L’heure n’est pas encore au bilan, mais les représentants des vignerons de l’Aude peuvent déjà commencer à estimer les dégâts causés aux vignes suite à l’orage et à la grêle du mardi 13 août. A Fabrezan, par exemple, entre 20 et 80% des parcelles seraient impactées.
« « Cela n’arrive pas au bon moment. Déjà à cause de la sécheresse, on aura une très petite récolte… Quelques heures avant la récolte, c’est catastrophique. »« Les vignes sont touchées par la grêle », déplore Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons, au lendemain de l’orage de grêle qui s’est abattu la veille, mardi 13 août, dans l’Aude. Après avoir fait le tour du terrain et échangé au téléphone avec différents conseillers, Philippe Vergne, président de la chambre d’agriculture, et Élodie Vergnette, cheffe d’équipe, ont transmis ce mercredi soir à la préfecture une première carte des vignobles touchés. Selon leurs estimations, la commune de Fabrezan serait la plus touchée : entre 20 et 80 % des parcelles de vignes, soit entre 600 et 800 kilomètres de vignes impactées.
Autour, ce sont Ribaute, Camplong-d’Aude (15 à 60% de dégâts sur grappes), Ferrals-les-Corbières (20 à 80%), Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse (20 à 60%, 100 hectares touchés), Tournissan (10 à 40%), Talairan (5 à 20%), Lagrasse (10 à 30%), Thezan (10 à 40%), Boutenac (20 à 80%), Gasparet (20 à 80%), Bizanet (20 à 80%), Villerouge (20 à 30%), Ornaison (20 à 80%)…, Moussan (20 à 60%, sur 200 hectares environ)… Qui en font aussi les frais. « Vers Narbonne, il y a aussi quelques oliveraies qui seraient aussi touchées. On va essayer de regarder aussi les serres. Mais évidemment, dans 24 heures, ce ne sont que des estimations. On va élargir la carte petit à petit » explique Philippe Vergne, lui-même vigneron.
Là où tout est perdu, il n’y a pas grand-chose à faire
« Quand on a travaillé toute l’année, et qu’il est temps de récolter, et que cela arrive… C’est suffisant pour être traumatisé.« , réagit-il. « C’est la fin du mois d’août, à la veille des vendanges. Certains commencent demain ou lundi. Il détaille ensuite les conséquences sur le raisin : «Qualitativement, ça peut être compliqué… Sur une vigne impactée à 70, 80 %, c’est fini. Et à 50 %, c’est délicat car les raisins impactés peuvent faciliter la transmission de maladies à d’autres. Ce qui implique pour le vigneron de tenter de panser les plaies.qui deviennent « portes ouvertes« au développement du Botrytis (moisissure grise) sur les baies de raisin presque mûres. »Mais c’est à condition que tout ne soit pas complètement perdu. Là où tout est perdu, il n’y a pas grand-chose à faire. » insiste-t-il.
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Une aide financière sera débloquée
Dès ce mercredi matin, la Chambre d’agriculture s’est rapprochée de la préfecture départementale pour évoquer l’ampleur du problème et discuter du régime des calamités agricoles, financé par le Fonds national de gestion des risques agricoles (FNGRA). Prochainement, la Chambre d’agriculture ainsi que les fédérations de caves coopératives et privées, le syndicat des vignerons de l’Aude, la mutualité sociale agricole (MSA), les acteurs économiques et bancaires devraient se réunir autour d’une table ou sur le terrain »pour voir comment trouver un soutien significatif ». Comme cela a été fait sur le terrain à Montlaur, déjà ce printemps 2024, où la grêle est déjà tombée.
« Avant, on disait que quand il se passe quelque chose, c’est une année exceptionnelle. Maintenant, j’ai l’impression que chaque année, il y a quelque chose, la sécheresse… L’année exceptionnelle, c’est une année où il n’y a rien », a-t-il ajouté. Philippe Vergne conclut tristement.
« Nous avons déjà été touchés par la sécheresse l’année dernière, les choses deviennent de plus en plus compliquées »ajoute Frédéric Rouanet.« Nous avons des systèmes d’assurance mais les assurances sont calculées sur une moyenne. A force d’enchaîner, ce système ne fonctionne plus petit à petit. J’essaie de donner de la force à tout le monde mais si on n’a pas les moyens en aides d’État, on va voir une disparition de vignerons par endroits… »