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Toulouse-Leinster. Reportage au plus près des Toulousains avant la finale : « Oser, c’est faire »

Du départ pour Londres jeudi après-midi au coup d’envoi d’une finale qui s’est révélée difficile, les Toulousains ont acquis la conviction que le moment était venu de vaincre enfin leur bête noire. Le récit en plongée et dans les coulisses d’un exploit vécu de l’intérieur.

Il fallait oser… Y croire, et surtout s’en convaincre. Mais, s’il y a une vertu de cette génération toulousaine, elle réside dans sa capacité à être aussi déterminée que décomplexée. Corde cardiaque sur laquelle a dansé Ugo Mola, samedi midi, lors de son dernier discours avant de se rendre au Tottenham Hotspur Stadium, en référence à la devise du club de football local : « Hier, j’ai repéré une inscription dans cet enclos : « Audere est facere ». En latin, cela signifie : « Oser est de faire. » Depuis que nous sommes ensemble, personne ne vous a empêché d’oser. Dans ce club, depuis l’enfance, nous sommes encouragés à être audacieux, impertinents et disruptifs. Vous êtes tous complètement idiots (sic). Ici, pas un mec n’aura une vie normale. Je vous demande d’être vous-mêmes. Ce qu’ils n’ont pas, c’est la folie et un cœur comme ça. Nous allons gagner, les gars. » Deux jours plus tôt, alors qu’il embarquait sur le vol charter pour Londres, Peato Mauvaka nous confiait déjà : « Je sais que nous allons être champions. J’en suis sûr. Mais s’il vous plaît, ne l’écrivez pas avant le match. » Et pour rire : « Alors tu peux écrire un article disant que je te l’avais bien dit! »

Des Toulousains descendent de leur avion à Londres.
Jérémie Fadat

Cette conviction profonde, bien au-delà de la simple confiance, porte le groupe toulousain depuis sa victoire en demi-finale. Et n’a trouvé une résonance toujours plus ancrée que dans les heures précédant le rendez-vous de toute une vie. Face à ce foutu Leinster, source de trop de malheur ces dernières années, qu’il fallait enfin faire tomber pour asseoir sa suprématie. Fini la souffrance, à condition de maîtriser un destin décidément capricieux face à cet ogre irlandais. Encore fallait-il élaborer le plan approprié. Mais pas forcément parfait, car le terme ne colle pas à une institution qui prône le désordre et l’effronterie, au point de pousser le personnel et les dirigeants à improviser un repas pour le moins « franchouillard » le jeudi soir après le traditionnel repas. bière. du président, dans un salon du Melia White House où logeaient les Rouge et Noir à côté de Regent’s Park, bercés par la musique un peu bruyante du « DJ Joe Tekori ». A ce moment, et après avoir regardé pour certains la première demi-finale de Pro D2 entre Grenoble et Dax, les joueurs étaient déjà dans leur chambre. Eux qui avaient basculé dès le matin dans une autre dimension après les tensions inhérentes à un événement d’une telle ampleur. « Le dernier entraînement avant de quitter Toulouse a été très bon, meilleur qu’en début de semaine, où il fallait sûrement digérer l’annonce de la composition de l’équipe pour tout le monde »a admis Mola, qui s’était entretenu avec Thomas Ramos, principale victime du XV de départ, pour expliquer les raisons de son choix.

« Les équipes parfaites ne gagnent pas de titres »

Samedi matin, les Toulousains ont choisi de réaliser leur activation physique sur une petite place à quelques centaines de mètres de leur hôtel, entourée d’immeubles de style victorien. D’abord les réflexes ont fonctionné à travers une fausse partie de padel remportée par Peato Mauvaka. Puis les avants ont répété les combinaisons en touche, avant que Jean Bouilhou ne les rapproche pour glisser : « Les équipes parfaites ne gagnent pas de titres. Une grande équipe est une équipe qui gère de la merde. L’année dernière, contre le Leinster, nous n’avons pas pu le faire. Gérez-le cette fois, car ‘il y en aura, et nous serons champions’. Il y en avait effectivement sur le terrain, lorsque Richie Arnold fut expulsé à la fin de la première prolongation, alors que le suspense était presque anéanti…

