« The Sunday Assassin », de Leslie Kaplan : une fable politique contre le fémicide
Le titre de ce petit livre sonne comme celui d’un roman de Simenon ou d’un film en noir et blanc des années 40. Pourtant, c’est bien l’époque actuelle, ses violences, ses colères et ses féminicides, qui mettent en scène Leslie Kaplan dans une fable diablement politique.
En accord avec Uc’est fou (2022), qui invitait au désordre en démontant avec humour le vide du langage politique, Assassin du dimanche prend des allures de conte pour inventer une utopie féministe où l’élan collectif vient à bout d’un tueur de femmes.
Symptôme d’une société en proie au chaos où de nouvelles dominations émergent, l’assassin du dimanche est un « psychopathe criminel » dont on ne sait presque rien. Venue de banlieue, Eva, amoureuse de Kafka et échappant à un précédent livre de Leslie Kaplan (le psychanalyste2001), organise le « super collectif » de la région parisienne pour « mettre hors d’état de nuire ».
Dans l’arrière-salle d’un café près de la Bastille, des femmes qui n’auraient jamais dû se croiser se rencontrent : Aurélie, ouvrière dans une fabrique de biscottes ; Jacqueline, ancienne braqueuse ; Stella, splendide modèle ; Anaïs, professeur de philosophie, et Louise, femme de théâtre. Plus que la traque quasi fortuite du tueur, ce sont ces femmes qui intéressent Leslie Kaplan, la façon dont elles prennent leur vie en main et s’en sortent ensemble, prêtes à déplacer des montagnes.
L’assassin du dimancheLeslie Kaplan, POL, 144 pages, 14 euros