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Témoignages à charge, plaidoiries… Cinq moments clés du procès de Donald Trump dans l’affaire Stormy Daniels

L’ancien président américain est accusé d’avoir dissimulé des paiements pour acheter le silence de l’actrice de films pornographiques, afin d’éviter un scandale lors de l’élection présidentielle de 2016, qu’il a remportée.

Plus que quelques jours avant le verdict. Les jurés du procès de l’affaire Stormy Daniels entament leurs délibérations mercredi 29 mai, au lendemain des plaidoiries de la défense et de l’accusation. Ils doivent déterminer si Donald Trump, accusé d’avoir déguisé des paiements pour acheter le silence de l’actrice de films pornographiques sur une éventuelle liaison extraconjugale, était coupable d’escroquerie. S’il est reconnu coupable – ce qui serait une première dans l’histoire américaine – l’ancien président républicain risque jusqu’à quatre ans de prison. Avant que le jury ne rende son verdict, franceinfo résume cinq faits qui ont marqué les débats.

1 Stormy Daniels a livré un récit brut de sa rencontre avec Donald Trump

L’audition de Stormy Daniels, actrice de films pornographiques au cœur des accusations contre Donald Trump, était évidemment l’une des plus attendues du procès. Stephanie Clifford (son vrai nom) a été appelée à la barre à l’initiative des procureurs, dès le deuxième jour d’audience. Pendant huit heures, elle a raconté sa rencontre avec le milliardaire en marge d’une compétition de golf en 2006, affirmant avoir été invitée à dîner avec lui.

Selon l’actrice de 45 ans, Donald Trump l’a accueillie dans la luxueuse suite d’un hôtel, « vêtu d’un pyjama en soie ou en satin ». Dans la soirée, Stormy Daniels raconte qu’elle s’est rendue aux toilettes et qu’à son retour elle a découvert le milliardaire en boxer sur le lit. Même si elle a expliqué qu’elle ne se sentait pas menacée, elle a assuré que « équilibre des pouvoirs » avec Donald Trump était « déséquilibre ». « J’ai remarqué qu’il y avait un garde du corps juste devant la porte »a-t-elle déclaré, selon un rapport du le journal Wall Street.

Stormy Daniels quitte le tribunal de Manhattan, New York (États-Unis), le 9 mai 2024. (MICHAEL M. SANTIAGO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Alors que la défense n’a pas souhaité que l’actrice évoque la relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue avec Donald Trump, et que celui-ci a toujours niée, le procureur l’a longuement interrogée à ce sujet. Stormy Daniels a ainsi livré des détails bruts sur sa soirée, déclarant qu’elle « j’ai fini par coucher avec lui »sans préservatif. « J’avais honte de ne pas l’avoir arrêté, de ne pas dire non »a-t-elle confié.

L’actrice a également expliqué comment son agent lui avait conseillé de monétiser l’histoire de sa relation avec le candidat à la présidentielle lors du lancement de la campagne en 2016. « L’argent ne m’intéressait pas. », a-t-elle assuré. Selon l’accusation, Stormy Daniels a cependant reçu 130 000 dollars en échange de son silence. Les procureurs affirment que cette somme lui a été versée par Michael Cohen, l’ancien avocat de Donald Trump, via une société écran.

2L’ancien avocat du milliardaire l’a accusé d’avoir autorisé le paiement

Le témoignage de Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trump, a été l’un des plus importants pour l’accusation. Appelé à la barre lundi 13 et mardi 14 mai, il a livré un témoignage à charge contre son ancien client, affirmant que le milliardaire lui-même avait, à plusieurs reprises, autorisé le versement de 130 000 $ à Stormy Daniels, dans le but de protéger son président. candidature. « Arrêt (l’histoire) sortir »Donald Trump lui aurait notamment demandé, selon un rapport d’audition publié par le Gardien.

