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tensions à Bastia autour de l’arrivée de SOS Méditerranée

Alors que l’association entend lancer sa première branche associative en Corse, des heurts ont eu lieu lundi soir entre ses sympathisants et des militants d’extrême droite.

«  Cette organisation, qui prétend agir pour des causes humanitaires, est complice des flux migratoires incontrôlés qui mettent en danger la sécurité de notre territoire. » Le discours du nouveau mouvement Union des droites pour nostri, qui regroupe plusieurs organisations locales d’extrême droite, devant le cinéma Le Régent à Bastia, a été accueilli sous les huées lundi soir.

La vingtaine de militants d’extrême droite s’est vite retrouvée minoritaire face aux 150 personnes venues soutenir SOS Méditerranée, l’association qui porte secours aux migrants en mer qui quittent l’Afrique pour tenter de rejoindre l’Europe. La cause du tollé : elle veut lancer sa première branche bénévole sur l’île.

Dans le camp d’en face, des élus et militants du Femu a Corsica, le mouvement autonomiste à la tête de la région, qui sont là pour soutenir le dépistage Vaisseau-mère, un documentaire tourné en Méditerranée sur l’Ocean Viking, le navire de l’association, suivi d’un débat : «  Nous tenons à rappeler que le débat d’idées et la liberté d’expression sont des éléments fondamentaux de toute démocratie, précise un communiqué du mouvement nationaliste. Le peuple corse a, même durant les pages les plus douloureuses mais aussi les plus glorieuses de son histoire, massivement démontré son attachement aux valeurs universelles d’humanisme et de solidarité. »

« La Corse ne sera jamais Lampedusa »

Un important dispositif policier entoure l’événement culturel. Symbole d’une visite houleuse en terres corses pour les représentants de l’association. Les hostilités ont débuté en fin de semaine dernière avec la simple annonce de la venue de SOS Méditerranée, pour deux jours, à Bastia, les 22 et 23 septembre. L’extrême droite de l’île mais aussi un mouvement de jeunes nationalistes corses (Unione di a ghjuventù in lotta) ont clairement fait connaître leur opposition sur les réseaux sociaux. Du côté des deux tendances politiques, la ligne est radicale et similaire : «  La Corse ne sera jamais Lampedusa. »

Dans cette ambiance, l’intervention de Sophie Beau, cofondatrice et directrice générale de l’association, dimanche, au Parc Galea, sur le thème « Méditerranée, cimetière de migrants », a été annulée par la direction du lieu culturel situé dans la plaine orientale. «  Dans l’esprit de transmission des connaissances qui anime le parc depuis toujours, nous avons simplement souhaité mettre en lumière et mieux comprendre le travail de cette association en relation avec l’humain en Méditerranée, explique la gestion du Parc Galea. Sentant une atmosphère pas forcément propice à des échanges sereins comme ceux que nous avons l’habitude de partager avec notre public familial, nous avons choisi de ne pas tenir cette rencontre. »»

Nous ferons tout, dans le cadre de la démocratie et du débat pacifique, pour marginaliser ses actions dans notre pays. La Corse ne sera jamais Lampedusa.

Nicolas Battini, leader du mouvement identitaire Palatinu

La branche locale de la Reconquête a été la première à ouvrir les hostilités via un communiqué publié sur les réseaux sociaux : «  Comme la grande majorité des Européens dans leur ensemble, les Corses sont opposés à l’immigration massive, illégale et légale. « , « Nous sommes très inquiets de la situation actuelle, mais nous ne sommes pas prêts à nous opposer à la politique de la justice », écrit Marie-Pierre Cesari, déléguée départementale du mouvement d’extrême droite en Corse. Une pétition Reconquête, relayée par Éric Zemmour, a même recueilli plus de 20 000 signatures ce lundi, pour s’opposer à l’association.

D’autres réactions de protestation ont également fleuri sur les réseaux sociaux, comme celle de Nicolas Battini, leader du mouvement identitaire Palatinu : «  Nous ferons tout, dans le cadre de la démocratie et du débat pacifique, pour marginaliser ses actions dans notre pays. La Corse ne sera jamais Lampedusa. « .

La même ligne est adoptée par l’Unione di a ghjuventù, qui regroupe plusieurs mouvements de jeunesse et syndicats étudiants nationalistes : «  Notre île n’a pas vocation à devenir une Lampedusa et encore moins une porte d’entrée pour le trafic d’êtres humains. Il s’agit de maintenir la paix civile en Corse. « , précise leur déclaration publiée sur les réseaux sociaux.

« Solidarité naturelle »

Pour SOS Méditerranée, ces réactions sont de fausses informations. «  Par antenne, nous entendons des réseaux de bénévoles qui organisent des événements de soutien, des actions de sensibilisation scolaire, etc. Cela n’implique pas un emplacement physique. Aucune des 21 agences en France n’a de bureau « , défend l’association. Elle tient également à rappeler qu’elle «  agit en Méditerranée centrale pour sauver des vies, dans le respect du droit maritime international. A travers ses antennes en France, des centaines de bénévoles assurent la mission de l’association de témoigner et contribuent à récolter les fonds nécessaires pour permettre laViking de l’océanle navire ambulance de l’association, pour poursuivre sa mission en mer. »

Gilles Simeoni, le président autonomiste de la collectivité corse, a tenu à soutenir cette position sur le réseau social X : «  Aider un être humain en détresse est un acte élémentaire d’humanité. Notre solidarité avec ceux qui le font, en Méditerranée ou ailleurs, est naturelle. Il n’est pas inutile de le rappeler à ceux qui cherchent à semer la haine en attisant les peurs. »

Pour rappel, en novembre 2022, l’association avait déjà fait parler d’elle sur l’île lorsque laViking de l’océan se trouvait au large de la Corse, avec à son bord 234 migrants, dont certains en très mauvaise santé. Le président de l’exécutif corse, Gilles Simeoni, avait alors déclaré «  prêt à accueillir temporairement lesViking de l’océan « .

Cammile Bussière

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