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Travail libre : le fléau des femmes entrepreneures

Travail libre : le fléau des femmes entrepreneures

Selon une enquête commandée par France Active et la Fédération bancaire française (FFB) et publiée en mars 2024, 48 % des femmes (contre 40 % des hommes) souhaiteraient créer leur entreprise. « La situation des femmes et particulièrement des mères entrepreneuses est idéalisée par la société qui les envoie vers l’entrepreneuriat. Ils auraient la liberté de choisir leurs horaires, et pourraient aussi briser le plafond de verre… »dénonce Insaff El Hassini, coach en négociation salariale et fondateur de l’entreprise de formation Ma Juste Valeur.

En réalité, la situation est bien moins rose. Du côté des revenus, déjà. 67 % des femmes chefs d’entreprise avouent gagner moins que le SMIC (enquête Bouge ta Boîte, 2020).

Le problème du travail familial gratuit

Mais aussi en termes de temps. « Alors que lorsqu’un homme démarre son entreprise on lui donne du temps et de l’argent, lorsqu’une femme se lance, le réflexe de son entourage est de lui dire qu’elle aura plus de temps pour sa famille. », observe Émilie Friedli, fondatrice de Maison Mère, structure dédiée aux femmes entrepreneures. Ayant un horaire flexible, ce sont la plupart du temps ce sont eux qui emmènent les enfants chez le médecin, les emmènent à l’école, à toutes les activités… Un travail familial gratuit qui n’est pas sans impact.

« Les femmes que j’accompagne se retrouvent souvent dans l’impossibilité de développer leur entreprise. La flexibilité qu’ils recherchaient se transforme en réalité en une journée fragmentée., regrette Émilie Friedli. Ce temps accaparé par les tâches parentales et domestiques a des conséquences sur leur modèle économique. « Les femmes accepteront plus facilement des prix inférieurs à ceux du marché. Cela s’explique notamment par un sentiment d’illégitimité lié au manque de temps qu’ils peuvent consacrer à leur activité. »continue-t-elle.

Les femmes entrepreneures moins valorisées que leurs homologues masculins

Négocier leurs prix est par ailleurs plus compliqué pour elles que pour leurs homologues masculins. « L’argent reste un attribut de la masculinité. Socialement, on n’attend pas d’une femme qu’elle parle d’argent, mais de qualité du travail, d’impact social… Elle n’est pas censée travailler pour de l’argent mais pour le bien commun. »note Insaff El Hassini.

Souvent au point de lui demander de travailler gratuitement, de lui promettre sa visibilité, et de s’offusquer lorsqu’elle refuse. « On me demande au moins une fois par mois des conférences, notamment sur l’autonomisation économique des femmes. Le pire, c’est que ces demandes émanent souvent de grandes entreprises ou d’associations qui disposent de gros moyens. »continue-t-elle.

Cette sous-valorisation du temps des femmes exaspère également Héloïse Bolle, conseillère en gestion de patrimoine et fondatrice de la société de conseil Oseille et Compagnie. « Il est courant que quelqu’un vous prenne une heure pour discuter d’un service alors qu’il n’a pas de budget ou un budget très faible à y consacrer, elle témoigne. Du côté d’un particulier, c’est agaçant, du côté d’une entreprise, c’est une violence économique institutionnelle. »

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