Le géant du luxe Kering continue de boire la coupe. Le groupe, dirigé par François-Henri Pinault, a prévenu ce mardi que « compte tenu de la dégradation de l’évolution de son chiffre d’affaires, le groupe anticipe désormais une baisse de son résultat opérationnel courant pour le premier semestre 2024 de l’ordre de 40% à 45% par rapport au premier semestre 2023 « .
Un commentaire tenu lors de la présentation de ses résultats trimestriels. Ce serait alors bien pire que la baisse observéel’année dernière, oùLe groupe de luxe a fait état d’une baisse de 15% de son résultat opérationnel, et de 4% de son chiffre d’affaires. Par ailleurs, sur les trois premiers mois de l’année, Kering a déjà enregistré un chiffre d’affaires de 4,504 milliards d’euros, en baisse de 10% à base comparable par rapport aux revenus du premier trimestre 2023. Un chiffre qui contraste fortement avec celui de son concurrent LVMH, qui affiche une hausse de ses revenus de 3%.
Surtout, Kering fait moins bien que le consensus des analystes qui tablaient sur une baisse de 9% selon UBS. » La performance de Kering s’est fortement détérioré au premier trimestre », a reconnu François-Henri Pinault. Si l’annonce était faite après la clôture des marchés, le titre Kering pourrait bien souffrir de l’annonce de l’ouverture mercredi matin. A noter : entre janvier 2023 et janvier 2024, le groupe a perdu 28%. A titre de comparaison, sur la même période son concurrent LVMH n’avait perdu que 2 %.
Gucci et la Chine pointés du doigt
Cette contre-performance montre les difficultés du groupe sur des marchés clés, notamment en Chine. Là-bas, le secteur du luxe espérait une reprise rapide après la levée des restrictions sanitaires, mais ces attentes ont été freinées par la crise immobilière que traverse le pays et le taux de chômage élevé des jeunes. Mais la mise en garde de Kering illustre surtout la forte perte de dynamisme de sa marque Gucci.
» Nous nous attendions à un début d’année difficile ; les conditions de marché, notamment en Chine, et le repositionnement stratégique de certaines de nos maisons, à commencer par Gucci, ont accru la pression sur notre chiffre d’affaires. », a commenté le PDG de Gucci. Les ventes de la maison phare, qui représente près de la moitié des ventes du groupe et les deux tiers de son résultat opérationnel, ont diminué de 18%, à 2,079 milliards d’euros. Ceci, alors que le consensus attendait 14% pour Gucci.
» Compte tenu de cette baisse et de notre volonté de continuer à investir de manière sélective sur le long terme dans l’attractivité et l’exclusivité de nos marques, nous anticipons une baisse significative du résultat opérationnel courant au premier semestre. Nous travaillons sans relâche pour surmonter les défis actuels et recréer les conditions nécessaires à une croissance durable à long terme. », a ajouté le PDG du groupe.
Grand ménage chez Gucci
Face aux difficultés de Gucci, sa maison mère décide de lancer un plan de relooking. Après s’être séparé du créateur artistique de Gucci, Alessandro Michele, en janvier 2023, remplacé par Sabato de Sarno, François-Henri Pinault a nommé l’un de ses plus proches collaborateurs à la tête de la marque italienne, Jean-François Palus, directeur général adjoint de Kering.
Le groupe a également indiqué, lors de la présentation de ses résultats annuels en février dernier, vouloir mettre en œuvre « une stratégie d’élévation » (haut de gamme). « Il s’agit de continuer à investir dans nos marques sur le long terme »et de ne pas rechercher un retour à la croissance l’année prochaine, a expliqué la directrice financière de Kering, Armelle Poulou, lors d’un échange téléphonique avec des agences de presse.
» Ce type de stratégie est vertueux pour les marques à moyen-long terme mais demande généralement beaucoup de temps et d’investissements avant de porter ses fruits. », commentait pour La Tribune Charles-Louis Scotti, analyste chez Kepler Cheuvreux, chargé de recherche dans le secteur du luxe, en février.
Dans un tel contexte, « notre investissement continu dans nos maisons pèsera sur nos résultats à court terme », avait déjà prévenu François-Henri Pinault en février. Une note lourde qui devrait donc surtout peser sur le premier semestre.
(Avec les agences)