Le maire d’Orléans, Serge Grouard, a une nouvelle fois alerté sur le transfert vers sa ville de « migrants sans abri » en provenance de Paris. La préfète, Sophie Brocas, a décidé de recadrer ses propos.
Il a recommencé. Serge Grouard, le maire divers droite d’Orléans, a dénoncé, vendredi 19 avril, dans un communiqué, « le mouvement de migrants sans abri de Paris vers Orléans ». Le sujet avait déjà alimenté sa colère et sa médiatisation nationale fin mars.
Cette fois, il compte sur le démantèlement du squat de migrants à Vitry-sur-Seine mardi dernier pour marteler sa désapprobation. « Le même jour, vers 13 heures, un bus avec à son bord une quarantaine d’hommes délogés de ce même squat est arrivé dans un hôtel de la région d’Orléans. »
Le coup de gueule du maire d’Orléans sur l’arrivée de centaines de sans-abri en provenance de Paris
« Je ne sais pas peut-être… »
Il est impossible d’établir formellement un lien direct entre Vitry-sur-Seine et les transferts vers Orléans. « Je ne sais pas, peut-être… », concède la préfète de la région Centre-Val de Loire, Sophie Brocas, contactée par nos soins.
Serge Grouard, comme en mars dernier, regrette le manque de communication. Il n’a pas été prévenu de l’arrivée de ce bus. Sophie Brocas ne l’épargne pas :
« Je peux l’appeler toutes les trois semaines s’il le souhaite. Mais dans le cadre de la solidarité nationale, des gens arrivent toutes les trois semaines, bénévolement, dans un hôtel à Olivet puis, ils sont répartis dans les six départements de la région. Tout est parfaitement réglé. Cela ne coûte rien à la Ville d’Orléans. Au cours de l’année écoulée, nous avons accueilli 519 personnes en séjour dans le Loiret.
1 500 logements réservés
Serge Grouard évoque « une politique du gribouillage » de la part de l’Etat en poussant un peu plus loin sa colère. Il détaille une demande inattendue. « L’Etat vient d’exiger des bailleurs sociaux et notamment des Résidences de l’Orléanais que 1 500 logements sociaux soient réservés aux personnes en grande précarité, c’est-à-dire aux migrants sans adresse fixe. »
Vrai ou faux ? « Serge Grouard se trompe », corrige le préfet.
« Les 1 500 logements répartis sur l’ensemble du département concernent l’ensemble des logements du contingent préfectoral. Ils permettent d’héberger un groupe prioritaire comme les femmes victimes de violences et les familles vivant dans des logements insalubres.
« Orléans est une bonne élève »
Le préfet ne mentionne donc pas 1 500 appartements réservés aux « migrants sans abri » mais plutôt « 25 % du contingent. Soit environ 300 logements. » Cela libérerait alors des places dans les structures d’accueil d’urgence et « permettrait de loger les personnes qui dorment actuellement dans la rue ».
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Le préfet joue néanmoins la carte de l’apaisement avec Orléans. « Serge Grouard considère que la ville d’Orléans est une bonne élève en matière de logement social. Il a raison, il fait le travail. Il n’est pas question pour Orléans d’accueillir toutes les personnes en situation d’urgence. Il faut en discuter à l’échelle territoriale. »
Pas sûr que cela suffise à apaiser l’irritation du maire d’Orléans. Même pendant trois semaines et l’arrivée du prochain bus en provenance de Paris.
Nicolas Da Cunha