La Chine a envoyé mercredi un nouveau trio d’astronautes, dont la troisième femme chinoise dans l’espace, à sa station Tiangong (« Palais céleste »), une mission Shenzhou-19 destinée notamment à préparer l’envoi d’une équipe sur la Lune. L’objectif majeur du géant asiatique est de poser un équipage sur l’étoile lunaire d’ici 2030, puis d’y achever la construction d’une base internationale de recherche scientifique vers 2035. Le vaisseau spatial a été propulsé à 4h27 heure locale (20h27). GMT mardi) par une fusée Longue-Marche 2F, depuis le centre de lancement de satellites de Jiuquan (nord-ouest de la Chine), selon l’agence de presse officielle Xinhua. images de la télévision d’État Vidéosurveillance. Il s’est élevé dans le ciel nocturne, dégageant une lumière intense, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Selon l’agence chinoise des vols spatiaux habités (CMSA), citée par Xinhua, le lancement était un « succès total ». L’équipage est dirigé par Cai Xuzhe, 48 ans. Il est accompagné de Song Lingdong, un ancien pilote de l’armée de l’air de 34 ans qui n’est jamais allé dans l’espace. Ils feront équipe avec Wang Haoze, 34 ans. Seule ingénieure chinoise en vol spatial, elle est devenue mercredi la troisième femme chinoise à aller dans l’espace après Liu Yang (2012) et Wang Yaping (2013). « Comme tout le monde, je rêve d’aller jeter un oeil à la station spatiale »a déclaré Mme Wang lors d’une rencontre avec la presse mardi. « Je veux accomplir méticuleusement chaque tâche et protéger notre maison dans l’espace ». Leur navire doit accoster de jour à la station Tiangong, où ils seront accueillis par les trois astronautes de la précédente mission, Shenzhou-18, en orbite depuis avril et qui reviendront sur Terre le 4 novembre.
Objectifs de Shenzhou-19 «pour accumuler une expérience supplémentaire, ce qui est très précieux» pour tout pays doté d’un programme spatial, explique à l’AFP Jonathan McDowell, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, aux Etats-Unis. Savoir gérer les vols habités « sur une longue période » Et « exploiter la station » est crucial, a déclaré à l’AFP Chen Lan, spécialiste du programme spatial chinois. Parce que « La Chine travaille dur pour envoyer des hommes sur la Lune »LE « principal défi » de ses missions habitées à moyen terme, souligne-t-il. La Chine effectue des rotations régulières des équipages à Tiangong, environ tous les six mois. Objectif ? Mener des recherches scientifiques, effectuer la maintenance et assurer l’occupation permanente de la station.
Le fruit de milliards d’euros d’investissement
Les astronautes de Shenzhou-19 resteront en orbite jusqu’à fin avril ou début mai. Ils réaliseront 86 expériences, notamment dans les sciences de la vie, la science des matériaux, la physique fondamentale, la microgravité ou la médecine, a indiqué l’agence spatiale chargée des vols habités. Le trio sera notamment livré via le cargo Tianzhou-8, qui accostera à la station en novembre, des briques fabriquées à partir de composants imitant le sol lunaire, a indiqué CCTV. Ces briques seront testées dans l’espace, afin d’évaluer leur résistance aux conditions extrêmes (radiation, gravité, température…) et de déterminer si le sol lunaire peut constituer ou non un matériau adapté à la construction d’habitats sur la Lune. En raison du coût élevé du transport spatial, les scientifiques chinois espèrent utiliser en priorité ce sol lunaire pour la construction de la future station sur la Lune, a rapporté CCTV.
Tiangong est de taille similaire à l’ancienne station russo-soviétique Mir, mais beaucoup plus petite que la Station spatiale internationale (ISS). Il est également connu sous le nom de CSS (pour «Station spatiale chinoise» En anglais). La Chine a été en partie poussée à construire son propre laboratoire orbital par le refus des États-Unis de l’autoriser à participer à l’ISS. Le géant asiatique a considérablement développé ses programmes spatiaux ces trente dernières années, injectant des milliards d’euros dans ce secteur afin d’atteindre le niveau des Etats-Unis, de la Russie ou de l’Europe. En 2019, elle a fait atterrir un vaisseau spatial (la sonde Chang’e-4) sur la face cachée de la Lune, une première mondiale. En 2021, elle a fait atterrir un petit robot sur Mars. La Chine espère utiliser Tiangong pendant une dizaine d’années.