Categories: Nouvelles sportives

Toulouse – Leinster : Antoine Dupont, Matthis Lebel… Six étoiles pour six étoiles

Ugo Mola aime les histoires, il a été gâté au Tottenham Hotspur Stadium. Six joueurs ont connu un destin particulier, évidemment Antoine Dupont le capitaine, Matthis Lebel le buteur mais aussi Jack Willis et d’autres…

Toto Carter et Richie McDupont

En tant que meilleur joueur du monde, Antoine Dupont doit affronter chaque semaine des équipes déterminées à l’empêcher de faire du mal, multipliant les stratégies collectives plus ou moins efficaces. De quoi – parfois – le faire déjouer et sortir de sa profondeur, comme il a failli le faire à plusieurs reprises, tout en parvenant néanmoins à rester maître de ses nerfs, dans ses choix autant que dans son rapport à l’arbitre. Une leçon évidemment tirée du quart de finale face à l’Afrique du Sud, lors duquel Jacques Nienaber avait déjà usé des mêmes stratagèmes « limite-limite » pour le contrer… « Nous avons tous appris de ce quart de finalesouriait Dupont après le match. Comme les Boks, le Leinster nous a imposé beaucoup de pression aux abords des mêlées et nous a empêché de mettre en place notre jeu. Il n’y avait pas lieu de paniquer. Si tu es encore jeune, tu l’es de moins en moins, c’est à ça que sert l’expérience. » C’est ainsi que « Toto » et ses partenaires sont passés du statut de chassés à celui de chasseurs, utilisant les mêmes méthodes pour gêner Gibson-Park. Dans ces conditions, seul le talent pur allait faire la différence entre les deux mi-mêlées… Pourtant, à ce petit jeu, Dupont ne connaît évidemment pas d’équivalent au monde. Pour preuve, on veut ces sorties de camp impeccables agrémentées de deux magnifiques 50-22, ce que Dan Carter n’aurait pas renié, mais aussi ces 6 défenseurs battus et surtout ces quatre scratchs extrêmement importants, dignes d’un Richie McCaw des grands soirs.

Quel match d’Antoine Dupont, qui remporte sa deuxième Coupe des Champions.
Sportsfile / Icon Sport – Brendan Moran / SPORTSFILE

Incroyablement, Antoine Dupont a réalisé plus de revirements à Tottenham samedi que l’ensemble du pack Leinster, dont deux devant sa ligne, le premier lui permettant même de rattraper sa principale bourde du match, à savoir ce ballon perdu entre les mains de Sheehan. Une nouvelle performance stratosphérique, digne de ce statut de meilleur joueur du monde que personne ne peut contester.

Matthis Lebel, 17 plaqués et le match de sa vie

Il restera, pour la postérité, l’auteur de l’unique essai toulousain de la rencontre. Evidemment un souvenir à part même si on a craint un instant que Matthis Lebel soit injustement frappé du statut de « coupable », pour cette occasion d’essai manquée à la 70e. « Je sais qu’Alex Roumat est en moi, en plus, et je vois bien lors de l’arbitrage vidéo sur grand écran que j’avais la possibilité de lui donner… Quand l’essai a été refusé, j’ai été déçu, bien sûr, mais j’avais aucun doute. Au contraire, il a fallu aller vite. » Chose rendue possible par son incroyable activité défensive, d’abord, avec plusieurs prises de balle très fiables dans le money-time sous les bougies irlandaises mais surtout une incroyable ligne de stat de 17 plaquages, sans doute un record pour un ailier. « J’ai rempli mon quota pour la fin de la saisonce dernier rit. J’ai même joué les 7 dernières minutes du match au centre, lorsque Juan Cruz Mallia a dû quitter le terrain. Quand nous avons parlé de cette possibilité avec Ugo la veille, je ne l’ai entendu que d’une oreille, j’étais tellement convaincu que cela n’arriverait pas. Heureusement, c’est au poste d’ailier que Lebel a eu l’occasion de marquer l’essai gagnant, parfaitement compensé par Ramos et Chocobares. « Si je n’avais pas réussi à terminer le plan, les gens auraient pu me le reprocher, sourit Lebel. Ce n’est pas le fait de marquer qui est génial, mais le fait de récompenser l’équipe, d’autant plus que c’est un mouvement collectif sur lequel on avait travaillé toute la semaine. Nous avons réussi à mettre en place une action au bon moment même si nous avions du mal à le faire auparavant. Cette action est arrivée juste au bon moment mais ma joie aurait été la même si n’importe quel autre joueur s’était aplati. » Ouais, on se voit dans dix ans…

Cette fois l’ailier est sûr de lui, il a bien marqué cet essai.
PA Images / Icon Sport – Mike Egerton

