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Nouvelles

En Allemagne, les Mémoires sans concession de Wolfgang Schäuble

LETTRE DE BERLIN

Wolfgang Schäuble, alors ministre fédéral allemand des Finances, lors d'une conférence du G20 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), le 16 mars 2017.

Pour les fans de la politique allemande, 2024 restera une année éditoriale fructueuse avec la publication des mémoires de deux personnalités majeures des dernières décennies : Angela Merkel et Wolfgang Schäuble. Pour lire le premier, il faudra attendre l’automne. Quant au second, son livre vient de paraître sous le titre Erinnerungen. Mein Leben in der Politik (« Souvenirs, ma vie en politique », Klett-Cotta, 656 pages, 38 euros, non traduit).

La carrière de Schäuble, décédé le 26 décembre 2023 à l’âge de 81 ans, a été exceptionnelle à trois égards. Par sa durée d’abord : élu pour la première fois député en 1972, il siège au Bundestag pendant cinquante et un ans, battant tous les records de longévité. Ensuite en raison des portefeuilles ministériels qu’il a occupés à des moments clés, de l’intérieur lors de la réunification allemande et des finances lors de la crise de la zone euro.

Enfin, parce que le destin de Schäuble a aussi été une occasion manquée : au cœur du pouvoir pendant un demi-siècle, cet homme qui a servi deux chanceliers, Helmut Kohl (1982-1998) et Angela Merkel (2005-2021), n’a jamais été lui-même, écrasé par l’héritage encombrant du premier, auquel il avait rêvé de succéder, et supplanté par l’habileté du second, qui contrariait à jamais son ambition.

Lire aussi l’interview (2019) : Article réservé à nos abonnés Wolfgang Schäuble : « Ensemble, nous devons avancer plus vite »

Avant même la sortie du livre, lundi 8 avril, un passage, révélé trois jours plus tôt par l’hebdomadaire Arrière, a fait la Une de plusieurs médias. Nous sommes à l’automne 2015. Alors que des centaines de migrants fuyant un Moyen-Orient déchiré par la guerre affluent vers l’Europe, Angela Merkel décide de ne pas leur fermer les frontières de l’Allemagne. Dans la majorité, la décision suscite une forte opposition, notamment au sein de la très conservatrice Union chrétienne-sociale bavaroise (CSU). Schäuble raconte qu’il a été approché à l’époque par Edmund Stoiber, ancien président de la CSU, dans un but précis : «Il voulait m’encourager à renverser Merkel pour que je devienne moi-même chancelier.». (…) J’ai refusé catégoriquement. »

Dans l’une de ses dernières interviews télévisées, en 2022, Schäuble avait déjà avoué que «Certains voulaient que Merkel parte» en 2015. Mais il n’en a pas dit plus. Qu’il révèle le nom de Stoiber ne manque pas de piquant. En janvier 2002, Angela Merkel, à la tête de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) depuis moins de deux ans, est venue prendre un petit-déjeuner au Bavarois pour lui annoncer qu’elle le laissait se porter candidat à la chancelière au nom de leurs deux partis. Sept mois plus tard, Stoiber perd face au social-démocrate Gerhard Schröder, réélu pour un second mandat. La puissante leader de la CSU vaincue, sa jeune homologue de la CDU avait désormais les mains libres pour se présenter la prochaine fois, ce qui lui fut un succès puisqu’en 2005 elle remporta le poste qu’elle avait renoncé à briguer trois ans auparavant. . Que Stoiber, plus d’une décennie plus tard, ait fomenté un putsch pour détrôner Merkel en dit long sur la place du ressentiment en politique…

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Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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