Théâtre. « Cahin Caha », des échanges loufoques et attachants dans un miroir
Depuis les coulisses, d’abord on chuchote, puis le ton monte. Suggérer un dialogue si souvent lancé et interrompu entre deux anciens partenaires. Et les voici, justement, en train d’entrer en scène, ou dans la salle de répétition, ou peut-être même dans une fosse d’orchestre.
Ils partagent un banc en bois, devant un mur où résistent quelques chutes de papier peint (scénographie de Marie Nicolas). Chacun expose un instrument en cuivre de la famille des trompettes. Des instruments dont ils jouent à peine. L’un s’appelle Cahin et l’autre Caha. Autant dire que rien ne sera très simple, et même plutôt déroutant comme Serge Valletti sait l’imaginer. En 2006 il publie ce texte aux éditions d’Atalante, avec ce sous-titre : « Dialogue pour un homme seul ».
Une histoire qui a le plus souvent été interprétée par deux personnages, parfois en duo mixte, le plus souvent comme ici, par deux hommes. Dans tous les cas, essayez d’expliquer Valletti, « J’ai écrit avant tout une partition à deux voix, pour deux instrumentistes qui seraient leur propre instrument ». Deux acteurs à la chute de leur vie entament – ou poursuivent – cet échange loufoque mais essentiel.
Car comme le dit Daniel Martin, qui partage l’affiche avec Jean-Claude Leguay, « il est temps de chercher le sens de la vie, le sens de la marche, le sens de l’écriture, le bon sens, le « bon » sens ». Et l’un d’eux donne le la : « Je me demande lequel d’entre nous mourra le premier ».
Mais d’abord, quels liens unissent ces deux hommes ? Sont-ils musiciens d’orchestre ou amateurs, deux vieux amis ou deux rivaux émoussés par les années, deux amants ou anciens compagnons ? « Quand Valletti écrit, c’est comme un mille-feuille » commente Gilbert Rouvière, le réalisateur. « Il y a, dit, ce qui se passe dans le cerveau de l’homme seul. Mais qui est l’homme seul ? ». Cet échange excentrique et dans la même tirade remplie d’humanité, se poursuivra cet été à La Scala Provence, dans le Off d’Avignon.
Grb2