A plus de 15 000 km de Paris, le village de Teahupo’o à Tahiti incarne la destination rêvée du surfeur : une végétation luxuriante, deux ou trois restaurants tenus par des locaux et, au loin, les tubes translucides de la plus belle vague du monde, qui accueille les Jeux olympiques cet été.
C’est à quelques centaines de mètres de la pointe du village, juste en face d’une poignée de pensions, que les meilleurs surfeurs de la planète s’affronteront du 27 juillet au 5 août, pour la deuxième participation olympique de ce sport. .
Au large, le « mâchoire de Hava’e » rugit avant d’écraser ses rouleaux sur un corail coloré et élancé. Mais sur la côte, entre cocotiers et fleurs exotiques, les habitants n’entendent qu’un bourdonnement, seulement lorsque la houle est là.
« On a hâte d’accueillir les JO, j’ai l’impression que ça a amené plus de touristes cette année »explique Hina Parker, une quinquagénaire qui a loué ses deux bungalows pendant toute la compétition cet été.
« Mais en même temps, c’est un peu inquiétant. Il y aura un gros système de sécurité, on ne pourra plus se déplacer comme on veut ni aller à la plage »elle tempère : « C’est généralement plutôt cool ici ».
Les Jeux olympiques et le travail
Depuis qu’il a été choisi pour accueillir les épreuves de surf en 2021, ce petit village situé tout au bout de l’unique route du sud-ouest de la presqu’île de Tahiti, a entrepris d’importants travaux pour s’adapter aux nombreuses demandes des organisateurs.
Une toute nouvelle passerelle, accessible aux personnes à mobilité réduite, remplace désormais un ancien pont, jusqu’ici seul accès à la commune de quelques centaines d’habitants.
Un terrain agricole en retrait de la plage a été rasé et transformé temporairement en un grand site d’accueil des futurs accrédités, avec de nombreuses tentes, un grand parking et un espace de restauration réservé.
« On est assez contents, mais on se demande comment ça va se passer pendant la compétition »demande Julia, serveuse au snack Bleu, l’un des deux restaurants à l’entrée du village, qui compte une quinzaine de couverts.
À l’exception des athlètes, des résidents et des officiels accrédités, personne ne pourra entrer à Teahupo’o pendant les Jeux olympiques. Le gouvernement polynésien prévoit d’installer plusieurs fan zones sur l’île pour suivre la compétition sur écrans.
« Coin de paradis »
Juste en face du snack Julia, au milieu du lagon, une tour des juges en aluminium a été érigée en avril à la place d’un bâtiment en bois, après des mois de polémiques liées à de potentiels dégâts sur les coraux.
« Nous avons bien fait les choses : la tour a été baptisée selon la tradition, en présence d’un sage tahitien et d’un prêtre. La situation est désormais calme ici »assure à l’AFP Max Wasna, président de la fédération tahitienne de surf et né à Teahupo’o.
« La polémique est complètement enterrée »» reconnaît la présidente de l’association de défense Fenua’aihere Annick Paofai, habitante du village. « Il faut être honnête, il n’y a pas eu trop de dégâts »Elle ajoute.
Les autorités locales n’ont pas encore communiqué sur les retombées économiques attendues pour le territoire, mais espèrent bénéficier d’un effet carte postale sur le tourisme grâce à la beauté des lieux et de sa vague.
Deux marinas à proximité du village, rénovées pour les JO et utilisées pour projeter les bateaux qui transporteront athlètes et invités vers la vague, devraient permettre aux pêcheurs et organisateurs d’excursions d’intensifier leur activité à l’avenir.
« Tout est en place pour faire de beaux JO », dit Max Wasna. Et quoi qu’il arrive ensuite selon lui : « C’est un petit coin de paradis ici et Teahupo’o sera toujours Teahupo’o ».