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Terminus for Midnight Trains, la start-up française qui rêvait de trains de nuit « grand confort »

Le pari était ambitieux : redorer l’image du train de nuit en créant des « hôtels sur rails », comme au temps de l’Orient Express. Un projet fou « mais pas si fou » qui ne verra pas le jour, a annoncé la start-up Midnight Trains ce samedi 1euh June, qui jette l’éponge après avoir tenté pendant quatre ans de faire circuler ses « trains de minuit » à travers l’Europe.

Des voyages nocturnes confortables reliant Paris aux autres capitales européennes, des cabines privées comme dans une chambre d’hôtel sans ronfleurs étrangers à vos côtés, un design épuré, un service de restauration de qualité et, tout cela, tout en restant accessible… Le projet lancé en 2020 par trois Les entrepreneurs qui n’avaient jamais travaillé dans le secteur ferroviaire auparavant étaient particulièrement attractifs.

Un projet impossible à financer

Dans un premier temps, Adrien Aumont, co-fondateur de KissKissBankBank, un site de financement participatif similaire à Leetchi, qu’il a revendu à La Banque Postale en 2017, a utilisé ses réseaux pour lever les premiers fonds. Xavier Niel – avec Kima Ventures – fait partie des bonnes fées depuis le début, tout comme Pauline Duval, business angel au capital de l’application de paiement Lydia notamment, Jean Moueix, investisseur héritier des propriétaires du Château Pétrus, les fondateurs de l’école de codage Le Wagon ou encore celle de La Ruche qui dit Oui.

Les premiers trains devaient relier Paris aux grandes villes européennes situées entre 800 et 1 500 km, au-delà de la zone d’importance des trains à grande vitesse, avec une première liaison test Paris-Milan-Venise. Les Trains de Minuit souhaitaient également se rendre à Barcelone ou à Nice et des demandes de sillons correspondants étaient depuis longtemps déposées auprès de l’Autorité de Régulation des Transports (ART).

Mais comme pour le transport aérien, le transport ferroviaire représente un investissement considérable. C’est notamment pour cette raison que le projet a été reporté à plusieurs reprises. Après avoir annoncé les premiers trains en 2025, le co-fondateur Adrien Aumont tablait alors sur 2026. En vain. La startup n’a pas pu boucler une seconde levée de fonds pour acquérir deux premières rames et lancer sa première liaison. Dans un long message publié sur le site de la start-up, Jean-Baptiste Bonaventure, co-fondateur de Midnight Trains, annonce la mort du projet. « Pas assez financés dès le départ, nous avons manqué de vélocité et n’avons pas atteint la maturité nécessaire », écrit-il.

Un marché « pas prêt à s’ouvrir à de nouveaux entrants privés »

Déçu que leur « vision n’ait pas été partagée plus largement » par les investisseurs, le cofondateur pointe du doigt « les acteurs financiers en Europe (qui) ne sont pas en phase avec un projet » comme le leur. Reconnaissant leurs propres erreurs, justifiées par le fait qu’ils voulaient se comporter en « bons pères de famille », ils « auraient dû se rendre compte très vite », écrit-il, « que le chemin de fer n’est pas prêt à s’ouvrir à de nouveaux entrants privés.

La start-up pariait cependant sur l’ouverture des infrastructures ferroviaires européennes à tous les opérateurs publics ou privés souhaitant faire circuler des trains comme jusqu’alors seuls les opérateurs nationaux (SNCF, RENFE, DB, etc.) le faisaient. « Les textes sont ouverts mais en réalité, le marché ferroviaire s’est largement ouvert sur lui-même. Ce marché a été organisé par les pouvoirs publics pour leurs propres opérateurs historiques, sans vraiment faire émerger de nouveaux acteurs », s’insurge encore Jean-Baptiste Bonaventure. De quel acte.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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