Blair Kinghorn n’avait jamais battu les Blues

Contre le Leinster, l’international écossais Blair Kinghorn, titulaire au poste de latéral à la place de Thomas Ramos, a inscrit quatre des cinq penaltys qu’il a dû tenter, a sauvé un essai que Dan Sheehan était sur le point d’aplatir et, sur le terrain de Tottenham, a été le toulousain avec le plus de mètres parcourus (111). Au micro du BBCil a confié au coup de sifflet final : « Si vous m’aviez dit en novembre dernier que je gagnerais la Coupe des Champions avec Toulouse, je ne vous aurais pas cru. C’est incroyable… Je n’ai même pas les mots, en fait… Vous rendez-vous compte qu’en neuf saisons à Édimbourg (son ancien club, NDLR), Je n’ai jamais battu le Leinster ? Arrivé dans la ville rose en décembre et pour remplacer Melvyn Jaminet, parti depuis à Toulon, l’international écossais Blair Kinghorn (27 ans, 53 sélections) a donc trouvé ses marques dans la ligne d’attaque toulousaine. Il nous a récemment déclaré : « La première chose que mon professeur de français m’a apprise était : « Jeu de mains, jeu de Toulouse ! » C’est un style de jeu qui ne ressemble à aucun autre ; un rugby très différent de celui que je jouais jusque-là à Edimbourg, où les structures étaient beaucoup plus figées. A Toulouse, il y a beaucoup de passes courtes, des passes dans le tacle, souvent trois appuis pour le porteur du ballon… Quand on joue tous au même rythme, j’y prends un plaisir incroyable. » Et ça se voit, jeune homme…

Blair Kinghorn a finalement battu les Irlandais du Leinster.
Sportsfile / Icon Sport – Harry Murphy / SPORTSFILE

Santiago Chocobares, il fallait l’inviter

Il n’aurait même pas dû être là. Suspendu trois semaines pour un tacle dangereux réalisé en demi-finale, le centre argentin Santiago Chocobares a vu – comme tant d’autres – sa peine réduite d’une semaine après avoir validé le protocole HCP auprès de World Rugby. « Cela consistait à être filmé expliquant l’erreur que nous avions commise, pourquoi nous l’avions commise et comment l’éviter, puis à tacler un certain nombre de fois en démontrant que nous adoptions la bonne attitude », sourit Chocobarès. Le montage de mouches pour les joueurs professionnels, demandez-vous ? Nous ne nous aventurerons pas plus loin dans ce domaine… Le fait d’avoir sacrifié à cette mascarade a permis à Chocobares de postuler pour la finale, permettant à Ugo Mola de lui trouver une place sur la feuille de match. Plus qu’un signe du destin puisqu’après la blessure précoce de Pita Ahki, l’Argentin a été amené à jouer un rôle majeur dans cette finale. D’abord en défense, où il a réussi sa mission de canaliser le puissant Henshaw, jusqu’à se faire remarquer avec une interception cruciale pour annihiler une possession brûlante du Leinster dans les 22 mètres toulousains (54e). « Je vois Lowe arriver et j’ai alors deux solutions : défendre l’espace où se trouve l’homme. J’ai compris à son attitude qu’il allait essayer de me dévisager, alors j’ai anticipé sa passe.

Une inspiration divine qui a permis à Toulouse de se dégager dans un énième temps faible, et d’aller en prolongation. Où Chocobares s’est fait remarquer cette fois dans un registre plus classique pour un centre, lorsqu’il a parfaitement joué le coup pour décaler Lebel. « Tout d’abord, c’est Thomas Ramos qui fait le plus gros du travail, portant le ballon juste assez pour attirer la défense. Pour moi, c’était facile : j’ai juste dû redresser ma trajectoire pour jouer à deux contre un contre Keenan qui a été contraint de fermer. » Cependant, plus facile à dire qu’à faire à la 84e minute d’une finale de Coupe d’Europe aussi intense…

