SNCF Voyageurs, la société du groupe ferroviaire français SNCF chargée de l’exploitation des trains de voyageurs, proposera en 2026 des liaisons à grande vitesse entre les principales villes italiennes, s’attaquant ainsi à Trenitalia, implantée en France fin 2021.
« L’Italie est un marché naturel de la grande vitesse, avec 56 millions de passagers transportés par an. Mais c’est un marché qui n’est pas encore mature avec beaucoup de voyageurs à rechercher», explique le patron de TGV-Intercités chez SNCF Voyageurs, Alain Krakovitch.
13 allers-retours quotidiens
Après l’Espagne en 2021, SNCF Voyageurs a donc décidé de s’implanter seul, sans association avec une entreprise locale, sur le marché du grande vitesse d’un autre pays européen.
La compagnie proposera à terme neuf allers-retours par jour entre Turin, Milan, Rome et Naples et quatre allers-retours entre Turin et Venise. Plusieurs villes seront desservies entre ces destinations comme Brescia, Vérone, Padoue, Bologne et Florence.
L’offre ferroviaire sera déployée progressivement, comme en Espagne, où la SNCF s’est implantée en 2021 et devrait avoir développé l’ensemble de son offre d’ici la fin de cette année avec l’ouverture de lignes vers Séville et Malaga.
La SNCF espère 10 millions de voyageurs par an en Italie
L’entreprise espère conquérir 15 % de part de marché italien du transport à grande vitesse d’ici une décennie et transporter dix millions de passagers par an. Pour y parvenir, elle prévoit d’utiliser 15 rames TGV M de dernière génération sur les 115 commandées par la SNCF, dont les premiers exemplaires seront livrés en 2025.
SNCF Voyageurs n’a pas souhaité en dire plus sur la nature de l’offre commerciale qui sera proposée.
Avec ce nouveau projet, la SNCF augmente son assise continentale. Ses activités européennes représentent désormais un tiers du chiffre d’affaires total du secteur grande vitesse de l’entreprise, soit environ trois milliards d’euros.
En Italie, les trains seront exploités par sa filiale existante SNCF Voyages Italia (SVI), qui gère déjà la liaison transfrontalière entre Paris, Turin et Milan, qui sera entretenue.
Un nombre croissant de voyageurs
L’« appétit » pour le train ne concerne pas seulement la France, où la SNCF peine à répondre à l’explosion de la demande, mais l’Europe toute entière, souligne Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. La croissance du nombre de voyageurs a également été plus rapide hors des frontières françaises pour la SNCF en 2023 (+6 %) qu’à l’intérieur (+4 %).
En s’implantant en Italie, SNCF Voyageurs répond également à la compagnie nationale Trenitalia qui assure déjà cinq allers-retours par jour sur la ligne la plus rentable du réseau français, entre Paris et Lyon.
La SNCF face à Trenitalia et NTV
En Italie, SNCF Voyageurs sera en concurrence avec Trenitalia, qui détient environ les deux tiers des parts de marché de la grande vitesse, mais aussi avec NTV, qui appartient à l’armateur italo-suisse MSC et exploite ses trains sous la marque Italo.
La SNCF détenait 20 % du capital de cette société jusqu’en 2015, avant de revendre ses parts. Mais la situation a changé entre-temps, explique la direction de SNCF Voyageurs. « Aujourd’hui, la part du marché ferroviaire est croissante et le train séduit de plus en plus de clients, explique Christophe Fanichet.
L’Italie, qui a été le premier pays européen à ouvrir son réseau ferroviaire à la concurrence en 2004, possède également les péages ferroviaires les moins chers du continent. SNCF Voyageurs a déposé une demande d’accord-cadre auprès du gestionnaire ferroviaire RFI, pour une durée de 15 ans.