Tesla veut ressusciter le plan de rémunération à 56 milliards de dollars d’Elon Musk
« Le conseil d’administration soutient ce plan de rémunération. Nous y avons cru en 2018, en demandant à Elon de poursuivre des objectifs remarquables pour développer l’entreprise», a fait valoir le conseil d’administration du groupe dans des documents publiés mercredi. « Vous, en tant qu’actionnaires, y avez également cru en 2018 lorsque vous l’avez massivement approuvé. Le temps et les résultats n’ont fait que démontrer la sagesse de notre jugement », a-t-il noté.
La présidente du conseil d’administration, Robyn Denholm, a souligné le fait que « l’esprit d’entreprise » du groupe avait toujours consisté à « prendre de gros risques pour avoir la chance d’obtenir de grandes récompenses ». Il s’agit d’un nouveau rebondissement par rapport à ce plan qui prévoyait de donner à Elon Musk des actions Tesla pendant dix ans, en fonction de l’atteinte de plusieurs objectifs.
Au moment de sa validation, cette rémunération était estimée à 56 milliards de dollars au total. Un montant faramineux qui est loin de plaire à tous les actionnaires. Fin janvier, un juge d’un tribunal de l’État du Delaware (est des États-Unis) a donné raison à l’un d’entre eux, qui exigeait l’annulation du plan.
» Des étincelles «
Le juge a estimé que, en amont de l’Assemblée générale au cours de laquelle le plan a été approuvé, les actionnaires avaient reçu des informations « erronées » et « trompeuses » concernant le conseil d’administration et le comité des rémunérations.
Elle s’est interrogée sur l’indépendance de ces deux instances vis-à-vis d’Elon Musk. Mais dans des documents publiés mercredi, le conseil d’administration écrit notamment que l’entreprise « ne serait pas là où elle est aujourd’hui sans les contributions, le leadership et la vision de M. Musk ». « Nous pensons que cela nécessite un plan de rémunération qui reconnaisse (son) rôle unique », a-t-il insisté.
En outre, il a estimé que des « incitations appropriées » étaient nécessaires pour que le milliardaire « reste chez Tesla » et « continue à apporter le niveau de dévouement à l’entreprise (…) crucial » pour atteindre les objectifs de l’entreprise à long terme.
« La conjonction de ce document et de l’assemblée générale, avec la situation actuelle de Tesla, promet de provoquer encore des étincelles dans les mois à venir », a commenté Dan Ives, analyste chez Wedbush. Car cette décision de ressusciter ce plan de compensation intervient au moment où Tesla est mise à mal par la croissance de ses concurrents sur le marché américain mais aussi sur le marché chinois.
En Chine, le groupe fait face à une forte concurrence des constructeurs locaux et, surtout, de BYD qui a remporté le titre de premier vendeur mondial de véhicules électriques au quatrième trimestre 2023.
Frein activé
Les ventes de Tesla au premier trimestre ont été décevantes pour les experts. L’annonce de mercredi intervient également dans un contexte de baisse du cours de l’action à la Bourse de New York de 37% depuis le début de l’année, alors que l’indice S&P 500 a augmenté d’environ 6% sur la même période. Il a terminé en baisse de 1,06% mercredi.
Les administrateurs ont également l’intention de soumettre aux actionnaires le transfert de l’enregistrement de Tesla du Delaware au Texas, conformément à ce qu’Elon Musk a déjà annoncé. Depuis fin 2021, le siège de Tesla est déjà situé au Texas, où le spécialiste des véhicules électriques a installé une méga-usine.
Elon Musk a récemment modifié l’enregistrement de SpaceX. « SpaceX a déménagé du Delaware au Texas », a annoncé Elon Musk le 16 février sur X, le réseau social qu’il possède, ajoutant : « Si votre entreprise est toujours enregistrée au Delaware, je vous recommande de la déplacer au plus vite. »
Le Delaware est considéré depuis plus d’un siècle comme l’un des piliers du capitalisme américain, où près des deux tiers des 500 plus grandes entreprises du pays ont établi leur domicile légal. Ce petit État est notamment connu pour sa fiscalité avantageuse.
Par ailleurs, Tesla est revenu mercredi sur la suppression de 10 % de ses effectifs mondiaux, soit au moins 14 000 salariés, annoncée en interne en début de semaine. L’entreprise a justifié cette mesure par la nécessité de « réduire les coûts et d’améliorer la productivité ».