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Tokophobie, quand la peur de l’accouchement se transforme en phobie

Tokophobie, quand la peur de l’accouchement se transforme en phobie

Il n’y a pas 36 façons d’avoir des enfants. On peut adopter, avec les tracas administratifs que cela représente, recourir à la FIV ou à la PMA, avec un autre type de tracas, et on peut s’y prendre naturellement. Dans ce dernier cas, ce n’est pas forcément plus simple, surtout quand c’est le premier. Dans une série de vidéos sur TikTok, une jeune femme évoque sa grossesse et parle d’un « sujet trop peu connu », la tocophobie selon elle.

« La première fois que mon conjoint et moi avons abordé le sujet d’avoir des enfants, j’ai eu une crise d’angoisse au point de perdre connaissance », explique Sara, même si la perspective était complètement inouïe à l’époque. Pour elle, c’est une telle phobie que prendre une grande respiration n’a pas suffi à la faire disparaître. Elle y est pourtant parvenue, acceptant l’idée d’une césarienne. D’ailleurs, la jeune femme est loin d’être un cas isolé puisque la tocophobie touche « 20 % des femmes enceintes de façon légère à modérée et 6 à 11 % pour une phobie sévère et invalidante », détaille l’étude intitulée Evaluation de la peur de l’accouchement chez la femme enceinte.

« Bon sens et intuition »

Pourtant, selon le Dr Bénédicte Simon, gynécologue-obstétricienne à Versailles, « ce n’est ni une phobie ni une maladie ». Pour la spécialiste, on a le plus souvent affaire à « du bon sens et de l’intuition », car au fond, il est normal d’avoir peur si l’on sent que les choses pourraient mal se passer. La gynécologue voit trois catégories de femmes concernées par la tocophobie : « Il y a les femmes qui souffrent d’une angoisse majeure à propos de tout et, dans ce cas, elles peuvent aussi avoir peur d’accoucher parce que cela représente un grand événement. Celles qui ont des retours de leurs amies qui ont vécu des choses effrayantes. Et enfin, les femmes qui ont soit une perception de leur anatomie, soit des critères qui leur font craindre que l’accouchement se passe mal. »

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Comme le souligne Sara, vaincre sa phobie, qu’elle soit fondée ou non, n’est pas si simple. « C’est une peur tellement profonde que les femmes renoncent tout simplement à avoir des enfants à cause d’elle », explique Bénédicte Simon. « Dans les situations les plus extrêmes, certaines peuvent avoir recours à l’avortement », ajoutent les auteurs de l’étude. Alors, quand on parle de l’hypnose comme solution miracle, la gynécologue s’emporte « C’est du pipeau, comme si le conditionnement mental allait empêcher un accouchement de mal se passer ». Selon la médecin, la meilleure chose à faire pour combattre la tocophobie serait d’informer les femmes sur les risques liés à l’accouchement et, surtout, de les laisser choisir la méthode d’accouchement.

« Je ne veux pas accoucher par voie basse »

« Je ne veux pas accoucher par voie basse », insiste Sara, car c’est justement ce qui lui fait peur. « La solution, c’est de pouvoir accoucher par césarienne », poursuit-elle. « Nous sommes dans une société où le patriarcat médical insiste pour accoucher par voie basse sans avoir analysé les critères de difficulté à l’accouchement et sans même demander l’avis des femmes », déplore la Dre Simon.

Proposer une alternative aux mères serait d’autant plus légitime que, très logiquement, « les femmes souffrant de tocophobie accouchent moins bien que les autres, c’est-à-dire avec plus de complications », insiste la gynécologue. Nier cette phobie en ne proposant aucune alternative rassurante à la mère n’est pas sans risque. « Pendant la grossesse, cela peut bloquer le processus de maturation de la mère qui est obsédée par cette peur. Cela peut provoquer un manque de lien entre la mère et l’enfant car ce dernier est perçu comme un danger », explique Bénédicte Simon.

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