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« Tout ramène le RN à sa fascination pour les tyrans » (Jean-Noël Barrot)

LA GALERIE. Le président Zelensky continue de supplier les alliés de l’Ukraine de fournir des batteries de défense aérienne pour protéger ses villes et ses infrastructures critiques. Pourquoi l’Europe ne peut-elle pas faire plus et mieux ?

JEAN-NOËL BARROT. Si l’Ukraine a déjoué en quelques semaines le projet d’annexion de son territoire de Vladimir Poutine, c’est avant tout grâce au courage des Ukrainiens mais aussi au soutien sans faille de ses alliés, et notamment de la France, que ce soit sur le plan civil, militaire et sur son plan politique. chemin vers l’Union européenne. La France soutiendra l’Ukraine sur le long terme, dans le cadre d’un accord bilatéral de sécurité signé avec l’Ukraine en février dernier, qui prévoit jusqu’à 3 milliards d’euros d’aide militaire supplémentaire à Kiev pour 2024. La France travaille activement aux côtés de l’Ukraine et de nos partenaires européens et du G7. de lui apporter tout le soutien dont elle a besoin pour résister et ainsi contrecarrer les desseins impérialistes de Vladimir Poutine, y compris dans le domaine de la défense anti-aérienne. En provoquant il y a quelques mois un sursaut international pour que l’Ukraine soit soutenue aussi intensément que nécessaire et qu’elle reprenne le dessus, le président de la République était aux avant-postes. La question de la défense aérienne est également au cœur de nos préoccupations ; le président de la République a évoqué l’idée d’un bouclier anti-missile dans son discours à la Sorbonne. La situation sur le front est particulièrement préoccupante et la Russie poursuit sa fuite en avant, notamment par des provocations aux frontières de l’Europe. Je réitère ici notre entière solidarité avec la Finlande, la Lituanie et l’Estonie face à ces actions agressives inacceptables.

Les Vingt-Sept ont décidé cette semaine d’utiliser les intérêts des avoirs russes gelés en Europe. Ces trois milliards d’euros par an peuvent-ils changer la donne ?

La saisie des revenus des avoirs russes gelés est une décision historique qui permettra de mobiliser, dès juillet, un milliard d’euros supplémentaire pour le soutien militaire à l’Ukraine. Cela fait suite à un accord de l’UE le 1er février sur une aide à l’Ukraine de 50 milliards d’euros jusqu’en 2027, ainsi qu’un accord sur 5 milliards d’euros de soutien militaire via la Facilité européenne pour la paix (FEP). Cet instrument permet d’apporter rapidement à l’Ukraine l’aide militaire dont elle a besoin pour résister sur le front tout en instaurant une préférence européenne visant à développer sa propre capacité industrielle de défense. À ce soutien européen s’ajoute l’aide que les pays apportent directement à l’Ukraine, comme la France l’a fait en s’engageant à hauteur de 3 milliards d’euros pour 2024.

En Géorgie, la présidente Salomé Zourabichvili souhaite que l’UE attende les élections législatives d’octobre dans son pays avant de prendre en compte le récent vote de la loi sur les « agents étrangers » qui la disqualifie par avance de ses futures négociations d’adhésion. Qu’en penses-tu ?

Je salue le courage du peuple géorgien qui défend sa liberté et sa démocratie en agitant le drapeau européen et en chantant l’Ode à la joie, notre hymne européen. A l’heure où l’Europe est tant critiquée, cette chanson qui a résonné dans la nuit à Tbilissi rappelle que l’Europe est synonyme de liberté et de démocratie pour de nombreux peuples dans le monde, et qu’il est essentiel que cet espoir ne soit pas déçu. La France est aux côtés de la Géorgie dans sa démarche vers l’Union européenne. Mais la Commission européenne a été très claire : il appartient au gouvernement géorgien de déployer les efforts et les réformes nécessaires pour garantir que cette voie se poursuive.

Emmanuel Macron effectue une visite d’État de deux jours en Allemagne. Il veut « inventer un nouveau modèle » pour le couple franco-allemand. De quoi s’agit-il ?

Cette visite d’État du président de la République est la première depuis celle de Jacques Chirac en 2000. Elle marque la permanence et la profondeur du lien franco-allemand. Ce sera l’occasion d’ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre nos deux pays, structurée autour d’un agenda commun de souveraineté européenne, de compétitivité et de défense de la démocratie. Cela passera notamment par une ambition commune de maîtriser les technologies stratégiques ou de lutter contre les ingérences étrangères et la manipulation de l’information. Cette visite nous permettra également de préparer ensemble l’agenda stratégique de l’Union européenne pour les cinq prochaines années. Si les menaces qui pèsent sur l’UE n’ont jamais été aussi grandes, l’élan européen évoqué par le président dans son discours à la Sorbonne nécessite également un élan franco-allemand. En avançant main dans la main, la France et l’Allemagne mèneront le reste de l’Europe sur cette voie ambitieuse.

La solitude du chancelier Scholz récemment à Pékin n’est-elle pas un contre-exemple de ce que vous dites ?

Je ne pense pas. La France et l’Allemagne poursuivent le même objectif vis-à-vis de Pékin : poursuivre le dialogue avec la Chine, pour éviter toute escalade et aborder les grands enjeux mondiaux. Ce dialogue doit être exigeant, car nous sommes tous conscients de la stratégie affirmée de la Chine pour étendre son influence mondiale.

De nombreux pays européens ne soutiennent plus l’idée selon laquelle l’Europe ne peut avancer sans le couple franco-allemand. Est-ce qu’ils ont raison ?

