Divertissement

Taylor Swift a gagné le game de la rupture et en plus elle nous nargue

En anglais, « toucher le sol » signifie à la fois « effondrement » et « entrer en scène ». Pas étonnant de retrouver l’expression à double tranchant dans les paroles du faussement joyeux « I Can Do It With a Broken Heart », l’un des trente et un (!) titres présents sur le nouvel album de Taylor Swift, Le département des poètes torturés.

Ce tube pop vante la capacité de la chanteuse à travailler comme si de rien n’était alors qu’elle a le cœur brisé, un exploit dont peu de mortels peuvent se vanter. Mieux encore : ce nouvel opus, plein de pépites mélodiques et de découvertes stylistiques, rappelle que le naufrage amoureux reste sa plus grande source d’inspiration. Ils sont douloureux, ces artistes. Ils fabriquent de l’or avec de la merde, puis ils donnent du fil à retordre au reste de la population.

Certes, le chagrin a toujours été à l’origine de certaines des plus belles œuvres d’art. Mais lorsqu’il s’agit de transformer ses moments les plus pathétiques en trésors créatifs, rares sont ceux qui ont véritablement égalé Taylor Swift, le mélange parfait entre Barbie, Henry Ford et Charles Baudelaire.

La domination du monde

Après une mauvaise rupture, nous rêvons tous de transformer notre vie pour reprendre le dessus. Taylor Swift l’a vraiment fait. Pour la plupart des gens, se venger d’un cœur brisé signifie se faire couper les cheveux et poster histoires faussement joyeux sur Instagram. Taylor Swift est devenue milliardaire. Pendant que vous pleuriez sous la douche en pensant à votre ex, le chanteur a choisi de dominer le monde.

Alors qu’elle pleurait une relation de sept ans avec l’acteur Joe Alwyn, l’artiste s’est lancée dans une tournée monumentale aux retombées économiques et culturelles vertigineuses. Elle devient la personnalité la plus influente et médiatisée de l’année, envahit le alimentation Instagram et Spotify de la population mondiale, a réenregistré et réédité deux de ses anciens albums, ainsi que d’excellents nouveaux morceaux. Elle a battu (deux fois dans l’année) le record historique des ventes de vinyles aux Etats-Unis, et celui du nombre de Grammys remportés par un même artiste.

Et, quelques semaines avant ses quatre dates parisiennes, elle sort un (excellent) album presque aussi long qu’un film de Christopher Nolan. Il ne lui restait clairement qu’un niveau à débloquer : une chanson entièrement dédiée à sa capacité à atteindre les sommets en pleine rupture. Et vous, bande d’idiots, qu’avez-vous fait quand votre ex vous a brisé le cœur ?

« Je pleure beaucoup mais je suis tellement productive, c’est un art. Tu sais que tu es vraiment bon quand tu peux encore travailler avec un cœur brisé. » Oui, c’est bien, inutile de nous narguer1 – Pour ceux qui aiment les lapsus dans l’assemblée, au départ j’ai écrit « trashing ». 1.* Moi, quand j’avais le cœur brisé, j’ai écrit un poème intitulé « Whatsapp ». Il contenait quatre versets. Et ça ne rimait même pas. Autant dire que je suis à la fois très agacé et très admiratif de la productivité dont cette femme est capable, dans des circonstances où la plupart d’entre nous doivent se réfugier dans les toilettes du bureau trois fois par jour pour pleurer discrètement.

Reine de la rupture

Pendant une grande partie de sa carrière, Taylor Swift a été réduite dans les médias à une histoire d’amour en série, s’appuyant sur ses innombrables ruptures très médiatisées pour créer ses chansons (comme si les hommes n’avaient pas fait cela depuis la nuit des temps). ). Dans son ex club, on retrouve Harry Styles, John Mayer, Jake Gyllenhaal, Taylor Lautner, Calvin Harris, Tom Hiddleston… Et le dernier en date, Joe Alwyn, avec qui elle a co-écrit certaines de ses chansons.

Si la rupture n’a jamais été évoquée par les principaux concernés, la relation « rebond » du chanteur avec Travis Kelce a fait l’objet de nombreuses discussions ces derniers mois. Le chanteur surmédiatisé a vécu sous les projecteurs ce que la plupart d’entre nous ont le confort de vivre en privé, en pyjama sur notre canapé. Lors de sa tournée, elle était régulièrement filmée en train de pleurer lors d’une représentation.

Et c’est ce qui la rend si puissante (ça et la beauté de son écriture bien sûr, mais c’est une autre histoire). En portant fièrement sa douleur et en l’élevant au rang d’art, Taylor Swift crée par la même occasion un puissant effet de catharsis auprès des fans, qui se reconnaissent dans chaque petite anecdote douloureuse, chaque larme à peine masquée, chaque insulte enfantine (« Va te faire foutre si je ne peux pas t’avoir »elle chante dans « Down Bad »), chaque lamentation pathétique (« Je ne veux pas d’argent, je veux juste quelqu’un qui veut ma compagnie », déplore-t-elle dans « La Prophétie »). Elle a traversé un enfer qui nous est tristement familier et en a fait l’une de ses œuvres les plus abouties. On aurait presque envie de se faire larguer pour pouvoir apprécier pleinement l’amertume de sa plume. Presque.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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