La clinique du Château de Vernhes, à Bondigoux, fête cette année ses 60 ans. Spécialisée dans le traitement de l’obésité, elle accueille notamment les patients les plus sévères. Comme Thibault, 30 ans, qui nous raconte son parcours et son corps.
Thibault a posé les pieds pour la première fois à Bondigoux en mars 2021. Il avait 27 ans, pesait 254 kg et n’avait jamais entendu parler de la clinique du Château de Vernhes située à deux heures de chez lui. Le Gersois s’y est rendu à la demande de son chirurgien. Pour pouvoir bénéficier d’une ablation partielle de l’estomac (« sleeve gastrectomie »), il devait perdre 30 kg avant l’opération. Il y est parvenu en un mois.
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Le jeune homme raconte rapidement la période difficile qu’il a traversée à 22 ans, la mort brutale de son patron, les périodes de chômage et ses « mauvais gènes » qui l’ont toujours maintenu obèse. « J’ai pris 100 kg en cinq ans. Personne n’osait m’en parler. Un soir, un ami de la famille m’a interpellé en me demandant ce que je faisais de mon corps, si je voulais mourir. Ça a été le déclic. »
« Je ne savais pas que j’étais mentalement brisé »
De retour à la clinique après l’opération, au printemps 2021, Thibault entame alors un long séjour de réapprentissage. Neuf mois pour repenser son assiette, son alimentation, bouger à nouveau et comprendre qui il était. « 60 % du travail est psychologique et je ne me rendais pas compte que j’étais brisé mentalement. La première chose que j’ai faite en arrivant ici ? J’ai pleuré, je me suis ouvert au médecin », raconte le jeune homme qui aura perdu 128 kg en 18 mois. Désormais, il mange de plus petites quantités, sait s’arrêter quand il n’a plus faim, a ajouté des fruits et légumes dans son assiette, et évite le sel et le gras.
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Son troisième séjour à Bondigoux vient de débuter, il doit préparer Thibault à une nouvelle opération, reconstructrice cette fois, pour corriger les effets de la perte de poids sur sa peau et ses tissus. Cette étape vers son nouveau corps n’est pas si simple. Le jour de son retour, Thibault s’est demandé ce qu’il faisait là. « Je suis devenu un cure-dent, je me sens trop maigre, maintenant j’ai froid alors qu’avant je me promenais toujours en short et en t-shirt. J’aimais mon corps, c’était moi, ma carapace, ma puissance aussi », témoigne-t-il.
Chasse avec son frère, balades et bientôt rugby
Thibault n’a pas seulement changé physiquement. Il dit aussi se sentir plus calme, plus serein. « Avant, je partais au combat comme un coq, maintenant je vois la vie différemment, j’assume tout, sans tabou. » Il parle aussi aux jeunes des dangers de la malbouffe, comme dans la vidéo réalisée avec le YouTubeur Tibo Inshape, vue plus d’un million de fois.
Il a surtout retrouvé « la pleine forme », trop heureux de « pouvoir aller à la chasse avec mon frère et marcher 10 km sans être essoufflé, d’aller faire les courses, de marcher sans avoir mal partout et de ne pas penser au regard des gens ». Salarié agricole à Eauze, dans le Gers, il compte prendre une licence au club de rugby la saison prochaine.
