Leasing social : une dette de 100 millions d’euros pour l’Etat
Depuis plusieurs mois, l’État français ne rembourse ni les avances du bonus écologique, ni les 13 000 euros qu’il avait promis de prendre en charge pour chaque voiture électrique éligible au leasing social.. Ces retards de paiement atteignent désormais plus de 100 millions d’euros, créant des difficultés financières pour de nombreux groupes de distribution automobile. Dommage alors que le gouvernement a décidé de doubler son budget et le nombre de dossiers retenus pour ce système : 600 millions d’euros au lieu de 300 millions pour un total de 50 000 dossiers validés contre 25 000 initialement.
L’inefficacité administrative de l’Agence de services et de paiement (ASP), chargée de ces remboursements, est directement pointée du doigt par les distributeurs automobiles. Comme le souligne à juste titre Xavier Horent, délégué général des Mobiliens, anciennement Chambre syndicale du commerce de l’automobile : « Quel est l’intérêt de signer un contrat stratégique de filière automobile si la gestion administrative n’arrive pas à suivre ? « .
Détresse financière forcée pour les concessionnaires
Ce n’est un secret pour personne : le marché des véhicules électriques en France dépend essentiellement des aides publiques. La preuve en est : la fin des aides publiques en Allemagne a entraîné une baisse de 29 % des ventes de véhicules électriques en mars 2024. La promesse d’obtenir une voiture électrique pour environ 100 euros par mois via le leasing social en France a, sans surprise, fait exploser le nombre de demandes. « Nous ne pouvons pas nous permettre de dire non lorsque les clients arrivent chez le concessionnaire pour un leasing électrique. », déclare un dealer désemparé.
Les préoccupations des professionnels du secteur ne se limitent pas à ce seul aspect. Les concessionnaires s’inquiètent également de la façon dont ils géreront leur inventaire ainsi que de la valeur des véhicules électriques, qui pourraient devenir obsolètes après 3 ans de location en raison des avancées technologiques dans ce secteur. Certains empruntent pour répondre à la pression des consommateurs et des constructeurs automobiles, d’autres, exaspérés, ont décidé de suspendre les livraisons jusqu’à ce qu’ils reçoivent leur remboursement. En fin de compte, avec un endettement aussi important, l’État ne tient pas sa promesse envers les concessionnaires, mais aussi, indirectement, envers les consommateurs. Le renouvellement du bail social qui pourrait potentiellement passer à 100 000 dossiers en 2025 a de quoi laisser sceptique…