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Taxis robots en Chine : les voitures autonomes trop prudentes face au chaos urbain

Wuhan avait déjà une excellente réputation, on apprend aujourd’hui dans un article de Fortune qu’il est difficile de s’y déplacer. La cause : les taxis autonomes qui ont choisi cette ville comme terrain d’essai et peinent à trouver leur place dans la jungle urbaine chinoise.

L’introduction de quelques centaines de taxis autonomes dans les rues de Wuhan, en Chine, semble provoquer d’importants embouteillages dans la ville. Les robots-taxis lancés par l’entreprise Baidu seraient trop prudents dans leurs choix et perturberaient la fluidité du trafic dans la métropole chinoise, où savoir prendre des risques est un atout.

Après avoir obtenu les autorisations nécessaires en 2022, l’entreprise connue pour son moteur de recherche a déployé progressivement sa flotte sous la marque Apollo Go : une centaine de véhicules en 2023, 500 véhicules en 2024, toujours à titre expérimental. Difficile d’imaginer que ce modeste contingent puisse causer des problèmes de circulation dans une agglomération de près de 14 millions d’habitants.

Mais ces voitures autonomes ne fonctionnent que dans une zone restreinte de Wuhan et, surtout, selon les détracteurs de cette technologie, sont bien trop respectueuses des règles de prudence dans un contexte où de nombreux conducteurs humains les ignorent allègrement. L’homme n’est pas équipé de douze caméras et de nombreux capteurs, mais quand « il sent que ça passe », ça passe.

Prudence et chômage

Le problème de l’intégration de ces véhicules autonomes dans la circulation n’est pas propre à Wuhan. Cruise, l’opérateur de taxis sans chauffeur de General Motors, a rencontré quelques difficultés en Californie. Les véhicules peuvent se comporter d’une manière qu’un humain considérerait comme irrationnelle ou inappropriée dans la situation, par exemple en bloquant involontairement la route des véhicules d’urgence.

Faire cohabiter des véhicules intégrant le code de la route dans des algorithmes complexes et le « bon sens » humain, particulièrement aiguisé dans des villes gigantesques habituées à un trafic très dense, s’avère difficile. Avec 30,26 millions de véhicules produits et 30,09 millions de véhicules vendus en 2023, soit une croissance de près de 12 % par rapport à 2022, la Chine s’apprête à affronter des difficultés décuplées pour concilier ces différents comportements.

Cette épreuve de prudence n’est qu’un aspect modeste de l’inquiétude suscitée par l’avènement des voitures autonomes. Les chauffeurs craignent davantage de perdre leur emploi que l’extrême prudence des robots-taxis de Baidu, qui pourraient rapidement être rejoints par ses concurrents Waymo, la branche automobile de Google, et Tesla, qui a pris un peu de retard dans sa conquête du marché chinois. La politique tarifaire agressive adoptée par Baidu, 26 yuans (moins de 2 euros) pour 10 kilomètres, peut justifier les inquiétudes des quelque 24 000 chauffeurs de taxi qui exercent à Wuhan.

Pour donner un peu de répit à ces travailleurs de la route, il faudra attendre que l’algorithme qui gouverne ces taxis autonomes soit plus proche de la subtilité et de la finesse de l’esprit humain. Quand un taxi robot nous explique que « le compteur est cassé » ou qu’il n’a aucune monnaie, nous serons pleinement rassurés.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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