Totalenergies : Pourquoi Totalenergies n’atteindra pas de sitôt sur le S&P 500 à Wall Street
(BFM Bourse) – La major pétrolière a indiqué qu’elle envisageait de venir à New York pour sa cotation principale. Mais pour entrer dans l’indice emblématique de Wall Street, le groupe doit être domicilié aux Etats-Unis, ce qui ne fait pas partie de ses projets.
L’annonce de Totalenergies a fait l’effet d’une petite bombe sur le marché parisien vendredi. Le PDG de la major pétrolière, Patrick Pouyanné, a déclaré à Bloomberg puis aux analystes que le conseil d’administration du groupe lui avait demandé d’étudier une première cotation à la Bourse de New York.
Le groupe est actuellement absent du marché américain, avec seulement un « ADR » (American deposit deposit), un certificat de dépôt qui permet aux investisseurs américains de se positionner sur les groupes étrangers et qui ne constitue pas une « véritable cotation », comme le souligne Patrick Pouyanné. a déclaré vendredi aux analystes.
L’idée est de se rapprocher de l’actionnariat du groupe, alors que les investisseurs américains détiennent près de 50 % du capital de la major. Surtout, les actionnaires américains gagnent du terrain au capital du groupe tandis que les européens tendent à en sortir. « Nous sommes confrontés à une situation où les actionnaires européens vendent ou maintiennent leur participation, et où les actionnaires américains achètent », a expliqué Patrick Pouyanné à Bloomberg.
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Une question de domiciliation
Pour autant, Totalenergies pourrait-elle prétendre entrer dans le principal indice de référence aux Etats-Unis, à savoir le S&P 500 ? La question est loin d’être anodine à l’heure où la gestion passive, qui consiste justement à investir dans des fonds répliquant de grands indices (ETF), prend de l’ampleur. Selon Morningstar, cité par le Financial Times, les actifs sous gestion passive aux Etats-Unis se sont élevés l’an dernier à 13.300 milliards de dollars contre 13.200 milliards pour la gestion active.
Patrick Pouyanné a lui-même répondu à cette question vendredi après-midi, posée par un analyste de Goldman Sachs. « Vous connaissez la réponse à la question et vous savez très bien que vous ne pouvez pas rejoindre le S&P 500 si vous n’êtes pas domicilié aux Etats-Unis, ce que nous ne voulons pas faire », a-t-il déclaré. « L’indice (S&P 500, NDLR) serait un plus mais il n’est pas au programme », a-t-il conclu.
Les règles fixées par S&P Global stipulent qu’une entreprise doit être « domiciliée aux Etats-Unis » pour intégrer ses indices de référence. Toutefois, Totalenergies a déclaré à plusieurs reprises vouloir conserver son siège social en France.
« Je me soucie de Total, je me soucie du siège français de Total, Total est une entreprise française et doit rester une entreprise française », a déclaré dimanche soir le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Le responsable politique a toutefois reconnu que le constat du groupe pétrolier était « lucide ». « Il n’y a pas d’argent en Europe », a lancé le dirigeant. « Si nous voulons que le siège boursier de Total reste en Europe, il faut lui offrir les moyens de se développer », a ajouté Bruno Le Maire.
On se voit en septembre?
Pour mémoire, l’entrée dans le S&P 500 implique d’autres obligations, que Totalenergies remplirait facilement. Parmi eux, une capitalisation boursière supérieure à 18 milliards de dollars (le groupe dépasse les 170 milliards de dollars), et un bénéfice net positif sur le dernier trimestre ainsi que sur les quatre derniers trimestres, en données comptables américaines (US GAAP).
Ce sujet de domiciliation peut aussi expliquer pourquoi Stellantis, cotée à New York, Milan et Paris, n’est pas présente dans le S&P 500. La société issue de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler est domiciliée aux Pays-Bas.
Cependant, la Banque Royale du Canada évoquait en septembre le cas du britannique Ferguson, une entreprise spécialisée dans la distribution d’articles chauffants et de produits sanitaires, et qui a choisi de transférer sa cotation principale à New York. Cette société n’a pas déménagé son siège social mais elle possède un « siège opérationnel » aux États-Unis et se considère donc éligible à l’inclusion dans le S&P 500, a rapporté la banque canadienne. Toutefois, cela ne s’est pas encore produit.
Pour revenir sur Totalenergies, Patrick Pouyanné a souligné que, même si son groupe n’entrait pas dans le S&P 500, « quand je discute avec les actionnaires américains », avoir un accès direct à l’action aux Etats-Unis « serait un plus » plutôt que via l’ADR. ou action à Paris (avec le taux de change comme risque, NDLR) ».
Le gérant a précisé qu’il soumettrait au conseil d’administration ses réflexions sur une éventuelle cotation principale à New York d’ici septembre prochain.
Rappelons également que rien ne dit pour l’instant que le groupe n’optera pas pour une double cotation, à la fois à Paris et à New York.
« La réflexion de Totalenergies « souligne le désavantage structurel auquel sont confrontées les grandes entreprises européennes par rapport à leurs homologues américaines. « Nous ne sommes pas convaincus que le groupe franchira réellement le pas (d’une cotation principale à New York, NDLR), mais c’est au moins un rappel utile des différences relatives de valorisation dans un contexte mondial », a commenté vendredi la Banque Royale du Canada. .
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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