Le patron du puissant CNC est accusé par son filleul, âgé de 19 ans au moment des faits, de l’avoir embrassé de force et agressé sexuellement lors d’un séjour en Grèce en août 2020.
Le parquet de Nanterre a requis vendredi 14 juin trois ans de prison avec sursis contre le président du Centre national du cinéma (CNC) Dominique Boutonnat pour avoir agressé sexuellement son filleul, une affaire pour laquelle plusieurs associations ont demandé son éloignement. bureau. « Nous avons frôlé quelque chose qui aurait été criminel », a estimé le procureur dans ses réquisitions. La décision du tribunal a été réservée jusqu’au 28 juin.
Le patron du très puissant CNC, devenu pour certains un symbole de l’impunité des violences sexuelles dans le monde du 7e art, est accusé par son filleul, âgé de 19 ans au moment des faits, de l’avoir embrassé de force. et l’a agressé sexuellement lors d’un séjour en Grèce en août 2020. Devant le tribunal, le jeune homme décrit Dominique Boutonnat, 54 ans, avec qui il n’a aucun lien de parenté, comme « plus qu’un parrain »venir trois à quatre fois par semaine chez ses parents.
« C’est comparable à une scène d’inceste »
Selon lui, lors d’un séjour dans la maison de campagne de son parrain en Grèce, ce dernier aurait tenté de le masturber après s’être baignés nus dans une piscine et le jeune homme l’aurait alors masturbé pour qu’il arrête de le toucher. « Je le regarde pour retrouver un peu mon parrain et c’est là que je vois quelqu’un de complètement différent dans ses yeux, (…) c’est quelqu’un qui m’utilise pour me masturber »il expliqua. « C’est comparable à une scène d’inceste »a insisté son avocate Caroline Toby.
En costume et chemise noire, col déboutonné, le président du CNC a nié toute agression sexuelle. Il avoue avoir pris une photo du jeune homme nu sortant de la piscine mais alors qu’il visait le paysage ; baisers, mais consentis et initiés par son filleul. Et il admet avoir « merde » après. Le lendemain, selon lui, il aurait brièvement embrassé le jeune homme sur la bouche alors que ce dernier sortait des toilettes, soi-disant pour dédramatiser la situation. Pour lui, ce comportement n’avait rien de sexuel car il disait n’avoir aucune attirance pour son filleul, ni pour les hommes en général.
« Une ambiguïté »
Le filleul de Dominique Boutonnat l’a appelé quelques semaines avant de porter plainte, estimant qu’il y avait un « Ambiguïté à lever ». « C’est des conneries mais bon, c’est des conneries pas très graves », a alors jugé Dominique Boutonnat lors de cette conversation téléphonique. Il demande cependant à son filleul de n’en parler à personne. « l’insistance, pour ne pas dire la lourdeur », souligne le président du tribunal. Le magistrat l’a également interrogé sur les messages WhatsApp envoyés à son filleul après cet appel, où il a déclaré s’en vouloir et le vouloir. « contestation sur sa sexualité ».
« Je me sens mal de laisser tomber l’ambiguïté, mais l’agression sexuelle est une erreur »assure Dominique Boutonnat. « Dominique Boutonnat ne s’est pas transformé d’un coup en prédateur sexuel, on ne peut éviter l’explication », a insisté son avocat Emmanuel Marsigny. Dominique Boutonnat a été mis en examen pour tentative de viol, mais le parquet a rejeté cette qualification et n’a retenu que celle d’agression sexuelle.
La CGT-spectacle réclame sa démission
Malgré sa mise en examen en février 2021, il a été reconduit par l’exécutif à son poste à la tête du CNC en juillet 2022. La CGT-spectacle avait réclamé sa démission et le collectif 50/50, qui milite pour l’égalité, la parité et diversité dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle, a également déploré son renouveau. « À l’heure où il faut collectivement améliorer les outils de lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels (…), comment se faire entendre quand, à la tête de la principale organisation du secteur, il y a une personne qui – même réquisitoire pour des faits qualifiés par la justice d’« agressions sexuelles » ?a ensuite interrogé le syndicat.
L’ancien producteur de cinéma dirige depuis 2019 le CNC, chargé d’accorder les subventions aux productions françaises, mais aussi d’organiser la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. L’actrice Judith Godrèche, qui milite pour la protection des enfants et contre les violences sexuelles, notamment dans le secteur du cinéma français, avait demandé au Sénat la destitution du patron du CNC. Interrogé par l’AFP, le CNC a déclaré que « les faits allégués, qui relèvent de la sphère privée, n’ont aucun rapport » avec son activité.