Thomas Ramos, de zéro à héros

Il était évident que le concurrent restant Thomas Ramos n’allait pas se contenter d’être aligné pour la deuxième fois consécutive sur le banc par Ugo Mola en Champions Cup. Un choix que, cette semaine, le manager du Stade toulousain avait décidé d’assumer avec son joueur en lui expliquant directement les raisons. Lui glissant même un mot personnel et prémonitoire à l’oreille juste avant son entrée en jeu à la 60e minute : « C’est vous qui nous ferez gagner »… Insuffisant pour chasser toute son amertume ? On l’aurait cru au premier abord, au vu d’une entrée en jeu plutôt timide dans le domaine des duels aériens, qui a vu Ramos rater pas moins de trois ballons sous les bougies de Gibson-Park et Byrne. Ce qui a probablement coûté au Stade les prolongations nécessaires, et aurait même pu être payé encore plus cher, compte tenu de la domination des Irlandais dans le secteur de la mêlée fermée… « Evidemment on ne se prépare pas de la même manière quand on est remplaçant ou titulaire, a expliqué ce dernier. Pour les remplacements, on a le temps de faire monter la pression, d’observer un peu ce qui se passe. J’ai utilisé la première mi-temps pour les observer défensivement, comment ils défendaient, que pouvais-je apporter en seconde période qui nous permettrait de les punir en prolongation. » C’est ainsi que, conformément à la prédiction de son manager (qui avait rappelé la veille que sa fraîcheur « pourrait permettre de marquer le penalty qui compte en fin de match »), Ramos n’a pas tremblé lorsque Kinghorn lui a donné le tee, immédiatement après son entrée en jeu. « C’était normal à mes yeux de lui laisser le but car il a plutôt réussi, a expliqué Ramos après la rencontre. J’ai demandé à Blair s’il voulait le prendre, ça me paraissait logique de lui poser la question, mais c’est lui qui m’a dit : « Vas-y, j’ai un peu mal au mollet. » Cela montre encore une fois l’état d’esprit de ce groupe, il n’y a pas d’ego déplacé. Puis j’ai continué, parce qu’il m’a laissé continuer à trébucher. C’est là que cette équipe se démarque. Il y a des égos, bien sûr, mais ils servent tous l’équipe, qui reste au-dessus de tout. »

Thomas Ramos a su faire la différence dans les moments cruciaux.
Sportsfile / Icon Sport – Brendan Moran / SPORTSFILE

C’est ainsi que, malgré un échec, l’arrière du XV de France a inscrit quatre penaltys accompagnés d’une transformation dans le money-time avec un sang-froid toujours impressionnant, qui a permis au Stade d’assurer sa victoire. Notamment lors de la deuxième période de prolongation, où ses deux succès ont permis de creuser un écart suffisant malgré l’infériorité numérique liée au carton rouge d’Arnold…

Jack Willis, l’heure du tapper

À Tottenham, le troisième ligne anglais a réalisé sa meilleure performance sous le maillot du Stade toulousain, où il est arrivé il y a six mois après la liquidation judiciaire de Wasps, son ancien employeur. Auteur d’une trentaine de plaquages ​​(!) contre le Leinster en finale, il a aussi été une menace constante pour les Irlandais dans les zones d’affrontement. Après le match, il s’est confié dans les entrailles du Hotspur Stadium : « Les dernières saisons ont été compliquées pour moi : les Guêpes ont disparu, je n’ai pas joué autant en équipe nationale que je l’aurais souhaité… En ce sens, ce que Toulouse m’offre aujourd’hui est immense. J « J’ai rarement vécu de tels moments de bonheur et le fait d’avoir remporté cette finale contre le Leinster donne un peu plus de force à ce titre : qu’on le veuille ou non, les Bleus dominent le rugby européen depuis près de dix ans ». Alors, cher Jack ? « Après le coup de sifflet final, je suis resté quelques minutes sur le terrain et j’ai pensé : « Moi qui rêvais de remporter la Coupe des Champions depuis l’âge de 6 ans, je viens de le faire contre le Leinster et après un match à cent minutes de la fin. » Et j’ai souri.

Jack Willis peut en profiter, il a fait un énorme match à Londres.
PA Images / Icon Sport – Mike Egerton

Désormais considéré comme un titulaire incontestable pour l’équipe d’Ugo Mola, Jack Willis forme avec François Cros et Alexandre Roumat le plus beau troisième trio du championnat. Ou même plus ?

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.

Recent Posts

Même en Top 14, le club de Vannes Rugby refuse la folie des grandeurs

Les Vannetais lors de leur défaite contre le club de Toulon Rugby, lors de la quatrième journée de Top 14,…

37 secondes ago

la vie en ruines près d’un an après les attaques terroristes du Hamas

Publié le 10/04/2024 21:27 Mis à jour le 10/05/2024 00:34 Durée de la vidéo : 5 minutes Gaza : la vie en…

3 minutes ago

Kamala Harris favorite des sondages à un mois de la présidentielle américaine, mais rien n’est joué

BRENDAN SMIALOWSKI, PETER ZAY / AFP Kamala Harris et Donald Trump sont les candidats à l'élection présidentielle américaine de 2024.…

4 minutes ago

David Trezeguet accusé de « violences psychologiques et verbales » par son ancienne compagne

Belén Cosimo a longtemps préféré garder le silence. Par honte et par peur, déclare la jeune femme dans une interview…

5 minutes ago

DIRECT. ASSE-Auxerre (Ligue 1 2024-2025) à suivre en direct

Bienvenue sur L'Équipe en direct pour suivre en direct ce match de football entre Saint-Étienne et Auxerre (Ligue 1, 7ème…

7 minutes ago

Amazon lance les promotions Prime Day en avance !

Le Dreame L10 Prime n'est pas l'aspirateur le plus puissant du marché, avec seulement 4 000 Pa, une valeur qui…

8 minutes ago