Thomas Portes nie tout antisémitisme après ses propos sur la délégation israélienne aux JO
Le député insoumis Thomas Portes a été accusé d’antisémitisme après avoir affirmé que « les athlètes israéliens ne sont pas les bienvenus aux Jeux olympiques de Paris ». « Une accusation calomnieuse » qu’il « réfute » et dont il se défend, lundi 22 juillet. A gauche, ses propos divisent.
Des propos polémiques. Le député LFI Thomas Portes s’est défendu lundi 22 juillet des accusations d’antisémitisme à son encontre après avoir déclaré samedi que « les athlètes israéliens ne sont pas les bienvenus aux Jeux olympiques de Paris ».
« J’ai depuis été accusé d’avoir ‘mis une cible dans le dos des sportifs israéliens’ et d’être antisémite. Une accusation calomnieuse que je réfute et dont les auteurs seront poursuivis », a-t-il écrit dans un billet de blog sur le site Médiapart, affirmant s’être « toujours mobilisé contre toute forme de racisme et contre l’antisémitisme ».
Il explique que ces propos, tenus lors d’une « manifestation pour réclamer un cessez-le-feu immédiat » à Gaza, illustrent son souhait de voir « la diplomatie française » « faire pression sur le CIO pour que les athlètes israéliens, comme les athlètes russes et biélorusses, défilent sous une bannière neutre ».
« Un message d’impunité à son gouvernement »
« Cette demande n’est pas un défi individuel aux athlètes », se défend-il avant d’assurer que « tous les athlètes méritent sécurité et protection ».
Le député de Seine-Saint-Denis estime que les « Jeux olympiques ne sont pas des événements neutres » mais qu’ils ont « toujours été un haut lieu de la diplomatie internationale, au cœur des grands enjeux géopolitiques ».
« Accueillir la délégation israélienne est un message d’impunité adressé à son gouvernement », a-t-il ajouté. « L’hymne et le drapeau israéliens ne doivent pas être brandis aux Jeux olympiques tant qu’Israël continue de commettre des crimes de guerre à Gaza et d’intensifier ses activités de colonisation illégale en Cisjordanie ».
Soutenu par les Insoumis
Alors que les réactions politiques indignées se multiplient, Thomas Portes a reçu le soutien franc de certains de ses collègues de La France Insoumise.
Le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a dénoncé ce lundi sur CNews/Europe 1 une « campagne de haine inacceptable et insupportable » contre le député insoumis, répétant « qu’il ne s’agit pas de dire que les sportifs ne peuvent pas participer mais qu’ils pourraient participer sous une bannière neutre ».
La présidente du parti à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a fait écho au même sentiment. « Nous demandons qu’il n’y ait pas deux poids deux mesures », a-t-elle insisté mardi sur France Inter.
« Les Jeux olympiques ont toujours été utilisés comme un moyen de conclure des trêves dans différents conflits dans le monde, je crois donc que les Jeux olympiques sont aussi le moyen d’avancer vers le cessez-le-feu », souligne-t-elle.
La députée insoumise Sophia Chikirou a estimé que « crier à l’antisémitisme à chaque fois que des personnalités politiques dénoncent la complicité et la connivence qui existent avec le régime israélien est une stratégie visant à occulter le génocide et la colonisation en cours en Palestine ».
Le reste de la gauche divisé
Au-delà des frontières du parti, les propos de Thomas Portes sont encore plus clivants parmi les autres membres du Nouveau Front populaire. La secrétaire nationale de coordination du Parti socialiste, Corinne Narassiguin, a estimé que « confondre volontairement démocratie israélienne et dictature russe » est « une erreur morale et politique ».
« Un député LFI déjà connu pour ses propos inacceptables, ça pose problème. Le leader LFI qui le soutient, c’est inacceptable », a-t-elle ajouté sur X après le soutien affiché par Manuel Bompard.
Une position défendue par le député socialiste de l’Essonne Jérôme Guedj qui dénonce des propos « inadmissibles ».
« L’appel à l’interdiction des athlètes israéliens, comme tout boycott, ne fera rien pour faire avancer les droits légitimes des Palestiniens », a-t-il ajouté.
Le député de la Somme, François Ruffin, a déclaré mardi sur Télématin qu’il « ne partage pas du tout la position de Thomas Portes » car il n’aime pas « frapper les sportifs et les utiliser comme bouclier à la guerre ».
S’il affirme qu’en tant qu’« individu, en tant qu’homme, chacun doit être le bienvenu sur le territoire français pour participer à ces Jeux olympiques », il estime, comme Thomas Portes, qu’on pourrait « mettre les athlètes russes et les athlètes israéliens sur un pied d’égalité : sans bannière et sans hymne ».