de son personnel.