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trois modèles de Boeing visés par des enquêtes du régulateur de l’aviation

Des employés de Boeing assemblent des 787 à North Charleston, en Caroline du Sud, aux États-Unis, le 30 mai 2023.

Ce sont désormais trois des quatre modèles d’avions commerciaux fabriqués par le groupe américain Boeing qui sont officiellement visés par une enquête de l’Agence américaine de régulation de l’aviation civile (FAA).

Le régulateur, qui a pris des mesures restrictives à l’encontre du constructeur pour remédier à des problèmes de « non-conformité » repéré sur la famille 737, supervise également le 787 Dreamliner et le 777, dont l’intégrité structurelle a été remise en question par Sam Salehpour, ingénieur qualité chez l’avionneur. Ces révélations interviennent au moment où le groupe traverse de fortes turbulences en raison d’une succession de problèmes de production et d’exploitation de ses avions depuis plus d’un an.

Une audience est prévue au Sénat américain le 17 avril, intitulée « Examen de la culture de sécurité brisée de Boeing : témoignages oculaires ». Cela impliquera de s’attaquer aux «des échecs de production alarmants et dangereux» rapporté par le lanceur d’alerte appelé à témoigner, ont indiqué les sénateurs démocrate Richard Blumenthal et républicain Ron Johnson dans un communiqué commun.

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« Raccourcis » dans le processus d’assemblage

Sam Salehpour, qui travaille chez Boeing depuis plus de dix ans, a accusé l’avionneur « d’avoir ignoré à plusieurs reprises de sérieuses préoccupations concernant la sécurité et le contrôle de la qualité dans la construction des 787 et 777 »selon une lettre datée du 17 janvier, adressée par ses avocats au patron de la FAA, Mike Whitaker.

« Notre client a identifié des domaines importants de préoccupation en matière de sécurité et a fait tout son possible pour attirer l’attention des responsables de Boeing »développent les avocates Debra Katz et Lisa Banks, dans cette lettre rendue publique après une information publiée mardi 9 avril par le New York Times.

« Nous étudions minutieusement tous les rapports »a déclaré la FAA, sans commenter spécifiquement cette affaire, dans un communiqué envoyé à l’Agence France-Presse.

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Dans son alerte lancée au régulateur, Sam Salehpour explique avoir observé « raccourcis » dans le processus d’assemblage du Dreamliner qui a notamment provoqué un « déformation des matériaux composites (…), qui peut altérer les performances à l’usure à long terme ». Selon lui, plus d’un millier de Dreamliners en service pourraient présenter ce problème situé à « deux carrefours importants ». Selon New York Timescet ingénieur prétend que des sections du Dreamliner « sont mal attachés ensemble et pourraient se dissocier les uns des autres en plein vol après avoir effectué des milliers de vols ».

Concernant le 777, il affirme que « nouvelles procédures de montage » mis en œuvre sans poursuivre « la nécessaire refonte des pièces concernées a conduit à un mauvais alignement des pièces ». Selon lui, « Les ingénieurs de Boeing ont été contraints de fermer les yeux » alors que ce « constitue également un risque sérieux pour la sécurité ».

Boeing rejette les accusations

Boeing a rejeté les accusations, affirmant « toute confiance dans le 787 Dreamliner ». « Ces affirmations sur l’intégrité structurelle du 787 sont infondées et ne représentent pas le travail approfondi effectué par Boeing pour garantir la qualité et la sécurité à long terme de l’avion. »a-t-il déclaré dans un communiqué.

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« Les problèmes signalés ont fait l’objet d’un examen technique rigoureux sous la supervision de la FAA »» a poursuivi le groupe, en assurant qu’ils ne présentaient pas « aucun souci de sécurité et (que) l’avion sera opérationnel pendant plusieurs décennies ». Les livraisons du 787 Dreamliner ont été suspendues pendant près de deux ans, en 2021-2022, en raison de problèmes opérationnels.

Boeing a assuré mardi que le 787 était conçu pour 44.000 cycles de pressurisation – le plus exigeant pour le fuselage -, soit 44.000 vols, mais ayant été testé jusqu’à 165.000 cycles. « sans signes de fatigue ». Le plus ancien, entré en service en 2012, compte actuellement environ 16.500 vols, a indiqué Boeing.

Le constructeur maintient également sa confiance « dans la sécurité et la durabilité de la famille 777 »et affirme que les accusations concernant ce modèle sont « inexacte ».

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Forte baisse des livraisons

L’avionneur est sous surveillance depuis un incident, le 5 janvier, sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines, livré en octobre, dont une trappe s’est détachée en vol. L’accumulation d’incidents a eu raison du patron Dave Calhoun, qui partira fin 2024, et de certains dirigeants du groupe. M. Calhoun a été nommé pour redresser Boeing après le crash de deux 737 MAX 8, en raison de défauts de conception, en 2018 et 2019, qui a fait 346 morts.

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Mardi, un Boeing 737 MAX 8 d’Air Canada volant de Mexico à Vancouver, au Canada, a atterri dans l’Idaho, aux États-Unis, par mesure de précaution après l’allumage d’un voyant d’avertissement. L’avertissement a été identifié comme étant un indicateur de soute défectueux, a indiqué la compagnie aérienne canadienne, sans donner plus de détails.

Dimanche, un Boeing 737-800 a été contraint de faire demi-tour aux Etats-Unis après la chute d’un capot moteur au décollage. Cet incident est survenu après celui vécu jeudi par un autre Boeing 737 de Southwest Airlines, qui a dû annuler son décollage. après l’équipage (avait) problèmes de moteur signalés »a déclaré la FAA dans un communiqué de presse.

Par ailleurs, les livraisons de l’avionneur ont marqué un net recul au premier trimestre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente, le constructeur américain ayant ralenti ses cadences de production en raison de problèmes de production. Sur les trois premiers mois de l’année, Boeing a restitué 83 avions à leurs propriétaires – dont 66 exemplaires du 737 MAX -, contre 130 un an plus tôt, selon des données publiées mardi.

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Le Monde avec AP et AFP

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Ray Richard

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