Un rapport du Sénat américain publié en mai 2024 a mis en lumière des pratiques inquiétantes dans l’industrie automobile européenne. Les constructeurs BMW, Volkswagen, Jaguar Land Rover et Volvo sont accusés d’avoir importé aux États-Unis des véhicules contenant des pièces fabriquées grâce au travail forcé des Ouïghours, une minorité musulmane de Chine.
La loi américaine est claire : importer ce type de produit est illégal
La loi américaine sur le travail forcé ouïghour (UFLPA), entrée en vigueur fin 2021, interdit strictement l’importation de produits dont la chaîne d’approvisionnement est liée au travail forcé. La loi vise à protéger les droits des Ouïghours dans la région du Xinjiang, où des allégations de génocide et de violations massives des droits humains ont été signalées. Les entreprises doivent prouver que leurs produits ne sont pas liés à ces pratiques pour être autorisées à entrer sur le marché américain. Toutefois, le rapport du Sénat américain pointe du doigt plusieurs constructeurs automobiles européens pour non-respect de ces réglementations strictes. Un problème alors que de plus en plus d’entreprises sont tenues pour responsables, devant la loi mais surtout devant le public, concernant leurs chaînes d’approvisionnement dans le cadre des obligations RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises)
Quels constructeurs automobiles européens ont été accusés par le Sénat américain ?
BMW est particulièrement accusé, avec des accusations d’importation de plus de 8 000 véhicules Mini Cooper aux États-Unis contenant des pièces provenant de fournisseurs chinois interdits. Ces importations se seraient poursuivies malgré la législation en vigueur, jusqu’à ce que les pressions de la commission sénatoriale obligent le fabricant à cesser ces pratiques. Volkswagen est également accusé d’utiliser des composants provenant de fournisseurs liés au travail forcé des Ouïghours. Le constructeur allemand a déclaré prendre ces accusations très au sérieux et a remplacé les pièces incriminées pour se conformer aux exigences de l’UFLPA.Les marques britanniques Jaguar Land Rover et suédoises Volvo sont également impliquées. Les deux constructeurs auraient inclus des pièces fabriquées par des fournisseurs interdits dans leurs véhicules importés aux États-Unis. La commission des Finances du Sénat américain a critiqué le manque de contrôle et de vigilance de ces sociétés sur l’origine de leurs composants.
Les entreprises accusées ont réagi rapidement
Les sociétés accusées ont réagi en prenant diverses mesures pour répondre aux allégations. BMW a annoncé avoir pris des mesures pour cesser d’importer les produits concernés et s’est engagé à en informer ses clients et concessionnaires. Volkswagen a déclaré qu’il s’était engagé à éviter tout recours au travail forcé dans sa chaîne d’approvisionnement et a pris des mesures correctives immédiates. Les implications de ces accusations vont au-delà de simples ajustements logistiques. Ils soulignent le besoin urgent de transparence et de diligence dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Les entreprises doivent désormais renforcer leurs mécanismes de contrôle pour garantir que leurs produits répondent aux normes éthiques et juridiques internationales. La législation américaine interdisant les produits issus du travail forcé des Ouïghours reflète une position ferme contre les violations des droits humains en Chine. Le gouvernement chinois est accusé de maintenir plus d’un million d’Ouïghours dans des camps de travaux forcés, où ils subissent divers abus, notamment la stérilisation forcée et des conditions de travail inhumaines. Le Congrès américain a adopté cette loi à la quasi-unanimité, démontrant une volonté politique de s’opposer fermement aux pratiques de travail forcé.