Transports. Toujours 1 TER sur 10 en retard ou annulé en France
Des trains en retard… jusqu’ici, rien de nouveau sous le « soleil » français. Sauf que selon la dernière étude de l’UFC-Que Choisir, publiée ce mardi, la situation s’aggrave pour les trains régionaux. L’association de consommateurs a examiné les dernières données de l’Autorité de régulation des transports.
Résultat : en 2023, 9,6 % des trains TER ont été supprimés ou reprogrammés et 11,2 % des trains ayant circulé sont arrivés à destination avec au moins 5 minutes de retard. Pour un usager qui emprunte quotidiennement ce moyen de transport, cela représente en moyenne deux annulations ou retards par semaine.
Une situation pire qu’en 2019
« La situation s’est dégradée par rapport à la moyenne 2019-2022, même si l’on exclut l’année 2020, qui a été touchée par le Covid-19. En moyenne, 81,3 % des trains TER étaient ponctuels en 2019, contre 80,1 % en 2023 », souligne Lucile Buisson, chargée de mission Transports à l’UFC-Que Choisir, dont la dernière étude remonte à 2021. S’appuyant sur plus de 1 000 témoignages exploitables, l’association de consommateurs a voulu faire le point – quelques années après le renouvellement des conventions entre les Régions et la SNCF – sur cette situation « problématique » pour les usagers.
Tout cela dans un contexte de fréquentation record en 2023 : les TER ont enregistré plus de 20% voyageurs supplémentaires entre 2019 et 2023, et cette tendance se poursuit en 2024, rapporte la SNCF. « Cela s’explique notamment par l’augmentation des trajets domicile-travail en train qui se développe parallèlement à l’essor du télétravail », note Lucile Dubois.
Aléas climatiques et manque de personnel
A la SNCF, on préfère voir le verre à moitié plein : « Seul 1 TER sur 10 n’est pas conforme à l’offre annoncée », nous explique-t-on. « Cette performance est restée constante en 2023 malgré un contexte extérieur défavorable marqué par des aléas extérieurs importants qui ont pesé sur notre régularité. » Par « aléas extérieurs », la SNCF entend les aléas climatiques comme la tempête Ciaran ou les chutes d’arbres.
Selon l’étude UFC-Que Choisir, les raisons de ces désagréments sont beaucoup plus variées : « La moitié de ces problèmes sont liés à un problème de gestion de l’opérateur, comme un manque de personnel et des difficultés à recruter des conducteurs de train, explique Lucile Dubois. Ensuite, il y a le manque de matériel roulant : les carnets de commandes sont pleins, ce qui entraîne des retards de livraison. »
Une situation qui varie selon les régions : « Dans le Grand Est par exemple, la majorité des retards sont liés à des problèmes de coordination entre les différents opérateurs transfrontaliers », illustre le chef de projet.
TER : qui finance, qui exploite ?
« Les Régions signent des contrats de délégation de service public (DSP) avec les opérateurs ferroviaires qui exploitent le réseau sur leur territoire, explique Lucile Dubois, chargée de mission Transports à l’UFC-Que Choisir. En France, c’est la SNCF dans toutes les régions, sauf en Provence-Alpes-Côte d’Azur où le contrat a été divisé en quatre lots, dont un attribué à Transdev à Nice. La Région définit le niveau de service souhaité, ainsi que les pénalités pour l’opérateur en cas de service dégradé et les indemnisations pour les usagers. La Région subventionne l’opérateur à hauteur de 70 % tandis que le bénéfice commercial revient directement à l’opérateur. »
De fortes disparités entre les régions
Cette statistique globale de 10% cache en réalité d’importantes disparités régionales : selon l’enquête UFC-Que Choisir, la Bretagne arrive en tête du classement avec 93,2% de trains à l’heure en 2023, tandis que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne compte que 84,7% de trains TER à l’heure.
Après l’Occitanie et les Hauts-de-France, la région Auvergne-Rhône-Alpes se distingue également en bas du tableau (88%) tandis que le Grand Est (90,1%) et la Bourgogne-Franche-Comté (91,4%) affichent des taux plus satisfaisants pour leurs usagers.
Et au sein d’une même région, les disparités entre les lignes sont importantes. La ligne entre Bayonne et Tarbes (Nouvelle-Aquitaine) connaît des retards ou des suppressions pour 23% de ses trains.
Des sanctions et des indemnisations insuffisantes ou absentes
Face à ces désagréments, la Région déléguée au service public prévoit des pénalités pour l’opérateur. Des montants jugés « pas assez dissuasifs » pour l’UFC-Que choisir : « La Région Nouvelle-Aquitaine prévoit une pénalité qui peut représenter jusqu’à 9 % de la subvention accordée à l’opérateur », explique Lucile Dubois. « Dans toutes les autres régions, cette pénalité représente moins de 1 %. »
L’indemnisation des usagers dépend aussi largement de la région où ils résident. « L’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est et l’Occitanie sont les trois seules à ne rien prévoir en cas de retard ou de perturbation », souligne le chef de projet, qui précise que « cette disposition est conforme à la loi », mais « inacceptable ». « Toutes les autres régions prévoient une indemnisation minimale pour leurs abonnés (jusqu’à 40 % de l’abonnement) et très peu de régions – comme la Bourgogne-Franche-Comté – le font pour les voyageurs occasionnels ».
2024, le tournant ? « Sur les 8 premiers mois de 2024, la qualité de service constatée est en amélioration par rapport à 2023 », souligne-t-on à la SNCF. Réponse en 2025.
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