Les Toulousains répètent leurs touches au matin de la finale.
Jérémie Fadat

La veille au soir, lors de la dernière réunion collective, Mola avait présenté à ses hommes les scénarios à suivre en cas d’infériorité numérique et avait même alors envoyé les documents par PDF à tous les joueurs, en réponse aux demandes de ces derniers. Peut-être prémonitoire, tant elle était bien gérée… Mola avait ainsi insisté sur « l’intenscipline », à savoir l’équilibre à trouver entre une immense intensité et une discipline indispensable : « Ce sera le nœud du problème. » Et de prévenir, en prenant ironiquement Dorian Aldegheri comme exemple : « Ils vont te provoquer. Doudou, tu vas prendre un « nuquette », à coup sûr. Mais nous n’avons rien à résoudre individuellement. On va être insolents mais dans notre jeu. Nous allons les épater avec notre rugby. » Et le président Didier Lacroix a conclu l’intervention avec… un énorme calbote derrière la tête d’Aldegheri, provoquant l’hilarité générale.

« C’est à nous de les faire redescendre »

Il était écrit que, aussi minime soit-il, les Stadistes étaient obsédés par l’intention d’écrire leur propre histoire. « Je vous ai dit des choses en disant que votre génération n’avait pas eu autant d’impact sur le club que les autres.Mola a promis à son groupe. Mais très peu ont joué comme vous. C’est l’heure. » Un sacre souvent rêvé, désormais planifié. Et, si le bus s’était trompé d’entrée au stade pour l’entraînement du capitaine vendredi et arrivait ensuite avec un bon quart d’heure de retard par rapport à l’heure prévue le jour du match en raison du trafic londonien et du manque d’escorte (rappelant un certain Finale de Top 14 remportée contre La Rochelle…), ce Toulousain avait décidé de braver et d’apprivoiser les aléas. Même l’envoi d’une délégation conduite par Jérôme Cazalbou la semaine précédente sur place, pour faire le point. Et même d’expédier pour la première fois les affaires et le matériel des joueurs mercredi vers la capitale anglaise, où le manager Stéphane Pons s’est occupé de tout. Laissons ensuite Jack Willis, le local du stade, aplanir les relations dans la langue de Shakespeare avec son compatriote arbitre, Matthew Carley, lors de la traditionnelle interview d’avant-match jeudi soir à laquelle assistaient également le staff, Antoine Dupont, Peato Mauvaka, Julien Marchand ou Thibaud Flament.

Des acteurs responsabilisés, au point que chacun présente à son adversaire direct un montage vidéo et quelques mots, vingt-quatre heures plus tard. Et si chacun a dévoilé de précieux secrets techniques, le capitaine Antoine Dupont a donné le ton sur l’état d’esprit en évoquant son homologue Jamison Gibson-Park : « Il parle beaucoup. C’est à nous de le fermer. » Même ton de la part de François Cros, autre leader du groupe, au moment de ponctuer sa présentation sur Ryan Baird : « Comme McCarthy, c’est le joueur qui arrive dans cette équipe. Nous allons donc les faire tomber. » Les champions de France en titre sont en mode mission sur la scène européenne depuis une éternité. Animé par l’envie de retrouver le bourreau de leur légende et surtout habité par le slogan imprimé par le staff et répété à souhait : « Ces dernières années, nous avons trop essayé de les contrer et de nous y adapter. Maintenant, c’est à eux de s’adapter à nous. Une croyance devenue une religion. Ce qui a trouvé un certain écho vendredi après-midi, au moment de l’annonce des compositions, lorsque le Leinster a officialisé son option de placer six attaquants, pour deux et trois quarts, parmi ses remplaçants. A cet instant, Clément Poitrenaud ne pouvait cacher une pointe de satisfaction : « Ils s’adaptent et ils nous craignent d’emblée. Si nous conservons ce secteur, nous aurons des disputes après.» Mola à ses côtés : « Cela nous donne une première indication plutôt positive. On verra mais nous sommes satisfaits d’avoir fait ce banc. A savoir un « 5-3 » censé être plus complet et plus talentueux, capable de favoriser la création d’espaces dans la dernière ligne droite. A condition de rester collé au score, ce qui a été dit, répété et martelé. Puis ces mots, encore, de Mola à ses hommes dont le visage était désormais fermé, moins de trois heures avant le coup d’envoi : « Nous devons les punir. C’est votre heure. » Un aller simple vers la gloire…

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.

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