Sur un modèle économique similaire, Toulouse et Bordeaux s’affronteront vendredi soir pour le titre de champions de France 2024. Un 23ème bouclier pour le Stade ou une grande première pour l’Union ? L’étudiant bordelais n’a jamais semblé aussi proche de son modèle et maître toulousain. Décryptage.
Toulouse – Bordeaux est peut-être la meilleure affiche possible pour cette première finale de Top 14 disputée à Marseille. La raison ? Le Stade toulousain est une sorte de « bonne mère » pour l’Union Bordeaux Bègles. En 2006, l’UBB est née de la fusion de deux clubs historiques CA Bègles-Bordeaux et Stade Bordelais UC. Depuis, elle est soutenue à bout de bras et avec conviction par Laurent Marti, son président, qui a joué au rugby au Stade toulousain (avec les Espoirs). Depuis, elle s’est renforcée ces derniers mois avec l’arrivée d’un manager nommé Yannick Bru, qui a passé dix-huit ans dans la maison toulousaine pour se bâtir un palmarès à bout de bras en tant que joueur et entraîneur (deux Boucliers de Brennus en quatre finales et deux Coupes d’Europe en trois finales en tant que joueur ; trois titres de champion de France et une Coupe d’Europe en tant qu’entraîneur).
Le palmarès toulousain
Samedi soir, dans les allées du Stade Matmut, Bru n’a pas caché que la rencontre aurait forcément une saveur particulière : « J’ai beaucoup d’amis et de respect pour ce club (Toulouse) même si on peut avoir des divergences par moment. Mais on voit un fil conducteur, avec beaucoup de respect pour les gens qui ont porté le maillot et qui ont travaillé à construire l’histoire. du club. Cette connexion entre Toulouse (22 Boucliers et 6 Coupes d’Europe/Coupe des Champions) et l’UBB (toujours sans titre) se retrouve jusque dans la construction de ces deux clubs aujourd’hui présidés par d’anciens joueurs (Laurent Marti et Didier Lacroix. Des hommes qui ont reconstruit leur club autour de nouvelles fondations basées sur l’économie réelle.
La formation comme base
Ils n’ont pas de clients pour boucher les trous ou acheter des joueurs. Mais une politique axée notamment sur les recettes dites « jours de match » et sur la formation. Pour le Stade Toulousain, Lacroix a réveillé un géant endormi, car ce club a amené d’innombrables grands noms du rugby français. Si Marti, avec son œil avisé, a également réalisé de belles actions en matière de transferts, il a renforcé les structures des deux institutions qui ont fusionné pour créer l’UBB. Le club devient ainsi le deuxième fournisseur de joueurs du XV de France et il s’appuie sur une structure de formation solide dont sont issus Matthieu Jalibert, Nicolas Depoortère et Maxime Lamothe, pour ne citer qu’eux.
Deux clubs bénéficiaires
D’un point de vue économique, l’UBB semble également s’inspirer du modèle toulousain même si Toulouse reste loin devant en termes de budget (46 millions pour 33). » Ce sont avec La Rochelle les trois locomotives du Top 14. Elles sont effectivement similaires. Pour elles, les jours de match sont de véritables produits. Elles bénéficient toutes d’un engouement populaire important et réalisent des affluences très importantes, mais elles parviennent aussi à maximiser leurs revenus. Toulouse est très fort en matière d’accueil mais Bordeaux compense avec des revenus dits « supplémentaires » du grand public. Être dans l’économie réelle ça marche pour eux : ce sont souvent les trois seuls clubs capables de terminer l’année en beauté. une note positive », nous glisse un des contrôleurs A2R.
Un coup d’oeil au rapport annuel produit par l’organisme de surveillance financière de la LNR montre que leurs résultats d’exploitation pour la saison dernière sont essentiellement identiques, un peu moins d’un million d’euros de bénéfices. « Ils sont obligés de produire des résultats économiques de par leur structure, et leurs dirigeants sont ultra compétents en la matière. » Et pour ce faire, ils sont logiquement contraints de briller sportivement pour attirer supporters et sponsors. Si tous les indicateurs évoqués (budget, palmarès, international) placent Bordeaux dans le statut de l’étudiant par rapport au master toulousain, l’écart n’a jamais semblé aussi mince. Les joueurs de Yannick Bru disputaient leur quatrième demi-finale consécutive face au Stade Français. Seul Toulouse fait mieux avec une présence continue à ce niveau depuis 2019, soit cinq. Comme Toulouse mais pour l’instant sans le même succès, Bordeaux progresse également chaque saison en phase finale de la Champions Cup. Preuve supplémentaire que ce sont bien deux très grands clubs qui se disputeront le titre de Champion de France, vendredi à Marseille.