Toulouse, un sacre contre nature mais tellement mature
Privé de ballon et moins tranchant en attaque, le Stade toulousain a bâti son succès sur une défense de fer.
Publié
Mise à jour
Temps de lecture : 3 minutes
On les savait flamboyants en attaque, capables de renverser le cours d’un match avec une perte de balle bien exploitée, on sait désormais qu’ils sont capables de décrocher pendant 100 minutes face à une équipe comme le Leinster. Sevrée des ballons offensifs à Londres, samedi 25 mai, l’équipe toulousaine a bâti son succès (31-22) sur l’efficacité de son rideau défensif et sur une lutte permanente dans les zones de ruck, symbolisée par la prestation titanesque d’Antoine Dupont.
Elu homme du match et meilleur joueur de la saison en Champions Cup après prolongations, le demi de mêlée a mené son équipe sur la voie d’un succès obtenu grâce à l’impressionnante solidarité de tout un groupe. Auteur de 16 plaquages (100% de réussite), François Cros a déclaré à France Télévisions après le match que Toulouse s’attendait à ce genre d’opposition : « On savait que ça allait être un bras de fer jusqu’au bout, qu’il ne fallait pas lâcher prise. Nous avons réussi avec beaucoup de cœur et de solidarité à tenir le coup et à les faire roder en prolongation« .
On pouvait s’attendre à un style d’opposition affirmé et affirmé, on a surtout vu Toulouse accepter de souffrir et faire confiance à son organisation défensive. Avec 58% de possession du ballon, les Irlandais ont largement contrôlé le déroulement du match, occupant le camp adverse 64% du temps. Ultime preuve d’un rapport de force qui s’est progressivement établi, les Toulousains ont davantage utilisé le jeu au pied que les hommes de Leo Cullen (36 contre 31).
Du coup, il a fallu s’attaquer, et plutôt deux fois qu’une. Avec 258 plaquages réalisés (91% de réussite), la défense des Rouge et Noir a travaillé dur et ses joueurs ont mis à mal les tentatives offensives adverses, malgré une sollicitation physique de plus en plus intense au fur et à mesure du match. Au total, dix joueurs toulousains ont dépassé la barre des 12 plaquages, dont quatre en première ligne, signe que toute une équipe est au diapason.
S’ils ont évidemment laissé des plumes dans ce secteur, en témoigne leurs 16 pertes de ballon et 15 penaltys encaissés, ils ont rendu la pareille au Leinster, coupable de 19 pertes de ballon et pénalisé 15 fois.
Loué pour ses qualités offensives, censées perturber la défense irlandaise, Antoine Dupont a cette fois pesé sur le plan défensif. Si ses quatre sorties représentent le total le plus élevé du match, le capitaine toulousain a impressionné par son abnégation et son agressivité dans les zones de combat. Au total, il a récupéré quatre ballons, dont le dernier dans le temps réglementaire, alors que le Leinster avait une dernière occasion de remporter le match.
Des scratchs salvateurs, comme celui réalisé sur Dan Sheehan (30e), qui venait de subtiliser le ballon près de 80 mètres plus loin. Un arrêt permis par un Blair Kinghorn héroïque pour tacler le talonneur irlandais à quelques mètres du but toulousain.
Auteur de neuf plaquages, le maître à jouer des Rouge et Noir a insufflé un esprit conquérant dans les têtes de son équipe. A ses côtés, l’Anglais Jack Willis a brillé devant son public. Véritable poison dans les rucks aussi, il récupère deux possessions, le troisième ligne impressionnant surtout sur la ligne. Avec 29 plaquages, le meilleur total sur le terrain, il a mis à mal toute tentative de faire la différence dans sa surface. Débarqué sur les bords de la Garonne l’an dernier, le numéro 6 toulousain a été l’une des figures majeures d’un groupe qui a désormais gravé son histoire dans le marbre.