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Togo : Faure Gnassingbé, l’autocrate « mou »

Le président togolais Faure Gnassingbé lors d'un discours à Dapaong en février 2020.

Discrètement. Dix-neuf ans après avoir succédé à son père grâce à une manipulation de la Constitution puis au massacre de centaines de ses compatriotes, Faure Essozimna Gnassingbé, 57 ans, a ouvert la voie pour rester indéfiniment à la tête du Togo. Lundi 6 mai au soir, il a promulgué la loi révisant la Constitution et faisant entrer son pays dans la Ve République.

Le texte, adopté par les députés en deuxième lecture le 19 avril, instaure un régime parlementaire – et non plus présidentiel – dans ce pays d’Afrique de l’Ouest gouverné par la même famille depuis 1967. Une petite révolution dans les apparences, dénoncée en vain par ses adversaires en tant que « coup d’État constitutionnel ». Les chancelleries n’ont pas dit un mot.

Jamais depuis son accession au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé n’avait semblé avoir autant de liberté. Et donc peu de besoin de responsabilisation. Son parti, l’Union pour la République (UNIR), vient de remporter, sans surprise, les élections législatives organisées le 29 avril, obtenant 108 députés sur 113, selon les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Peu importe que la nouvelle Constitution, modifiée entre sa première adoption le 25 mars et le vote du 19 avril, n’ait toujours pas été rendue publique ; le vote avait valeur de référendum. Et son issue, pour le palais, s’apparente à un plébiscite.

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Parce qu’elle s’est déroulée sans heurts sur un continent et dans un monde paralysé par les crises, la manœuvre a suscité peu de réactions internationales. Aucune barricade n’a été dressée à Lomé, aucun pneu n’a été incendié. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA) et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ont exprimé leur satisfaction quant à la tenue des élections.

« Pur produit de la bourgeoisie »

En près de deux décennies à la tête du Togo, Faure Gnassingbé, héritier des bonnes manières, a su se construire une image de « dictateur doux ». Celui d’un leader habile qui traite avec tout le monde, sans se fâcher contre personne. Et dont la stature de médiateur régional tend à faire oublier les dérives autocratiques de son régime.

Rares étaient pourtant ceux qui comptaient il y a dix-neuf ans sur ce « fils de », titulaire d’une licence en économie et gestion de l’université Dauphine, à Paris, et d’un MBA de l’université George Washington. . Lorsqu’il est porté au pouvoir par l’armée en 2005 – après une manipulation de la Constitution qui n’est pas sans rappeler celle, plus sourde, opérée ces dernières semaines – le nouvel homme fort du Togo brille surtout par le contraste qu’il offre avec son père.

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Eleon Lass

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