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Toulouse. Opération place nette XXL : « Le quartier est gangréné, il faut tout raser et reconstruire »

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UN donner un coup de pied dans la fourmilière sous l’œil de certains journalistes triés sur le volet.

Une centaine de policiers – dont des membres du RAID, de la BAC et de la BRI – ont procédé à « une dizaine d’interpellations », mardi 2 avril 2024, au petit matin, dans la matinée. Quartier de la Reynerie, à Toulouse. Le célèbre (et très médiatisé) Opérations « espace net XXL »annoncé par Emmanuel Macron lors d’un récent déplacement à Marseille.

Guerre de territoire pour le contrôle des « fours »

La cité phocéenne est en proie au trafic de drogue et les règlements de compte liés au contrôle d’un marché colossal, qui se chiffre en milliards d’euros au niveau national. Mais elle n’est pas la seule.

« D’habitude, quand les policiers entrent dans le quartier, ils se font lapider. » (©Laurent Derne/Actu Toulouse)

A Toulouse aussi, la lutte d’influence débouche depuis quatre ans sur des guerres territoriales.

Dce sont des points importants sont particulièrement concernés. Il y a, d’une part, le « four » de Trois cocusDistrict de Izards ; et d’autre part, celle de la rue de Menton, quartier Empalot. Avec des fusillades, des morts et de nombreux blessés par balle depuis l’été 2020.


Le gâteau a certainement de quoi faire tourner de nombreuses têtes. Selon les estimations judiciaires, le chiffre d’affaires de ces points de deal serait d’environ… 20 000 euros par jour !

« Le repas avec boisson est gratuit ! »

Se battre contre l’économie parallèle dans un quartier comme La Reynerie, où le revenu annuel moyen par habitant est trois fois inférieur à la moyenne nationale, constitue un défi. Suite à l’opération du matin, une source policière deActualités toulousaines soupire :

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Un guetteur (chouf) reçoit en moyenne une centaine d’euros, afin d’alerter de la présence policière à proximité des points de deal. Pour 10 à 12 heures de « travail » par jour. Et le repas avec boisson lui est offert…

Une source policière d’Actu Toulouse

Bien plus que ce qu’il pourrait gagner, sans diplôme ni expérience, dans un métier plus conventionnel. UN petit dealer tournera pour sa part « autour 150 à 180 euros par jour ». De quoi susciter des vocations, malgré l’ombre carcérale sur laquelle il plane.

« Coup double »

À l’été 2021, le ministère de la Justice a nommé le Toulouseex-numéro 2 ressortissant deOFAST (Office Anti-Stupéfiants) au poste de procureur. Samuel Vuelta-Simon est un spécialiste en la matière. Mais si le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanins’est félicitée l’opération matinale dans la Ville Rose sur X, quel impact concret peut-elle avoir sur le trafic de drogue ?

« Ce type d’opération nous permet de réaliser un double coup : grâce aux renforts obtenus, nous intervenons en nombre pour arrêter les personnes impliquées dans des dossiers fermés et faites réduire le sentiment d’insécurité parmi les habitants du quartier. C’est souvent une grande bouffée d’oxygène pour eux », témoigne, sous couvert d’anonymat, un source policière deActualités toulousaines.

Reconquête républicaine ?

Pour le préfet de Haute-Garonne, Pierre-André Durandc’est de reconquête républicaine ce qui est le cas : « Ces opérations interservices permettent d’utiliser l’ensemble de boîte à outils à la disposition des pouvoirs publics pour constater les infractions, engager des procédures judiciaires ou administratives et faire cesser les comportements déviants.

Le préfet de Haute-Garonne, Pierre-André Durand, entouré du procureur de la République de Toulouse, Samuel Vuelta-Simon et de la DDSP 31, Alexandre Desporte
Le préfet de Haute-Garonne, Pierre-André Durand, entouré du procureur de la République de Toulouse, Samuel Vuelta-Simon et de la DDSP 31, Alexandre Desporte (©Laurent Derne/Actu Toulouse)

» ajoute le procureur. « Il ne faut pas se priver de ces transactions financières nettes. Tous les outils sont bons et doivent être utilisés contre les menaces majeures ». Au total, 250 collaborateurs les forces de l’ordre ont été mobilisées dans la journée.

Le syndicat Alliance douteux

Pointant une nouvelle fois l’augmentation de la charge de travail face à « une délinquance quotidienne qui ne faiblit pas », le Alliance des syndicats de police est plus mesuré sur l’efficacité de ces opérations de poinçonnage.

Évidemment, elles donneront lieu à des saisies et à des arrestations, ce qui est louable. Mais nous restons à la fois attentifs aux peines qui seront prononcées, et dubitatifs sur le fait que ces opérations mettront définitivement un terme au trafic de drogue sur ces points de deal.

