Dans le monde très particulier des amateurs de touches et de switchs PBT qui font du tac-tac-tac, les claviers Keychron comptent parmi les références les plus célébrées. Le constructeur hongkongais s’est bâti une réputation sur le marché du milieu de gamme, en proposant des rapports qualité/prix qui, sur le papier, sont attractifs.
Nous avions donc hâte de les tester, à commencer ici par le K8 Pro, un modèle TKL (sans clésans pavé numérique) vendu un peu plus de 100 € en magasin. Un placement tarifaire attractif, derrière d’autres options similaires, plus chères comme le Logitech G Pro X TKL Lightspeed ou le Designed by GG Berserker.
Derrière ce nom un peu barbare se cache une nomenclature qu’il convient d’apprivoiser. Ainsi, la lettre K désigne la gamme « standard » de Keychron, garantissant un châssis en aluminium et une compatibilité macOS et Windows. Le numéro indique son profil : profil bas pour les nombres impairs, profil « normal » pour les nombres pairs. Enfin, le Pro fait référence aux switchs, le fameux Gateron G Pro. Disponible en rouge (linéaire) ou marron (tactile), ce sont ces derniers qui sont utilisés dans notre exercice de test.
Ergonomie
Comme expliqué plus haut, le cadre du Keychron K8 Pro est en aluminium, ce qui lui confère un certain poids : 1,14 kg pour être précis, un joli bébé. L’impression de solidité est évidente et lui permet d’éviter de se plier légèrement sous la pression des appuis sur les touches. Aucun problème à signaler sur le profil du clavier, qui peut être rehaussé de deux cales à deux niveaux différents selon les préférences. Veuillez noter qu’aucun repose-poignet n’est inclus dans l’offre. Compte tenu de sa hauteur, il est recommandé d’en ajouter un au K8 Pro pour éviter la fatigue.
Inconvénient concernant sa construction, dans sa disposition ISO française, celle utilisée pour tous les claviers de la norme francophone, le touches ne sont disponibles qu’en ABS (acrylonitrile butadiène styrène), un matériau largement utilisé dans l’industrie des claviers, mais non sans problèmes. Sensibles aux huiles naturelles de nos doigts, les touches gardent des traces, qui peuvent faire s’effriter leur sérigraphie à la longue. Vous devrez l’essuyer régulièrement pour éviter ce genre de tracas. Pour bénéficier des touches en PBT (polybutylène téréphtalate), plus durables dans le temps, il faudra choisir une autre disposition de clavier.
Il y a néanmoins un avantage à opter pour l’ABS selon la fiche technique officielle de Keychron. Ce matériau laisse passer le rétroéclairage à travers la sérigraphie translucide, ce qui n’est pas le cas des touches en PBS commercialisé par Keychron. Les sérigraphies seraient ainsi plus lisibles dans un environnement sombre, une fois le rétroéclairage réglé sur une bonne luminosité. Étrange constat, le PBT ne bloque pas le passage de la lumière chez les autres fabricants…
La transition est parfaite pour évoquer un rétroéclairage RGB. Orientées sud, les LED sont bien visibles sans « déborder » sur certaines parties du touches — un problème qui se mesure néanmoins sur une période de temps plus longue. Avec 22 configurations d’affichage (fixe, cascade, dégradé…), il y a de quoi amuser les amateurs de tuning, d’autant que la luminosité maximale du rétroéclairage est particulièrement élevée.
Keychron étant une marque essentiellement destinée aux utilisateurs de macOS, la disposition du clavier est par défaut alignée sur les autres claviers de la marque Apple, avec les touches Option et le réarrangement de certains caractères, notamment sur la rangée de touches numériques. La comptabilité Windows est cependant entièrement assurée grâce à un switch latéral qui permet de passer au deuxième mode de enchère de clés. De plus, une douzaine touches sont inclus pour s’adapter au format ISO FR en repositionnant le « ! » clés, Windows, etc.
Côté connectique, le Keychron K8 Pro peut être utilisé en filaire via un câble tressé USB-C vers USB-A (inclus) ou via Bluetooth 5.1. Ce dernier peut être relié à trois appareils différents et commuté à tout moment grâce à un raccourci dédié. Pour les utilisateurs intensifs, nous recommandons logiquement de s’en tenir à une connexion filaire pour éviter toute interférence avec le Bluetooth. Il est dommage que la connectivité 2,4 GHz, préférable pour jeu dans sans filn’est pas proposé. Keychron promet jusqu’à 300 heures d’autonomie sans rétroéclairage, soit un tiers en luminosité minimale. Nous n’avons pas eu besoin de recharger le Keychron (sans RBG) depuis le début de notre test.
Frappé
Après une première version clivant de ses switchs tactiles, Gateron a revu sa copie avec le Gateron G Pro. Et le résultat est plus que réussi. Au début, le sentiment peut être déroutant. Il est loin d’être bruyant et d’offrir un feedback aussi franc que, par exemple, le Cherry ou le Brown Raccoon du Berserker by Design by GG. On s’habitue cependant vite à cette frappe plus légère, qui conserve néanmoins son impact, grâce à la pré-lubrification de ses switchs.
Les touches plus grandes, comme la barre d’espace et Entrée, ont une pression encore plus atténuée. Globalement, le son est feutré, presque assourdi et chaleureux, pour une sensation finalement assez unique sur le marché. C’est le produit d’une course d’actionnement très courte (1,2 mm) et d’une force d’actionnement mesurée (55 cN contre 45 cN pour les interrupteurs rouges Gateron Pro). Un petit plus pour sa longévité, le K8 Pro est remplaçable à chaudc’est-à-dire que ses commutateurs ne sont pas soudés au circuit imprimé et peuvent être remplacés en cas de panne par n’importe quel autre commutateur MX à trois à cinq broches.