Taylor Swift au cœur de l’élection présidentielle américaine

Taylor Swift poussée à bout par des images façonnées par l’IA

C’est pourtant lui qui a poussé la pop star à s’exprimer. Sur Instagram, Taylor Swift avait précisé que la diffusion de fausses images d’elle, générées par l’intelligence artificielle, l’avait incitée à s’exprimer. La photo trafiquée montrait la chanteuse de « Karma » habillée en Oncle Sam et appelant à voter pour Donald Trump.

Une image que ce dernier s’est amusé à republier sur son site officiel, non sans provoquer la colère de l’artiste. « Cela a réveillé mes craintes sur les dangers de la désinformation. Cela m’a convaincue que je devais être très transparente sur mes choix en tant qu’électrice », a-t-elle écrit, avant d’ajouter : « Le moyen le plus simple de lutter contre la désinformation est de dire la vérité. »

La chanteuse, souvent critiquée pour sa neutralité en temps de crise, a conclu son message par une signature visant Donald Trump : « Childless Cat Lady ». Une référence directe à un discours de JD Vance, le colistier de Donald Trump, qui déplorait d’imaginer le pays dirigé par de « vieilles bonnes à chats ».

Le clan Harris trouve sa nouvelle mascotte en Taylor Swift

Cette prise de position intervient alors que des centaines de « Swifties » – comme s’appellent ses fans – demandent à leur idole de s’exprimer et de mettre un terme aux rumeurs sur son éventuel rapprochement avec les républicains (il faut dire qu’elle a été vue à plusieurs reprises en compagnie de son amie Brittany Mahomes, partisane de Donald Trump).

11 millions de likes plus tard, les médias américains parlent d’un « déluge de connexions » sur les plateformes d’inscription électorale. Environ 400 000 personnes auraient visité le site officiel du gouvernement (vote.gov) après l’appel à voter de Taylor Swift, selon les données du site rapportées par « Variety » (qui pourraient être calculées car le lien partagé par la chanteuse était personnalisé).

Et surtout, le clan Harris a réussi à trouver sa nouvelle mascotte, la plus célèbre de toutes. Tim Walz, candidat démocrate à la vice-présidence, a salué le discours « courageux » de l’artiste : « L’Amérique en a besoin. Quand quelqu’un comme Taylor Swift parle aussi clairement, c’est une opportunité. » De son côté, le bureau de campagne de Kamala Harris se permet également d’utiliser des références aux chansons de l’Américaine de 34 ans dans ses communiqués de presse officiels.

Elon Musk s’implique

De plus, le 11 septembre, Kamala Harris a quitté la scène d’un réunion Après le débat, au rythme de la chanson antisexiste et féministe de Taylor Swift, « The Man ». À Las Vegas et à New York, les panneaux d’affichage du Comité national démocrate utilisent des chansons de l’artiste comme slogans : « … Ready for It ? » et « We’re in our Kamala era » (une référence à la tournée « Eras Tour » de la chanteuse).

Dans un post soutenant le parti démocrate, la pop star milliardaire s’est retrouvée au centre d’une guerre froide entre les deux candidats à la Maison Blanche, avec dans l’ombre un acteur inattendu : Elon Musk. Soutien inconditionnel de Donald Trump, le milliardaire propriétaire de Tesla et X (nouveau Twitter) s’est ouvertement moqué du discours de Taylor Swift : « Très bien, Taylor, tu as gagné. Je peux te faire un bébé et surveiller tes chats pour toi. »

Une déclaration qui n’a pas provoqué de réaction de la principale concernée, mais plutôt d’une certaine Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’Etat des Etats-Unis : « C’est pourri, c’est effrayant. Et je trouve que c’est juste une autre façon de dire ‘viol' », a-t-elle déclaré sur le podcast de la journaliste Kara Swisher.

Ce n’est pas la première fois qu’une guerre éclate entre Taylor Swift et Donald Trump. En 2020, son soutien à Joe Biden l’avait également placée dans le viseur des républicains. À travers ses chansons, elle défend la communauté LGBT+, critique le patriarcat et repeint les propos sexistes tenus à son encontre depuis le début de sa carrière. En juin 2022, elle s’était exprimée contre la décision de la Cour suprême américaine, à majorité conservatrice, d’annuler la garantie du droit à l’avortement au niveau fédéral : « Je suis absolument terrifiée que nous en soyons là, après tant de décennies de lutte pour le droit des femmes à disposer de leur propre corps. »

Mais la chanteuse est souvent pointée du doigt pour son silence sur les crises non américaines. L’attentat du 7 octobre en Israël, les 42 000 morts en Palestine, la guerre en Ukraine… Taylor Swift a toujours choisi de rester silencieuse, malgré le coup de pouce que sa plateforme aux 284 millions d’abonnés pouvait apporter à une cause. Avec ce nouveau chapitre de la présidentielle américaine, il est clair que chacune de ses déclarations peut tout changer. Et elle en a bien conscience.