« Tout va bien » : le dernier message envoyé par les membres de Titan, le submersible qui a implosé près du Titanic, révélé
« Tout va bien » : c’est le dernier message envoyé par l’équipage du Titan, le submersible qui a implosé dans l’Atlantique Nord en juin 2023, alors qu’il s’approchait de l’épave du Titanic, tuant cinq personnes. Ces mots ont été révélés lors d’une audience publique, initiée par les garde-côtes américains à Charleston, en Caroline du Sud (Etats-Unis), ce lundi 16 septembre, et rapportés par plusieurs médias américains.
Le message a été envoyé au brise-glace Polar Prince, navire de soutien du Titan en surface. Le contact avec le submersible a ensuite été perdu après un échange de questions sur la profondeur et le poids du submersible lors de sa descente.
Le Polar Prince a ensuite demandé à plusieurs reprises au Titan où en était son écran de bord. Les réponses du submersible sont devenues de plus en plus erratiques, jusqu’à ce que la réponse finale soit « tout va bien », selon Sky News, qui a suivi l’audition en direct.
Un accident hors norme
Les autorités maritimes espèrent désormais faire la lumière sur cette tragédie survenue le 18 juin 2023, au cours de laquelle le Titan, un petit submersible de 6,5 mètres de long appartenant à la société américaine OceanGate Expeditions, avait plongé pour observer l’épave du Titanic.
L’engin devait refaire surface sept heures plus tard, mais le contact a été perdu moins de deux heures après le décollage. Une vaste opération de sauvetage, très médiatisée, a été lancée pour sauver les cinq passagers à bord du submersible, qui devait disposer d’environ quatre jours d’oxygène.
Mais l’engin a été détruit peu après sa plongée par une « implosion catastrophique » qui a tué sur le coup les cinq hommes, dont le scientifique français Pierre-Henri Nargeolet, 77 ans, surnommé « Mr Titanic », le chef d’OceanGate Expeditions, Stockton Rush, 61 ans, Shahzada Dawood, un homme d’affaires pakistano-britannique de 48 ans et son fils Suleman, 19 ans, et un explorateur britannique de 68 ans, Hamish Harding.
Des « restes humains présumés » ont été découverts quelques jours plus tard parmi l’épave du Titan, à 4.000 mètres de profondeur et à 500 mètres du Titanic, selon les garde-côtes américains, qui ont alors enquêté pendant 15 mois sur cet accident hors du commun.
« Je n’irai pas là-dedans »
Selon le New York Times, qui a assisté aux premières audiences, un ingénieur licencié d’OceanGate en 2019, Tony Nissen, a témoigné avoir subi à l’époque des pressions de la part du patron de l’entreprise, Stockton Rush, pour mentir et affirmer que le submersible était totalement sûr malgré des tests inquiétants. « Tout ira bien », lui aurait dit Rush à propos de la solidité de la coque.
Tony Nissen avait également affirmé que certains tests n’avaient pas été effectués par manque de temps et d’argent. Au lendemain de l’accident, une polémique avait éclaté sur une possible négligence d’OceanGate Expeditions, relevée par l’ingénieur Nissen, notamment au sujet du hublot qui ne pouvait techniquement pas résister à de telles profondeurs.
L’ingénieur a également révélé que le Titan avait été frappé par la foudre lors d’une mission d’essai en 2018, ce qui aurait pu affecter l’intégrité de la coque. Tony Nissen a également raconté comment il avait refusé de piloter le submersible lors de sa mission fatidique, déclarant au patron de l’entreprise Stockton Rush : « Je n’irai pas là-bas. »
L’enquête a pour but de « reconnaître toute preuve d’erreur matérielle (de construction ou de conception) qui aurait pu causer l’accident, afin de formuler des recommandations appropriées et d’éviter que des accidents similaires ne se reproduisent », a écrit dimanche la Garde côtière dans un dossier de presse. Des dizaines de témoins sont attendus lors des audiences publiques, prévues pour durer deux semaines, alors que les enquêteurs cherchent désormais à déterminer les causes de l’implosion mortelle.