« Ce que j’ai fait était à la demande et pour le bénéfice de M. Trump. (…) Tout nécessitait sa validation.»

Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trump

lors de son audition au procès

Selon Michael Cohen, le républicain lui aurait également confié que sa supposée liaison extraconjugale avec Stormy Daniels était « une catastrophe » pour sa campagne, ajoutant que « les femmes (étaient) le déteste ». L’avocat a estimé que l’argent versé à l’actrice était destiné à « faire en sorte que l’histoire (…) n’affecte pas les chances de M. Trump de devenir président des Etats-Unis ».

Il a également déclaré aux jurés que le milliardaire lui avait promis qu’il « Trouvez votre argent ». Un élément clé du dossier de l’accusation, selon lequel le républicain aurait ordonné à son avocat de verser 130 000 $ à Stormy Daniels, puis de le rembourser via différents versements censés correspondre aux honoraires d’avocat, explique le New York Times. Ce sont ces prétendues falsifications comptables qui ont fait de Donald Trump le premier président américain à être jugé dans le cadre d’un procès pénal.

Michael Cohen a également décrit avec émotion comment cette affaire « fait dérailler sa vie », rappelant que le FBI s’est présenté à son domicile en 2018, pour l’arrêter dans le cadre d’une première enquête sur le paiement à Stormy Daniels. Selon ABC News, l’avocat aurait affirmé avoir été la cible de « pressions » du clan Trump pour qu’il ne coopère pas avec les autorités. Convaincu par sa famille, il a finalement plaidé coupable de violation des règles de financement des campagnes électorales, en lien avec le paiement versé à l’actrice pour des films pornographiques. « Je ne voulais plus mentir pour le président »s’est justifié Michael Cohen auprès des jurés.

3 Donald Trump est resté silencieux lors des audiences, mais pas sur les réseaux sociaux

À plusieurs reprises au cours du procès, la défense a mis en doute l’éventuel témoignage de Donald Trump. Mais l’ex-président, candidat à un nouveau mandat en novembre, a finalement renoncé à prendre la parole à la barre jeudi 23 mai. Dans une attitude qui tranche avec sa pugnacité habituelle, le milliardaire est le plus souvent resté silencieux lors des débats. Il a même passé de longues heures les yeux fermés, au point que certains se demandaient s’il dormait, rapporte ABC News.

Donald Trump ferme les yeux lors de son procès devant le tribunal pénal de Manhattan, le 16 mai 2024, à New York (États-Unis).  (MIKE SEGAR/AP/SIPA)

En dehors de la salle d’audience, Donald Trump a cependant eu du mal à garder le silence. L’ex-président était pourtant sous l’emprise de « ordre de bâillon », une ordonnance du juge lui interdisant de s’exprimer publiquement sur les jurés, les témoins, l’équipe des procureurs ou la famille du magistrat. Cela n’a pas empêché l’accusé de multiplier ses déclarations à la presse ou sur les réseaux sociaux, dans lesquelles il accusait notamment son ex-avocat Michael Cohen d’avoir menti à plusieurs reprises à la barre, rapporte Forbes.

Les multiples frasques de Donald Trump lui ont valu dix amendes de mille dollars chacune, pour violation des ordre de bâillon. Le juge Juan Merchan l’a même menacé de prison pour outrage s’il continuait à défier sa décision.

4 Les Républicains se sont relayés devant les tribunaux pour soutenir leur candidat

Faire campagne pour l’élection présidentielle alors qu’il faut chaque jour s’adresser au tribunal est une tâche complexe. Mais Donald Trump, assuré d’obtenir l’investiture du Parti républicain pour l’élection, a tout de même tenté de consolider son image de champion des conservateurs lors de son procès. Chaque matin, le milliardaire arrivait accompagné de responsables et élus venus lui témoigner leur soutien, rapporte la BBC.