Le franco-allemand est essentiel à l’impulsion européenne, mais ne doit pas être conçu dans une logique d’exclusivité. Nous avons besoin de tous nos partenaires pour construire une Europe plus forte, plus prospère et plus indépendante. Le président de la République a pris soin de se rendre dans chacune des 26 autres capitales de l’Union, précisément parce que c’est ainsi que se construit l’Europe. Il a souhaité signer, avec nos voisins italiens et espagnols, des traités de coopération historiques qui établissent et renforcent nos liens d’amitié. De même, avec le triangle de Weimar qui associe l’Allemagne et la Pologne à la France, elle a réactivé un dialogue trilatéral très fructueux, que j’entretiens avec mes deux homologues pour faire avancer l’Europe dans la lutte contre la désinformation. Au-delà de l’Union européenne, en créant, à l’échelle du continent, la Communauté politique européenne (CPE), le Président de la République a ouvert un nouveau cadre où sont désormais abordées les questions de sécurité, de défense et de sécurité. protection de la démocratie avec tous les pays européens.

En 2017, après le premier G7 de Donald Trump, la chancelière Merkel avait déclaré que les Européens devaient désormais apprendre à se passer des États-Unis. Pensez-vous que l’UE a progressé dans cette direction au cours des sept dernières années ?

L’Europe a pris le virage de la souveraineté. Le président de la République a été le premier à avancer cette idée dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne en 2017, accueilli avec tiédeur par certains de nos partenaires européens. Depuis, chacun se l’approprie. Nos voisins allemands l’ont inclus dans leur contrat de coalition et l’UE s’est dotée d’outils de politique industrielle et commerciale pour parvenir à cette indépendance qui lui manquait auparavant. Produire conjointement des vaccins, emprunter conjointement pour un plan de relance à l’échelle européenne, geler les avoirs russes en Europe et utiliser les revenus pour soutenir collectivement l’Ukraine : rien de tout cela n’aurait été imaginable avant 2017.

Aux Pays-Bas, on assiste à la mise en place d’une nouvelle « alliance des droites » comme en Italie ou en Finlande. Êtes-vous indigné de voir que le VVD, parti frère de Renaissance, participera à une coalition gouvernementale conçue par le leader d’extrême droite Geert Wilders ?

Nous n’avons jamais fait de compromis avec l’extrême droite et nous ne le ferons jamais. L’extrême droite européenne est isolée au Parlement européen derrière un cordon sanitaire qui est inviolable et qui doit le rester.

Le parti de Giorgia Meloni serait intéressé à rejoindre le groupe de droite conservatrice (PPE) au Parlement européen. Jordan Bardella a indiqué cette semaine que le Rassemblement national ne siégerait pas aux côtés de l’AfD qui a été exclue jeudi du groupe Identité et Démocratie. Que pensez-vous de ces recompositions ?

Il existe autant de haines et de divisions entre partis d’extrême droite sur la scène européenne qu’au niveau national, ce qui me semble compromettre toute alliance majeure entre eux après les élections au Parlement européen. L’annonce du RN à propos de l’AfD témoigne du grand enthousiasme d’un parti prêt à tout pour se diaboliser et se rendre acceptable mais que tout ramène à son dégoût de la démocratie, de l’Europe et sa fascination pour les régimes autoritaires et les tyrans.

Que retenez-vous du débat de jeudi soir entre le Premier ministre et Jordan Bardella ?

Nous avons vu un Premier ministre maître des questions européennes face à un candidat d’extrême droite qui avoue ne pas savoir pour quoi il vote au Parlement européen sans avouer son passé de « Frexiter » ni les compromissions de son parti. .

La liste de Raphaël Glucksmann est quasiment à égalité avec celle de Renaissance et pourrait même la devancer d’ici le 9 juin. Est-ce un échec pour votre famille politique ?

Les sondages ne font pas les élections. Raphaël Glucksmann est le candidat du NUPES. Ses amis à Strasbourg sont les partisans du Mercosur et les opposants à l’énergie nucléaire. En soutenant Nicolas Sarkozy en 2007, en ignorant le plan de relance européen puis le Green Deal et le Pacte sur les migrations, il a trahi la gauche sociale-démocrate et la mémoire de Michel Rocard et Jacques Delors.

Etes-vous favorable à la nomination de la Première ministre estonienne, Kaya Kallas, à la tête de la diplomatie européenne après les élections, celle dont les positions anti-Poutine sont les plus marquées ?

C’est une décision qui appartient au président de la République et à ses pairs européens. Avec Stéphane Séjourné, nous construisons une stratégie globale pour maximiser l’influence française à Bruxelles. Elle doit être incarnée à tous les niveaux du Conseil, de la Commission et du Parlement. La position de la France est celle d’une grande fermeté à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine et d’une affirmation forte de l’Europe sur la scène mondiale. Nous travaillons activement pour garantir que cette vision soit reflétée dans l’agenda stratégique de l’Union européenne et soutenue par ceux qui exerceront des responsabilités au cours des cinq prochaines années.

Après les élections, l’UE sera dirigée pendant un semestre par la Hongrie de Viktor Orban. Que craignez-vous à ce sujet ?

Le rôle d’une présidence du Conseil de l’Union européenne n’est pas d’imposer ses idées mais d’être un honnête intermédiaire du collectif européen. Nous espérons que cette présidence, comme toutes les suivantes, sera l’occasion de faire avancer les priorités françaises promues par le Président de la République au niveau européen, pour renforcer collectivement notre Europe, sur le plan géopolitique et sécuritaire, sur le plan économique mais aussi économique. que culturellement et intellectuellement, face aux défis majeurs auxquels nous sommes confrontés.

Propos recueillis par François Clemenceau

Eleon Lass

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