Top 14 – Hugo Auradou : de sa descente aux enfers à son retour en championnat : chronologie des six derniers mois de l’international français titulaire avec Pau

La quatrième journée du Top 14 sera donc marquée par Le grand retour d’Hugo Auradou sur les terrainsla deuxième ligne de la Section Pau. Son entraîneur Sébastien Piqueronies a confirmé la convocation et la titularisation de son joueur pour le déplacement à Perpignan, plus de six mois après son dernier match sous les couleurs de Pau.

• 30 mars 2024 : dernier match avec la Section

LE 30 mars 2024Hugo Auradou débute son 9ème match en tant que titulaire avec les Béarnais depuis le début de la saison. Avec le numéro 4 sur le dos sur la pelouse d’Ernest-Wallon face au Stade Toulouse, le jeune deuxième ligne ne sait pas encore qu’il dispute son dernier match en club depuis longtemps. Personne d’ailleurs n’aurait pu imaginer un tel scénario, dans une région plus marquée par ‘revenir’ de Romain Ntamack après sa grave blessure au genou. En effet, quelques jours plus tard (le 5 avril plus précisément), son club officialisait sa fin de saison. Le jeune international U20 souffre d’une grave entorse à la cheville et doit mettre un terme à sa saison même s’il évite une intervention chirurgicale. Dans les petits papiers du staff français partant en tournée en juillet, sa présence est incertaine, mais Auradou parvient à être soigné à temps.

LE 17 juinil fait partie de la première liste de Fabien Galthié pour la tournée en Argentine, cinq jours après sa prolongation avec la Section jusqu’en 2028. Avec ses partenaires du club Émilien Gailleton et Théo Attissogbe, mais aussi Lenni Nouchi, Baptiste Jauneau et un certain Oscar Jegou, il représente la nouvelle génération bleue qui doit compenser l’absence de « premium ». LE 23 juinaprès les demi-finales, le sélectionneur confirme sa liste définitive. Et les Tricolores s’envolent pour l’Argentine à 42 mercredi 26 juin et atterrissez à Buenos Aires à 21h45 (heure locale) après un vol de treize heures. Personne ne le sait encore, mais cette tournée qui débute à Mendoza 10 jours plus tard contre les Pumas va très vite tourner à la catastrophe.

• 6 juillet : première sélection (réussie) avec le XV de France

Sa première sélection est une réussite. Un conte de fée même. Les Bleus ont gagné 13-28 et la deuxième ligne a joué 52 minutes de bonne performance. Son entraîneur lui rend hommage après la victoire :  » Sdédicace particulière à papa. Je pense qu’il devait être heureux à la maison en regardant son fils. J’avoue que je me sentais un peu responsable envers Hugo. Le papa, je le connais bien, il n’est pas facile. Capitaine clé – secteur positif pour le XV de France ce jour-là – actif et plus qu’intéressant dans le jeu en cours, le jeune Auradou confirme au plus haut niveau ses qualités constatées aussi bien en club que chez les moins de 20 ans. Son avenir semble tout tracé, son avenir radieux.

• La nuit du 6 au 7 juillet : la nuit où tout a basculé

Le XV de France avait pourtant bien débuté sa tournée… Mais comme vous le savez tous désormais, c’est en dehors des terrains et à cause des affaires extra-sportives que le rugby français a sombré dans un marasme presque sans précédent. D’abord après la divulgation d’une vidéo raciste de Melvyn Jaminet sur les réseaux sociaux, provoquant un tollé général et l’exclusion du joueur du rassemblement. Puis, avec l’arrestation retentissante d’Hugo Auradou et d’Oscar Jegou, le 8 juillet à 20 heures (heure locale) dans leur hôtel de Buenos Aires.

Après le choc et l’étonnement général, l’information est progressivement apparue dans les médias locaux et français. On a vite appris qu’une femme de 39 ans (Maria) accusait les deux jeunes internationaux français de viol aggravé dans la nuit du 6 au 7 juillet après une soirée passée dans une discothèque de Mendoza et terminée quelques heures plus tard dans la chambre. 603. Auradou et Jegou, qui partageaient leur chambre à l’Hôtel Diplomatique, ont été arrêtés le 8 juillet à Buenos Aires par la police locale qui craignait la « fuite » des deux joueurs et ne voulait prendre aucun risque face aux faits extrêmement graves rapportés. Après un très long transfert de la capitale argentine à Mendoza (lieu des faits présumés), les Palois et les Rochelais ont été inculpés de viol aggravé le 12 juillet et incarcérés au centre de détention provisoire pour détenus de Mendoza.

