A quoi ressemble ce collectif Kouign ?
Un groupe finistérien d’amoureux et de fréquentateurs de free parties, créé dans le mouvement teknival de Pluguffan. Notre collectif n’est pas l’organisateur. Mais Kouign à sound est un espace de médiation entre les différents organisateurs du monde techno et interlocuteurs institutionnels. Le collectif souhaite faire entendre les raisons pour lesquelles ces soirées existent. Nous voulons dénoncer la répression abusive et l’absence totale de dialogue sur les potentiels partis légaux que nous pourrions organiser.
Êtes-vous en train de dire qu’une approche concertée est possible?
Il y a la possibilité de construire un dialogue, tout simplement. Il y a eu des démarches, des discussions ouvertes avec le précédent préfet du Finistère, Philippe Mahé. Depuis l’arrivée de M. Espinasse, c’est très compliqué. Plus de dialogue.
Le Tek’West de ce week-end de Pâques s’est déroulé dans un climat de tensions croissantes entre les sound system et la préfecture. Les revendications n’ont pas été entendues par le préfet.
Pourquoi avoir investi dans les pistes de l’aérodrome, un espace privé ?
Entre le choix d’un emplacement gratuit mais forcément plus risqué et un site sécurisé comme celui-ci, les organisateurs ont préféré le risque de se faire saisir leur matériel comme on le fait dans la répression. Et ils ont choisi de pénétrer dans un site interdit mais qui ne fonctionne quasiment plus. Accès facile aux urgences et accès sécurisé pour les participants. C’est le choix qui a été fait. Tout le monde était garé ! Cela a commencé à se compliquer en périphérie, sur le réseau routier, lorsque les gendarmes bloquaient ou filtraient les accès. Les organisateurs avaient prévu un espace sur place pour déposer les véhicules. L’objectif n’était pas de mettre les participants en danger.
C’était quand même un très grand rassemblement, donc porteur de risques ?
Oui, c’était un grand teknival comme il n’y en avait pas eu depuis longtemps dans le Finistère. Des sound-systems ont convergé de toute la France pour soutenir le mouvement. Mais 10 000 à 12 000 personnes chaque soir, c’est l’ampleur d’un petit festival classique. Elle s’est déroulée sans encombre, avec une évaluation sanitaire minime compte tenu de la durée et du nombre de participants. Il n’y a eu aucun débordement lors de l’évacuation à la fin du teknival. Et la quinzaine de sonorisations présentes ont nettoyé le site à l’aide des bennes qu’elles ont sollicitées, mettant en avant l’autogestion, valeur phare du mouvement free party. La terre fut donc rendue propre.
Propre… mais avec des dégâts estimés à 130 000 €, non ?
Il y avait des trous dans la clôture de l’aérodrome et quelques portes déformées ou démontées, c’est vrai. Les lampes d’éclairage de piste étaient sans aucun doute cassées. Mais les organisateurs ont du mal à croire que tout cela corresponde au montant annoncé. Ils déplorent les dégâts causés à la station météo. Ils sont quand même surpris car les gendarmes ont rapidement protégé tous les bâtiments.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Au sein du collectif Kouign à sound, nous pensons que les free parties ne s’arrêteront pas malgré la répression. Ce sont des lieux ouverts, d’expression culturelle comme d’autres. Mieux que d’autres, à certains égards : nous pensons que les participants sont plutôt bienveillants les uns envers les autres et considérons que ces soirées ne sont pas des machines à sous comme le sont devenues les soirées festives classiques, en club ou ailleurs. Chacun y a sa place. Nous devons trouver la voie du dialogue avec les autorités. Un appel national à manifester contre la répression du mouvement techno a été lancé le 13 avril.