Vers une sortie de Telegram du marché français ? Pavel Durov, patron de la messagerie cryptée, a prévenu ce lundi que son entreprise « préfère quitter un marché plutôt que saper le chiffrement avec des portes dérobées et violer des droits humains de base ». « Le chiffrage n’est pas conçu pour protéger les criminels », assure-t-il encore dans une suite de messages sur X.
Last month, France nearly banned encryption. A law requiring messaging apps to implement a backdoor for police access to private messages was passed by the Senate. Luckily, it was shot down by the National Assembly. Yet 3 days ago the Paris Police Prefect advocated for it again.
— Pavel Durov (@durov) April 21, 2025
Une réaction à la demande de Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, qui a plaidé vendredi dernier pour un accès des autorités aux messageries chiffrées, dans le cadre des récentes attaques contre des centres pénitentiaires coordonnées depuis un groupe nommé DDPF ( « Défense des droits des prisonniers français ») via Telegram. Actuellement, la messagerie accepte de fournir aux autorités les adresses IP et numéros de téléphone de ses utilisateurs, mais pas le contenu des messages.
Pour les autorités, l’accès aux messages privés échangés entre utilisateurs permettrait de s’infiltrer dans les réseaux criminels, d’y recueillir des preuves… Mais pour Pavel Durov, une porte dérobée fragiliserait l’ensemble de l’application puisqu’elle pourrait également être exploitée par des « agents étrangers » ou des « hackers ». « Il est techniquement impossible de garantir un accès via une porte dérobée uniquement à la police », estime-t-il. Par conséquent, il estime que les messages privés de tous les citoyens lambda pourraient être compromis.
Amendement rejeté
Les messageries chiffrées sont dans le viseur du gouvernement. Un amendement de la loi Narcotrafic, examinée en mars 2025, prévoyait l’introduction de portes dérobées dans les messageries de WhatsApp, Signal ou encore Telegram. Un amendement auquel s’opposaient les experts en cybersécurité. Adoptée au Sénat, la mesure a été massivement rejetée à l’Assemblée. « Les députés ont eu raison de rejeter une loi qui aurait fait de la France le premier pays au monde à priver ses citoyens de leur droit à la vie privée », souffle Pavel Durov.
Pour le patron de Telegram, cette mesure destinée à lutter contre le trafic de drogue et la criminalité n’aurait pas été efficace. « Même si les applications chiffrées grand public avaient été affaiblies par une porte dérobée, les criminels auraient pu communiquer en toute sécurité via des dizaines d’applications plus petites, et devenir encore plus difficiles à localiser grâce aux VPN », estime-t-il.
En août dernier, Pavel Durov avait été arrêté en France, faisant l’objet d’une enquête concernant les activités illicites qui pouvaient être menées sur sa plate-forme. Il a finalement été autorisé à quitter le territoire fin mars suite à la suspension de son contrôle judiciaire.