• 18 juillet : placement en résidence surveillée

Comme l’ont demandé les avocats de la défense (Rafael Cuneo Libarona – avocat personnel d’Agustin Pichot et frère du ministre argentin de la Justice – et Antoine Vey), Auradou et Jegou voient la justice autoriser leur placement en résidence surveillée dans une maison louée par la FFR. Deux jours plus tôt, le président de la Fédération Florian Grill – de retour en France après avoir visité les lieux – organisait une conférence de presse à Marcoussis pour évoquer les affaires qui bouleversent le rugby français.

Pour les deux internationaux, c’est le début d’un long marathon et d’une bataille de versions entre les avocats du plaignant et ceux de la défense. C’est aussi le début d’une rude confrontation médiatique. Si les joueurs sont toujours restés silencieux, un court message d’Oscar Jegou envoyé à son frère où le troisième ligne défend son innocence, est divulgué. La plaignante, par l’intermédiaire de son avocat d’abord, puis de ses proches et enfin de sa propre initiative, dénonce une nuit d’horreur. Les faits décrits sont difficiles à entendre, mais la défense souligne des incohérences dans la version de la victime présumée, incohérences de plus en plus importantes qui font pencher l’enquête du côté des rugbymen professionnels. Parmi ces derniers, des messages audio envoyés par la plaignante à son amie le soir des faits reprochés, mais aussi divers témoignages (le chauffeur de taxi, Jean-Baptiste Gros, Patrick Arlettaz) ainsi que les évaluations psychologiques des joueurs et de l’épouse. de 39 ans. 23 aoûtle plaignant qui a dû effectuer des tests d’évaluation psychologique « tentative de suicide« le même jour informe son avocat. Son hospitalisation ne permet pas à l’enquête d’avancer.

• 4 septembre : retour en France

LE 12 aoûtles deux joueurs sont déclarés libres mais pas encore autorisés à rentrer en France. Cette décision intervient quelques semaines plus tard (le 3 septembre), et Auradou et Jegou atterrissent à Paris le lendemain avant de regagner leurs domiciles respectifs. Un acte de justice fort qui va dans le sens des Français, mais qui ne met pas fin à l’enquête car le procureur de Mendoza (Dario Nora) ne répond pas favorablement à la demande d’abandon des charges déposée par les avocats de la défense. La justice argentine veut prendre son temps dans cette affaire très médiatisée et aux multiples rebondissements.

• 9 septembre : Reprise des entraînements

Cinq jours après son retour en France, Hugo Auradou reprend l’entraînement avec la Section paloise. Toujours inculpé et quelques heures plus tard la prise de parole en public de son père, Davidqui assure que son fils est innocent, le deuxième ligne retrouve ses sensations de rugbyman professionnel. En Argentine, il avait gardé un programme physique pour ne pas perdre le rythme et avait même participé à des entraînements dans un club amateur de la banlieue de Mendoza.

• 5 octobre : retour dans les domaines du Top 14

Samedi donc, Hugo Auradou fera son grand retour en championnat avec la Section Pau. Dans la peau d’un titulaire. 189 jours après sa dernière rencontre controversée avec la Section. 89 jours après son arrestation à Buenos Aires. « Le moment est venu de mettre Hugo sur un terrain de rugby »s’est justifié son manager Sébastien Piqueronies ce vendredi en conférence de presse. « C’est le résultat d’une logique d’accompagnement que nous jugeons cohérente. C’est un pas de plus dans la logique des choses. Cela fait maintenant plusieurs semaines qu’il s’entraîne avec nous. Il est en bonne forme physique. Notre logique se voulait sereine »a soutenu l’ancien sélectionneur des U20.

Bien que toujours mis en examen et donc présumé innocent, Hugo Auradou devance son coéquipier Oscar Jegou, qui a repris l’entraînement avec le Stade Rochelais deux semaines après le deuxième ligne et dont le retour officiel n’est pas encore prévu. Sur le dossier lui-même, la justice argentine n’a pas encore rendu sa décision. Dernièrement, la défense du plaignant a contre-attaqué avec un rapport qui juge son histoire « crédible » après la publication du rapport officiel de l’évaluation psychologique de la plaignante qui relevait du « lacunes de crédibilité et de validité ». Ce à quoi les avocats des deux joueurs ont jugé que ce nouveau rapport n’avait que « très peu de poids ».

On attend désormais la décision définitive de Mendoza, qui pourrait mettre un terme à l’un des étés les plus difficiles du rugby français. Ce vendredi, le parquet a officiellement requis un non-lieu en faveur des internationaux français. Avant cela, Hugo Auradou aura l’occasion de disputer son premier match officiel samedi à Perpignan. Quoi qu’on en pense, tous les regards seront tournés vers le jeune international français.