Afin de rivaliser avec YouTube et les grandes plateformes de streaming américaines comme Netflix, le secteur audiovisuel français a décidé d’unir ses forces. Le résultat a été la création de LaFa, une nouvelle association qui regroupe notamment TF1, M6, France Télévisions ou encore la SACEM et la Scam.
Nous savons depuis plusieurs années que les plateformes de vidéo et de streaming comme YouTube et Netflix consomment de plus en plus de temps d’écran par rapport à la télévision traditionnelle. En 2019, Netflix a réalisé plus d’audience que TMC, C8 et W9 réunis, faisant du service la 5ème « chaîne » en France si l’on en croit l’Observatoire de la Vidéo à la Demande 2019 du CNC.
Et il y a quelques jours à peine, la directrice générale de YouTube France, Justine Ryst, déclarait sans détour : la plateforme était «la première chaîne de télévision en France » avec 42 millions d’utilisateurs par mois en moyenne. Une déclaration forte, qui vaudra également au dirigeant les foudres de Yannick Carriou, PDG de Médiamétrie. L’exécutif a insisté auprès de LinkedIn sur le fait que YouTube n’était pas une chaîne de télévision, ajoutant que la plateforme n’était pas soumise à des critères stricts en termes de responsabilités éditoriales et les investissements dans les contenus locaux et internationaux imposés aux chaînes de télévision.
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L’industrie audiovisuelle française s’unit contre YouTube et Netflix
Pour peser sur ces mastodontes du divertissement, le secteur audiovisuel français a décidé d’agir. Dans un communiqué publié ce mercredi 13 novembre 2024, TFI, M6, France TV et d’autres acteurs du secteur l’ont annoncé la création de LaFA (pour le secteur audiovisuel). Avec cette nouvelle association 1901, ils espèrent défendre les intérêts du secteur audiovisuel français.
« Dans un contexte de profonds bouleversements du secteur, l’ambition de LaFA est d’assurer la solidité de son modèle économique, d’accompagner sa transformation, de garantir la diversité et le renouvellement de la création, et d’assurer le rayonnement de « l’exception culturelle française », peut-on lire dans le préambule.
Cette alliance rassemble de nombreux acteurs du secteur privé et public. En effet, France TV et les groupes M6 et TF1 ne sont pas les seuls aux manettes. Il existe également des organismes de gestion collective des droits comme l’Adami (Administration des droits des artistes interprètes et musiciens), la SACD (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) ou la Sacem (Société civile des auteurs multimédia). Certains syndicats de producteurs ont également rejoint la coalition comme Anim France, le SPI (Union des Producteurs Indépendants) et l’USPA (Union Syndicale de la Production Audiovisuelle).
Préserver la liberté, les droits et les moyens de la télévision
Concrètement, quels sont les objectifs affichés de LaFA ? Les voici en quelques points :
- Assurer un financement publié »élevé, dédié, prévisible et durable »
- Favoriser le développement des acteurs privés de la TNT gratuite en levant les restrictions réglementaires restrictives sur la publicité télévisée
- Garantir l’autonomie budgétaire et les missions du CNC
- Assurer la pérennité du dispositif d’indemnisation des intermittents du spectacle
- Préserver les dispositifs de crédit d’impôt
La FA entend également faire campagne pour promouvoir une intelligence artificielle générative éthiqueconçu pour protéger les droits intellectuels. Elle entend enfin faire entendre sa voix sur la scène européenne en appelant à la mise en place d’un cadre réglementaire pour les plateformes. Pour l’instant, la première étape de LaFA consistera à la publication d’une étude inédite sur le poids économique de l’audiovisuel français au printemps 2025. On imagine que l’association basera ses futures demandes auprès du gouvernement ou de la Commission européenne sur ces chiffres.