Romain Rouillard et Martin Lange / Crédit photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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07:43, 26 juillet 2024
Organiser les Jeux olympiques chez soi, c’est bien, mais y briller, c’est encore mieux. C’est sans doute la pensée qui a traversé l’esprit d’Emmanuel Macron au moment de fixer l’objectif de la délégation française. Le chef de l’État souhaite voir la France entrer dans le top 5 du classement des médailles à l’issue des JO de Paris (26 juillet-11 août) et réaliser ainsi une performance inédite depuis près de 30 ans et les Jeux d’Atlanta en 1996.
Pour y parvenir, si l’on s’en tient au classement des derniers JO, organisés à Tokyo en 2021, la France devra doubler le nombre de titres obtenus il y a trois ans. Au Japon, la délégation française avait remporté 10 médailles d’or – comme à Rio en 2016 – pour un total de 33 médailles et une 8e place au classement. La Russie, qui concourait sous bannière neutre en raison de violations des règles antidopage, occupait justement cette 5e place, avec un total de… 20 médailles d’or. Car c’est bien le nombre de médailles d’or qui détermine le classement final.
Le podium accessible ?
Mardi 23 janvier, lors de ses vœux olympiques et paralympiques à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, Emmanuel Macron a notamment salué « certaines projections » qui indiquent que la France « pourrait vivre ses meilleurs Jeux depuis 1900 ». L’institut britannique Gracenote Nielsen, qui s’appuie sur les résultats individuels et collectifs acquis lors des derniers précédents JO, championnats et coupes du monde, voit la France monter sur la troisième marche du podium et donc faire encore mieux que l’ambition présidentielle.
Une prévision selon laquelle la France glanerait pas moins de 27 médailles d’or pour un total de 52 babioles. Seuls les intouchables Chine et les Américains feraient mieux. « Au cours de ce siècle, la France a obtenu des succès olympiques dans 15 à 19 sports différents à chaque édition des Jeux olympiques, mais des médailles sont désormais attendues dans 24 sports différents, ce qui constitue un nouveau record pour la France », affirme l’institut.
Il faut dire que les Bleus auront l’avantage de jouer devant un public entièrement acquis à leur cause. Ce qui, à de rares exceptions près, a toujours profité à la nation hôte. Dernier exemple en date : le Japon, 6e au classement à Rio avec 41 médailles dont 12 en or et 3e à Tokyo en 2021, avec 58 médailles et 27 titres. Un atout dont seuls la Finlande (1952) et les États-Unis (1996) n’avaient pas bénéficié au cours du siècle dernier.
Une importante délégation
L’objectif fixé n’a donc rien d’utopique. « Compte tenu du classement officieux des médailles d’or olympiques, il est non seulement atteignable mais sera probablement dépassé. Derrière les intouchables USA et la Chine, et en l’absence de la Russie, la France devrait désormais rivaliser avec la Grande-Bretagne et se placer en 3e ou 4e position », prédit Thierry Terret, historien du sport et délégué ministériel aux Jeux olympiques et paralympiques entre 2018 et 2022.
Pour y parvenir, les Bleus pourront compter sur une délégation plus nombreuse que d’habitude. « C’est la première fois que nous sommes sélectionnés dans toutes les disciplines. Tous les sports, toutes les fédérations sont représentés et pas seulement grâce aux quotas du pays hôte. Ce sont des qualifications qui se sont jouées sur le plan sportif. Si on prend l’exemple de l’escrime, c’est la première fois que nous avons six disciplines représentées individuellement et par équipes », explique Astrid Guyart, ancienne escrimeuse médaillée olympique et secrétaire générale du Comité national olympique et sportif français (CNOSF).
Des sportifs choyés
Cette année, les forces en présence dans le camp français nous donnent de bonnes raisons d’y croire. Notamment en judo, valeur sûre de la performance française aux Jeux, où les Bleus, emmenés par Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou, visent une belle moisson. Romain Cannone, champion olympique en titre et la numéro 1 mondiale Sara Balzer seront nos têtes d’affiche en escrime, tandis que Léon Marchand et Florent Manaudou, en natation, ou encore Félix Lebrun en tennis de table feront partie des attractions du camp français. Sans oublier les sports collectifs – volley-ball, handball et pourquoi pas basket avec le phénomène Victor Wembanyama – toujours gros pourvoyeurs de médailles aux Jeux.
La France met en tout cas tout en œuvre pour concrétiser cet objectif. À l’image de la Maison de la Performance, située à deux pas du village olympique. « C’est un projet ambitieux qui vise à offrir un environnement optimal à nos athlètes, en leur donnant accès à des espaces d’entraînement supplémentaires, une salle de musculation, une zone de récupération, un espace médical ou encore des salles de débriefing », explique Frédéric Sanaur, directeur général de l’Agence nationale du sport.
Le CNOSF travaille également à mettre les athlètes dans les meilleures conditions possibles. « Nous aurons des carrés de supporters dans les stades, dans les gymnases pour booster nos athlètes français », explique Astrid Guyart, ajoutant que « les deux tiers des acheteurs sur la billetterie officielle sont français ». De quoi offrir aux athlètes français tous les ingrédients nécessaires à une quinzaine historique.
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