Travailler 7 heures par an pour financer la Sécurité sociale, une idée « intéressante » pour le gouvernement
Travailler 7 heures de plus par an sans salaire pour financer la Sécurité Sociale ? C’est la proposition de la commission sénatoriale des Affaires sociales visant à réduire le déficit de la Sécurité sociale, qui s’élève à 18 milliards d’euros en 2024. Cette proposition n’est pas pour déplaire au gouvernement. «C’est une proposition intéressante et judicieuse»a jugé le ministre de l’Économie, Antoine Armand, ce jeudi 14 novembre sur Radio Sud .
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Une mesure qui rapporterait « 2,5 milliards d’euros »
Le Sénat a fait cette proposition en proposant ses amendements au projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025. Il n’a pas pu être examiné dans son intégralité par l’Assemblée nationale, faute de temps et c’est donc à partir du projet du gouvernement que travaillent les sénateurs.
Selon le mécanisme proposé par la commission sénatoriale, comparable à la journée de solidarité déjà pratiquée, les actifs, issus des secteurs public et privé, travailleraient sans salaire pendant 7 heures dans l’année, a présenté mercredi la commission sénatoriale des affaires sociales. .
« En échange du bénéfice de ces heures de travail non rémunérées »les employeurs verraient le taux de la contribution de solidarité actuelle pour l’autonomie « passer de 0,3% à 0,6% »a-t-elle détaillé.
Cet apport d’actifs apporterait « 2,5 milliards d’euros » à la branche autonomie de la Sécurité sociale, a indiqué le président de la commission sénatoriale des Affaires sociales, Philippe Mouiller (LR, Deux-Sèvres), lors d’une conférence de presse.
« Selon les entreprises, selon les secteurs, cela peut se traduire par une journée » soit en l’étalant sur l’année, a dit le sénateur, plaidant pour qu’il y ait « un débat avec les partenaires sociaux sur l’application du principe ».
« Nous avons un secteur en crise, celui de l’autonomie, des personnes âgées ou handicapées. La Sécurité sociale, qui affichera un déficit de 18 milliards d’euros en 2024, n’a pas les moyens de soutenir les nouveaux besoins liés à l’autonomie et à la vieillesse.a encore souligné Philippe Mouiller, ce jeudi Radio Sud.
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, ne s’est pas opposé à la proposition, affirmant vouloir « étudie-le » et avoir « un débat » autour de cette mesure.
« Toutes les propositions qui vont dans le bon sens : il faut travailler davantage, nous en prenons note, nous les étudierons »a poursuivi le ministre de l’Économie. « Ce n’est pas seulement une question budgétaire, (…) c’est une question économique dans un pays qui ne libère pas du travail. »
Moins réduire les réductions de charges sociales
La commission des affaires sociales ne souhaite cependant pas rogner autant que l’exécutif sur les baisses de charges sociales dont bénéficient les entreprises, rapporte leAFP.
Le gouvernement a souhaité réduire ces réductions de 4 milliards, mais la commission des Affaires sociales propose de ne les réduire que de 3 milliards, choisissant notamment de maintenir les exonérations au niveau du Smic.
« La situation économique de notre pays est préoccupante et nous ne voulons pas avoir trop de pertes en termes d’emplois »a déclaré la rapporteuse générale du budget de la Sécurité sociale, Élisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne (Union centriste).
Sur la revalorisation des retraites, la commission des Affaires sociales a également entériné le compromis scellé par le gouvernement et LR qui prévoit de toutes les revaloriser au 1er janvier 2025, mais seulement de la moitié de l’inflation. Une nouvelle augmentation aura lieu le 1er juillet, uniquement pour les petites pensions inférieures à 1 SMIC net.
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Concernant les taxes comportementales, la commission des Affaires sociales propose d’augmenter légèrement – de 3,5 à 4% – celle sur le sucre, une proposition des députés lors de l’examen du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée. Elle propose également d’accélérer la hausse du prix du tabac, qui devrait porter le paquet de cigarettes à 13 euros, pour une recette supplémentaire de 150 millions d’euros.
Il propose en revanche d’exclure les paris hippiques de la hausse de la taxe sur les jeux, afin de ne pas pénaliser le secteur français.
Au final, la commission des Affaires sociales laisse inchangé le déficit de la Sécurité sociale pour 2025, qui resterait à 16 milliards d’euros.