Les médias britanniques notent notamment la présence de plusieurs personnalités susceptibles de devenir colistière de Donald Trump, et d’occuper le poste de vice-président s’il remporte l’élection du 5 novembre. Parmi eux, l’ancien adversaire du milliardaire aux primaires du Parti républicain, Vivek Ramaswamy, qui a déclaré à la presse que le procès « sorti tout droit d’un roman de Kafka »lui dit Washington Post. Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s’est également rendu à New York pour dénoncer un « chasse aux sorcières partisane ».

« Je suis dégoûté par ce qui se passe ici, par ce qui est fait à notre système judiciaire. »

Mike Johnson, président de la Chambre des représentants

dans un communiqué de presse

Mi-mai, une dizaine d’autres élus du Congrès se sont rassemblés devant le tribunal pour prêter main forte à leur champion, note le New York Times. « Nous sommes ici parce que nous pouvons dire des choses que le président Trump ne peut injustement dire. »a justifié le représentant de Floride Matt Gaetz, en faisant référence au « ordre de bâillon » imposée à l’accusé.

5 La défense et l’accusation ont fait une dernière tentative pour convaincre les jurés

Après un long week-end, les jurés ont écouté mardi les plaidoiries finales des avocats et procureurs de Donald Trump. C’était la dernière occasion de convaincre les douze New-Yorkais avant d’entamer leurs délibérations. L’enjeu est de taille : l’ex-président ne peut être déclaré coupable qu’à l’unanimité du jury. Il suffit donc aux avocats de Donald Trump de persuader un seul d’entre eux d’empêcher la condamnation de leur client.

La défense a été la première à parler. Au cours de sa plaidoirie de plus de trois heures, l’avocat Todd Blanche a concentré ses attaques sur Michael Cohen, décrit tour à tour comme « le plus grand menteur de tous les temps », « champion du mensonge » et D’« incarnation vivante du doute raisonnable »rapporte le New York Times. Pour discréditer les propos du témoin clé de l’accusation, il a également rappelé au jury que l’ex-conseiller du milliardaire avait a été reconnu coupable de parjure devant le Congrès des États-Unis. « Ce que savait Donald Trump (de ces transactions) en 2016, vous n’en êtes au courant que d’une seule source, et c’est Michael Cohen »a insisté Todd Blanche.

« Vous ne pouvez pas condamner le président Trump (…) sur la seule base des paroles de Michael Cohen. »

Todd Blanche, avocat de Donald Trump

aux jurés

Le procureur Joshua Steinglass a mis encore plus de temps – six heures – à présenter son acte d’accusation. « Trois hommes riches et puissants ont tenté de devenir encore plus puissants en contrôlant l’information qui parvenait aux électeurs »il a résumé selon le Gardien, faisant référence à une rencontre en 2015 entre Michael Cohen, Donald Trump et David Pecker, un ancien patron de presse ami du milliardaire. Durant le procès, cet ancien PDG du tabloïd L’enquêteur national a raconté comment, après cet échange, il a acheté les droits exclusifs sur deux autres témoignages susceptibles d’embarrasser le milliardaire pendant la campagne.

Pour le procureur, Donald Trump a tenté, en 2016, de « museler une star du porno » ce qui aurait pu nuire à sa campagne. « Stormy Daniels, c’est le motif » de prétendues falsifications comptables, a-t-il insisté. Michael Cohen serait un « initié » avec « des informations utiles et fiables »Et « une connaissance du fonctionnement interne du phénomène Trump », a soutenu Joshua Steinglass.

« Cette affaire ne concerne pas Michael Cohen. Cette affaire concerne Donald Trump, (pour déterminer) s’il doit être tenu responsable de la falsification de ses comptes. »

Joshua Steinglass, procureur

aux jurés

Mercredi matin, le juge Juan Merchan doit donner aux jurés les dernières instructions sur le déroulement des délibérations, détaille le New York Times. Ils s’enfermeront ensuite pour débattre du verdict. Une décision qui pourrait prendre quelques heures, voire plusieurs jours.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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