Paradoxe du sondage Odoxa-Backbone pour « Le Figaro », les partisans de Macron sont les moins hostiles à une hausse des impôts alors que le camp du président en a fait une ligne rouge.
Dire que les hausses d’impôts sont impopulaires serait un euphémisme. Pourtant, cette avenue est envisagée par Michel Barnier, qui cherche désespérément à faire des économies et à générer des recettes supplémentaires face à une situation budgétaire qu’il juge « très grave » ce mercredi. Avec un déficit public estimé à 5,6% du PIB pour l’année 2024, plusieurs sources évoquent désormais les hypothèses d’une surtaxe sur l’impôt sur les sociétés et d’une contribution accrue des ménages les plus aisés. Face à l’inquiétude suscitée par cette perspective, le Premier ministre a assuré jeudi qu’il ne ferait pas de « taxe sur les sociétés »hausse des impôts pour les classes moyennes« , selon Gabriel Attal qui a rendu compte de sa rencontre avec Michel Barnier à ses collègues députés macronistes.
Une majorité de Français (55%) considère déjà que les impôts qu’ils paient sont excessifs, selon un sondage Odoxa-Backbone pour Le FigaroUn ras-le-bol fiscal moins marqué qu’en 2015 (71%) mais particulièrement élevé chez les sympathisants du Rassemblement national (73%). Le parti à la flamme n’a pas manqué d’exprimer sa ferme opposition à une hausse des impôts, Marine Le Pen allant jusqu’à évoquer le vote d’une motion de censure si « les intérêts supérieurs du peuple sont bafoués « , dans une interview avec parisienUne menace sérieuse pour le futur gouvernement, le RN disposant d’un grand pouvoir de nuisance avec ses 126 députés.
Avec 71 % d’opinion opposée à une hausse d’impôts, Michel Barnier risquerait de dégringoler rapidement dans le classement des personnalités politiques préférées des Français, dont il est récemment arrivé en tête, s’il rouvrait le dossier fiscal. La levée de boucliers est presque aussi forte chez les électeurs du RN (80 %) que chez ceux de La France Insoumise (78 %). Pourtant, le mouvement mélenchoniste plaide, avec le reste de la gauche, pour une hausse d’impôts de 140 milliards d’euros d’ici 2027. Lors de la dernière campagne législative, le Nouveau Front populaire a ainsi défendu un impôt sur le revenu plus progressif, avec un barème de 14 tranches, le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), mais aussi l’instauration d’un impôt sur les superprofits et d’une taxation plus élevée des bénéfices des multinationales.
Le rejet d’une hausse d’impôts reste plus modéré chez les sympathisants du Parti socialiste (PS) et des écologistes, où la proportion tombe respectivement à 65 % et 64 %. Étonnamment, seuls 51 % des sympathisants de Renaissance s’opposent à une telle hausse. Le camp présidentiel a pourtant fait des baisses d’impôts son cheval de bataille depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Ultra-sensible, le sujet a d’ailleurs provoqué une première crise mardi entre les macronistes et Michel Barnier, Gabriel Attal ayant demandé une réunion urgente à Matignon. De son côté, Gérald Darmanin a estimé qu’il était « hors de question » retourner ou soutenir « un gouvernement qui augmente les impôts « .
Si les Français rejettent en bloc l’idée d’augmenter les impôts pour l’ensemble de la population (84%), ils sont très favorables à une baisse du niveau de vie de l’Etat (91%) et à une augmentation des impôts pour les plus riches (78%). La réduction des prestations sociales (54%) et du nombre de fonctionnaires (50%) est moins populaire, tout comme l’augmentation des impôts pour les entreprises (47%). Cependant, 60% des Français estiment que Michel Barnier ne suivra pas leurs recommandations en augmentant les impôts pour l’ensemble de la population. Presque autant ne lui font pas confiance pour réduire la dette et le déficit public (64%).
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