Taxe foncière : jusqu’à 19% de hausse, pourquoi cette taxe va-t-elle encore exploser en 2024 ?
Par
Alexandra Segond
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L’année 2023 a été un coup dur pour beaucoup propriétaires. Après une hausse de 3,4% en 2022, la taxe foncière avait explosé, à hauteur de +7,1%. Et en 2024 ? Mauvaise nouvelle pour les contribuables concernés : la tendance à la hausse se poursuit.
Comme annoncé en décembre dernier, la taxe foncière prend +3,9% cette année encore, confirmez actu.fr l’Association des Maires de France (AMF) et l’Union Nationale de l’Immobilier (UNPI). Près de 4% de plus donc, au minimumpuisque les communes peuvent moduler le montant de cette taxe obligatoire si elles le souhaitent.
Tout d’abord, qu’est-ce que la taxe foncière ?
Presque tous les propriétaires fonciers sont confrontés à des impôts fonciers. C’est un taxe locale, payée pour l’année dans la commune où est situé le bien imposable (appartement, maison, immeuble, place de parking, etc.), selon la situation du contribuable au 1euh Janvier de l’année fiscale.
Son calcul reste assez complexe. Du moins, depuis 2018. Avant cette date, c’était le Parlement qui fixait, chaque année, le coefficient de revalorisation de la taxe foncière.
Depuis 2018, cette charge incombe à l’État, qui s’appuie sur des valeurs locatives actualisées chaque année pour prendre en compte l’indice des prix à la consommation (IPCH), résume à actu.fr Sylvain Grataloup, président de l’UNPI. En d’autres termes, l’inflation.
C’est pourquoi, face à un IPCH de 7,1 % en novembre puis de 6,7 % en décembre 2022 selon les chiffres de l’Insee, la hausse de la taxe foncière attendue pour 2023 a été proche de 7 %. L’année dernière, l’Insee indiquait que l’IPCH avait atteint 3,9% en novembre et 4,1% en décembre ; on tablait sur une hausse de près de 4% en 2024.
Jusqu’à +19,2%…et plus
Mais +3,9%, c’est au minimum C’est la hausse à laquelle devront faire face les propriétaires fonciers en 2024. Certains, en effet, doivent payer beaucoup plus, constate Sylvain Grataloup.
+3,9% correspond à une assiette fiscale qui concerne tous les contribuables imposables quelle que soit la commune, la région, le niveau de revenus… Mais sur cette base, les communes peuvent en moduler le montant.
En 2024, c’est par exemple le cas de cinq grandes villes, comme le constate une étude du cabinet FSL : Bon (où la taxe foncière a bondi de +19,2%), Saint Etienne (+15%), Nancy (+14,5%), Annecy (+14,1%), Villeurbanne (+10%) et Montreuil (+5%). A l’inverse, Brest (Finistère) est la seule grande ville à baisser son taux de taxe foncière (-1%).
Mais ces augmentations et cette diminution doivent être nuancées. « Prenons l’exemple de Villeurbanne, qui va augmenter sa taxe de 10 %. En réalité, la hausse est de +10 % sur les +3,9 % déjà fixés par l’État », illustre Sylvain Grataloup. Pour Brest, c’est donc une baisse mitigée…
« Le dernier impôt direct qui lie le maire à son contribuable »
Voilà pour la théorie. Et concrètement, comment justifier cette (nouvelle) hausse de la taxe foncière en 2024 ? La nécessité de remplir les caisses municipales et de laisser une belle marge ?
« Brut modetrois municipalités sur quatre n’augmentent pas leurs impôts fonciers même si leurs dépenses augmentent. Dire que les maires l’augmentent plus que ce qui est raisonnablec’est faux », affirme Emmanuel Sallaberry, maire de Talence (Gironde) et coprésident de la commission des finances de l’AMF, interrogé par actu.fr.
La difficulté aujourd’hui, en tant que maire, c’est que la taxe d’habitation a été supprimée il y a quelques années (et n’a jamais été compensée) et que la taxe foncière est le dernier impôt direct qui lie le maire à son contribuable.
Une envolée de 30% en 10 ans
Flambée des prix de l’énergie, coût des services publics, équipements collectifs à construire (et entretenir), rénovation des routes, croissance du nombre d’habitants et donc besoin croissant de davantage d’écoles et de crèches… « Et l’État n’a jamais autant demandé nous », explique Emmanuel Sallaberry.
Le coprésident de la commission Finances de l’AMF cite l’exemple des travaux de rénovation écologique ou des nouvelles missions imposées aux mairies. « Avant, les préfectures s’occupaient de refaire les passeports. Désormais, il faut prendre rendez-vous en mairie», ajoute-t-il.
Les dépenses communautaires restent nombreuses. Et, logiquement, la taxe foncière augmente d’année en année. « En 10 ans, il a augmenté de 26,3 %, presque 30 % ! »figurine Sylvain Grataloup.
Les mairies tirent la langue, les propriétaires trinquent
Les collectivités sont d’autant plus attachées à la taxe foncière qu’elles doivent, chaque année, présenter un surplus à réinvestir. C’est la loi qui les y oblige, à travers le Code général des collectivités territoriales.
C’est pourquoi nous dénonçons une situation critique. La taxe d’habitation nous a été d’une grande aide pour faire face à nos dépenses, même si ces dépenses continuent d’augmenter, l’Etat nous épuise toujours et nous avons l’obligation légale d’être en excédent pour réinvestir. C’est un système cassé !
Les maires tirent la langue, mais ceux qui portent un toast sont les propriétaires. Pour financer « les équipements collectifs et les services publics utilisés par l’ensemble des habitants », les mairies ont recours à la taxe foncière qui ne concerne pas finalement que les propriétaires, pas les locataires…», précise Sylvain Grataloup.
Et tant qu’il n’y aura pas de politique nationale du logement et que la taxe foncière restera le seul outil à la disposition des collectivités… Il faut arrêter les pansements sur ce problème majeur qu’est le logement.
« Les finances des communes sont en train de se dégrader. devenir rouge écarlate. L’heure n’est plus aux demi-mesures ni aux pansements, il faut un big bang en matière de fiscalité mondiale », conclut Emmanuel Sallaberry. Une sonnette d’alarme qui retentit depuis des années et dont le maire de Talence espère qu’elle aura une résonance particulière à l’approche des élections européennes.
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