Très en colère contre le gouvernement Barnier, la gauche défile à Paris pour dénoncer un « coup d'État feutré »
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Très en colère contre le gouvernement Barnier, la gauche défile à Paris pour dénoncer un « coup d’État feutré »

Très en colère contre le gouvernement Barnier, la gauche défile à Paris pour dénoncer un « coup d’État feutré »

REPORTAGE – Plusieurs milliers de personnes ont défilé de Bastille à Nation contre l’alliance « Barnier-Macron ». La diversité des slogans et des affiches témoigne des multiples luttes menées à gauche.

Ce n’est pas un très grand cortège qui s’est élancé de Bastille à Nation ce samedi. Quelques milliers de personnes, loin des 20.000 à 40.000 attendues, toujours très remontées par la nomination de Michel Barnier à Matignon. Et la composition de son gouvernement qui devrait être annoncée d’une heure à l’autre. « Si nous ne les arrêtons pas, ils nous proposeront une politique encore plus à droite », a-t-il ajouté. C’est ainsi que voit les choses Catherine, 68 ans, ancienne bibliothécaire, qui a mobilisé les électeurs entre les deux tours des législatives pour les convaincre d’aller voter « mais sans leur dire pour qui, hein » je n’arrive pas à croire qu’il voit un homme d’un « Le parti minoritaire au parlement est désormais en mesure de décider de la politique du pays ».

« Avec cette nomination, Macron se comporte comme si on lui reprochait d’avoir été jusqu’à présent trop à gauche et qu’il voulait inverser la tendance », la retraitée se lamente en regardant la foule avancer dans la rue.. Mais ce qu’on lui reproche, c’est de ne plus croire en l’humanité, d’avoir laissé les services publics se désagréger.. « « Nous avons un semi-despote au pouvoir qui se plaît à nommer la vieille garde fasciste conservatrice », soupire Anna qui est venue avec son fils Rodolphe, 12 ans. Le garçon, très intéressé par la politique, regrette aussi le choix de Michel Barnier qui, en plus d’être de droite, est « homophobe » – une référence à son vote contre la dépénalisation de l’homosexualité en décembre 1981.

Convergence ou juxtaposition ?

Le cortège n’était pas très dense.
Madeleine Meteyer

Si la raison principale du rassemblement d’aujourd’hui est celle-ci « coup d’État silencieux » Au service de la droite, phrase entendue à plusieurs reprises, d’autres thèmes se sont invités. La division de la manifestation en sous-manifestations thématiques est en effet frappante. En quinze minutes, l’œil a le temps de tomber sur un militant du syndicat étudiant qui entonne « Ce n’est pas dans les salons qu’on obtiendra satisfaction, c’est par les grèves, c’est par l’action ! ». Sur une femme portant un keffieh et tenant une pancarte « Macron tue des enfants : en France, dans la rue, à l’aide sociale à l’enfance, à Gaza. » Un homme dont le t-shirt dit : « Alors Macron, vos patrons, des négriers, des racketteurs, vous ont chargé d’honorer des « dettes » ? » Un sous-procession « contre la vie chère aux Antilles » où nous dénonçons la colonisation de l’Etat français en Martinique, en Guadeloupe. Le collectif des Inverties « lesbiennes communistes trans et gays » bourdonnement « Si vous ne pendez pas le patron, vous n’aurez pas votre pension, si vous ne pendez pas le patron, vous n’aurez pas votre argent. » Un étudiant en sciences européennes qui regrette le manque de « justice sociale », une infirmière, une développeuse web. Citoyens concernés, militants radicaux.


Je suis ravi de ce cortège varié.

Martin, 28 ans, scénariste et militant LFI

A gauche, cette extrême diversité dans la contestation est très classique, c’est en soi une force, nous expliquent plusieurs manifestants comme Yohann, informaticien en veste de velours avec une bière dans chaque poche. « C’est un président qui nous agace dans nos vies et, le jeune homme pointe plusieurs slogans, Il nous dérange pour toutes ces raisons. Mais au final, nous sommes d’accord pour dire qu’il est un problème pour nous tous. N’est-ce pas là le reflet des divisions de la gauche qui la condamnent à être minoritaire ? Après tout, Emmanuel Macron a refusé de nommer Lucie Castets à Matignon au nom de la « stabilité institutionnelle » affirmant que son gouvernement serait « immédiatement censuré ». Yohann répond : « Non, il y a des luttes et une convergence de luttes. » Cela, assure-t-il, est possible dans les grands moments. 1936 et 1968 sont les dates emblématiques.

Plus loin dans le cortège, drapeau de la France Insoumise en main, Martin, 28 ans, scénariste, veut aussi évoquer la création du Nouveau Front populaire, en trois jours, sans tensions, en juin. On lui rappelle ses querelles publiques et tendues de juillet. Martin reconnaît quelques erreurs stratégiques mais explique, en désignant la foule : «« Même s’ils ont des slogans différents, ces gens marchent tous ensemble parce qu’un gouvernement dont tout le pays ne voulait pas est sur le point d’être nommé. Je me réjouis de ce cortège varié. » Toutefois, si la gauche veut reprendre le pouvoir un jour, Martin l’admet. « La multiplicité des luttes devra trouver un écho politique dans une maison commune. » A 16h, alors que la manifestation est partie de Bastille 1h30 plus tôt, les rues les plus proches de la place sont déjà vides.

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