« TotalEnergies ne réduira pas sa production d’énergies fossiles parce que nous le lui demandons poliment »
P.our son 100ème anniversaire, TotalEnergies présentera ses résultats et sa stratégie vendredi 24 mai lors de l’assemblée générale des actionnaires. Au vu des choix stratégiques, la major fait tout pour célébrer son 150e anniversaire, en 2074, sur une planète qui sera devenue largement inhabitable.
Parce que TotalEnergies n’entend pas réduire sa contribution à la catastrophe climatique en cours ; au lieu de cela, il prévoit de l’accélérer en augmentant sa production de combustibles fossiles. Lors de son audition par l’actuelle commission d’enquête sénatoriale, son PDG, Patrick Pouyanné, a défendu son plan d’investissement, qui prévoit d’augmenter sa production d’énergies fossiles de 2% à 3% par an sur les cinq années à venir.
Au lieu de cesser tout investissement dans de nouvelles infrastructures fossiles, comme le recommande l’Agence internationale de l’énergie pour espérer atteindre l’objectif de l’accord de Paris, TotalEnergies a décidé de faire le contraire.
Dénigrer les scientifiques
Pour justifier ses investissements, la tactique de TotalEnergies est désormais bien rodée et structurée autour de six points.
1. Verdir l’image de la marque à moindre coût : changer de nom et mettre systématiquement en avant les énergies renouvelables dans sa communication publique, alors même que celles-ci ne représentent que 2% de la production du groupe en 2023, et qu’elles resteront en dessous de 10% en 2030.
2. Déformer les faits scientifiques pour rendre sa politique de développement faussement compatible avec les objectifs climatiques, ce que les auteurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avaient déjà dénoncé en février 2023.
3. Dénigrer les scientifiques si nécessaire. « Je respecte l’avis des scientifiques, mais il y a la vraie vie », rétorquait Patrick Pouyanné au climatologue Jean Jouzel en septembre 2023, oubliant au passage que c’est de la « vraie vie » dont parlent climatologues et écologistes : canicules, fonte des glaciers, baisse des rendements agricoles, températures record des océans, disparition d’espèces, famines. Le désastre écologique fait déjà et continuera de faire des millions de victimes, détruisant de « vraies vies ».
4. Justifiez votre stratégie par l’argumentation éculée et souvent démontée d’un » demande « à laquelle il faudrait bien sûr répondre. Rappelons que la dépendance de nos sociétés aux énergies fossiles, loin de répondre à un besoin, a été construite et reste entretenue par les entreprises du secteur. TotalEnergies, par exemple, continue de construire des centrales électriques au gaz qui contribueront à cette « demande » pour les décennies à venir.
Il vous reste 61,8% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