Grégory HémousOfficier départemental adjoint du syndicat Alliance Police 31

« Arrêter les petits dealers ne sert à rien »

Cet avis est partagé par une partie de la population. Depuis 1974, B., 62 ans, travaille à La Reynerie. Elle a connu son inexorable dégradation.

Les CRS ont sécurisé les abords de la place Abbal lors de l'opération de contrôle de l'après-midi, mardi 2 avril 2024
Les CRS ont sécurisé les abords de la place Abbal lors de l’opération de contrôle de l’après-midi, mardi 2 avril 2024 (©Laurent Derne/Actu Toulouse)

 » Il y a j’ai toujours eu des points de deal dans le quartier. La drogue circule, c’est comme ça. Mais avant, c’était clandestin, caché. Là rocker date des années 95-2000. Depuis, les gens viennent de partout pour acheter leur dose. Ils font la queue dans la rue sans se cacher.

Le quartier est dévasté, les habitants et leurs enfants sont en danger. Lorsque la police arrête un ou deux trafiquants de drogue, cinq prennent leur place. Arrêter les petits dealers ne sert à rien. Ce sont les gros trafiquants qu’il faut arrêter. Il faut tout raser et reconstruire plus petit, plus intime…

B., 62 ans, qui travaille à la Reynerie depuis 1972

On filme depuis les étages

En début d’après-midi, un deuxième opération connue sous le nom de CODAF (pour Comité Anti-Fraude) a été menée autour de la place Abbal, lieu de descentes régulières de la police. « C’est quoi tous ces flics ? C’est pour la chose est claire, là ? « , » demande un passant refoulé de la petite artère coupée par la police.

Sur les balcons, les curieux se rassemblent. Ils immortalisent le déploiement de force avec leur smartphone et partagent en direct sur les réseaux sociaux. « Souriez, vous êtes filmés ! », dit un policier aux journalistes présents. « D’habitude, quand la police vient ici, elle est défoncée », soupire un habitant qui préfère ne pas s’étendre sur le sujet. UN entraineur de chien rit d’avoir « reçu des pommes » d’en haut.

« Les gens ne sont pas paresseux »

La police nationale et services de l’état (Urssaf, Impôts, Douanes, PAF, services de santé, etc.) contrôlent les commerces à proximité. « Ils traquent le travail dissimulé ou illégal, le blanchiment d’argent, la fraude à la TVA », énumère un membre du corps préfectoral.

Travail dissimulé, hygiène, fraude à la TVA… Certains commerces ont fait l'objet de contrôles ciblés
Travail dissimulé, hygiène, fraude à la TVA… Certains commerces ont fait l’objet de contrôles ciblés (©Laurent Derne/Actu Toulouse)

B. rêve que « la zone de non-droit » se transforme grâce à  » Diversité « . « Il y a beaucoup de gens qui aiment ce quartier et ne veulent pas le quitter. LE taux de chômage y est importante, car elle abrite de nombreux clandestins, migrants, personnes en difficulté sociale. Mais les gens ne sont pas paresseux. Ils travaillent. Dans le noir, bien sûr, mais ils fonctionnent.»

« Un travail de longue haleine »

Interrogé sur la réouverture le même après-midi, du point de vente contrôlé dans la matinée (sic), le directeur départemental de la sécurité publique de la Haute-Garonne (DDSP), Alexandre Desporte montre un léger ennui :

Le Grand Mirail compte 30 000 habitants. Nous ne prétendons pas éradiquer tous les points de deal en 24 heures, c’est un travail de longue haleine.

Alexandre DesporteDirecteur Départemental de la Sécurité Publique de la Haute-Garonne
Les opérations antidrogue du matin ont permis l'arrestation d'une dizaine de personnes.
Les opérations antidrogue du matin ont permis l’arrestation d’une dizaine de personnes. (©Laurent Derne/Actu Toulouse/Illustration)

« Ces opérations judiciaires et administratives coordonnées vont se multiplier dans les prochaines semaines, à Toulouse et dans toute la Haute-Garonne », assure le préfet. Au début de Février, huit tonnes de marchandises illégales ont été saisies et détruits sur un marché de rue très fréquenté, la Place Abbal. Signe aussi que le niveau de vie de certaines populations est proche de rien.

Un tissu social corrompu

Parce que c’est bien lel’argent facile d’une part, et l’absence de perspectives d’autre part, qui corrompre le tissu social. Tout en imposant par la force la loi du silence, les trafiquants offrir du travail aux pauvres, dont le sens moral capitule devant l’état de nécessité. Et face à cela, que peuvent faire les opérations « XXL Net Space » ?

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Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
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