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« Tous les regards sur Rafah », l’image générée par l’IA qui « déréalise » le conflit

Plus de 46,7 millions. C’est le nombre de partages enregistrés pour le visuel « All Eyes On Rafah » ce jeudi. Devenue virale en quelques heures seulement sur Instagram, l’image est apparue sur le réseau social après le bombardement par l’armée israélienne d’un camp de réfugiés à Rafah, tuant 45 civils et blessant plus de 200 personnes.

Le slogan « Tous les regards sur Rafah » a été lancé par Rik Peeperkorn, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Territoires palestiniens. Une fois illustré, il est devenu le cri de ralliement de soutien aux bombardés, parmi lesquels de nombreuses célébrités, influenceurs et athlètes du monde entier. Tout le monde l’a partagé sur son compte Instagram en « story » ou « feed ».

Défauts et incohérences

A l’origine de cette image on retrouve le compte @shahv4012 appartenant à un photographe, YouTuber et vlogger malaisien vivant à Selangor au centre du pays. Si l’homme poste de nombreuses photos sur ses comptes professionnels et personnels ainsi que sur son portfolio, tout porte à croire que le visuel qui l’a fait connaître est généré par l’IA.

Sur l’image, il est en effet difficile de distinguer tous les éléments. De nombreux détails sont flous, notamment lors d’un zoom sur les extrémités. En effet, ce qui ressemble à des tentes autour de l’inscription « All Eyes on Rafah » ressemble davantage à des voitures ou même à des paquebots sur les bords de l’image. Les montagnes en haut du visuel semblent également découpées. Défauts et incohérences qui découlent souvent d’une image générée par l’intelligence artificielle.

« Première image virale d’activiste créée par l’IA »

Contacté par 20 minutes, l’initiateur du visuel n’a pas encore répondu à notre demande. Cependant, dans une story publiée ce mercredi, @shahv4012 a re-partagé l’histoire du compte allemand @mae.community confirmant l’utilisation de l’IA pour générer cette image et l’élevant par la même occasion au rang de « première image virale activiste créée ». par l’intelligence artificielle.

Capture d’écran d’une histoire de @shahv4012.– @shahv4012

C’est aussi l’utilisation de l’IA qui expliquerait la viralité de la photo, selon NBC News. Dans une enquête consacrée au visuel publiée ce mercredi, un parallèle est établi entre sa viralité et sa création via l’IA. Selon NBC, le journal américain Instagram, via son propriétaire Meta, limite les contenus trop violents et trop grossiers. Instagram explique, en effet, que « la violence explicite est interdite » et qu’il se réserve « le droit de supprimer toute vidéo ou image d’une violence explicite extrême afin de garantir qu’Instagram reste une plateforme adaptée à tous ». C’est ainsi qu’une image générée par l’intelligence artificielle est passée devant des milliers d’autres personnes, montrant les bombardés de Rafah et donc la réalité du terrain.

« Essayer de représenter une réalité déjà documentée »

C’est ainsi que journalistes et photographes s’interrogent sur la légitimité du recours à l’IA et l’impact qu’elle peut avoir sur la représentation du conflit. Parmi eux, Louis Witter qui est photojournaliste indépendant et a documenté de nombreux conflits armés à travers le monde, de la Colombie à l’Irak, en passant par l’Ukraine. « Le fait de créer une fausse image par l’IA alors que des images réelles existent pose question. Cela rend la réalité abstraite et vague, même si elle est bien réelle », explique-t-il à 20 minutes.

La page Instagram néo-zélandaise @shityoushouldcareabout, suivie par plus de trois millions de personnes, a également souligné la dissonance entre la viralité du visuel et l’horreur du conflit : « l’activisme performatif est toujours maladroit et devient un peu plus maladroit lorsque l’image est partagée. la sensibilisation est générée par l’IA. »

Toutes les enquêtes de notre unité « fake off »

On assiste alors à un phénomène de « déréalisation » de la guerre, estime encore Louis Witter, qui « déshumanise les personnes qui subissent cette réalité » et peut avoir un deuxième effet pervers : « à l’heure où l’information en question est sans cesse reportée, Utiliser l’IA pour tenter de représenter une réalité déjà documentée risque inévitablement de rendre encore plus ténue la frontière entre information, opinion et invention pure et simple. »

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr

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